Publié par Hélios d'Alexandrie le 10 novembre 2019

Jean Patrick Grumberg, lors de son intervention récente sur Goldnadel.tv, a jeté un pavé dans la mare.

Le voile islamique, “vu de l’Amérique”, ne devrait pas poser de problèmes. Le rejet du voile par les Français est incompréhensible et injustifié, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans leur esprit et c’est bien cela qui pose problème et non le voile.

En tant qu’observateur du phénomène islamique, j’estime que les choses ne sont pas aussi simples. Chaque pays a sa façon de réagir à l’exhibitionnisme religieux, surtout quand celui-ci a pour fonction de transformer la vie de tous les jours. L’expérience américaine vaut pour l’Amérique, l’expérience française vaut pour la France et chacune doit être analysée dans son contexte.

Mais avant de procéder à l’analyse et pour dissiper toute ambiguïté, il importe de clarifier les choses.

Le voile comme toutes les autres manifestations de l’islamisation est une attaque calculée à l’endroit de la culture occidentale où qu’elle se trouve, y compris et surtout dans les pays à majorité islamique, car avant son incursion en Occident, le voile s’est imposé non sans résistance en terre d’islam, autant comme signe d’appartenance religieuse qu’en opposition radicale à l’occidentalisation. Le voile est donc porteur d’un message non verbal, un message de rejet on ne peut plus clair.

Le regard que porte l’Amérique sur le voile ne tient pas compte de ses multiples messages, le message religieux est le seul qui a été capté, et c’est essentiellement celui que Jean Patrick Grumberg a entendu. Essayons à présent d’y voir plus clair, la constitution des États-Unis reconnaît que les droits et les libertés sont un don de Dieu, ils ne relèvent d’aucune autorité humaine, c’est pourquoi ils sont inaliénables. Dieu est donc à l’origine de la constitution américaine, mais Dieu est aussi au-dessus des religions qui elles, vu leur grand nombre, sont en bonne partie des constructions humaines. En tant que garant des droits et des libertés, Dieu ne peut être évacué sans compromettre la constitution et donc les fondements mêmes de l’État.

La laïcité aux États-Unis ne s’exprime pas par l’évacuation de Dieu dans l’espace public, mais par la neutralité de l’appareil gouvernemental sur le plan religieux. Il existe donc une sorte de coexistence (on pourrait l’appeler convivialité ou vivre-ensemble) entre ce dernier et les différentes religions. Aucune d’elle d’ailleurs n’a le droit de s’immiscer dans le jeu politique ou dans l’administration des affaires de l’État.

Ceci dit l’islam aux États-Unis ne s’est pas privé d’infiltrer les universités, les partis politiques, l’appareil gouvernemental, y compris le Pentagone, le FBI, la CIA et jusqu’à la Maison Blanche du temps d’Obama. Les musulmans ont beau être moins de 1% de la population des États-Unis, leur influence politique est presque aussi grande qu’en France.

La majorité des Américains croit en Dieu et pratique une religion. Le christianisme est majoritaire aux États-Unis. Les Américains sont par conséquent moins enclins à souffrir d’insécurité face à une religion agressive comme l’islam. Mais ceci est en train de changer, en fait ils se méfient de plus en plus de l’islam et des musulmans, particulièrement des islamistes et de leur agenda politico-religieux. La question du voile ne les interpelle pas encore parce qu’elle est perçue, non pour ce qu’elle est, mais simplement comme une forme parmi d’autres d’expression religieuse.

Tôt ou tard le message du voile islamique aux États-Unis apparaîtra pour ce qu’il est, il ne peut en être autrement. Sans monopoliser toute l’attention, il sera perçu comme une composante visible du suprématisme et du rejet islamique.

En France les choses sont différentes, les droits et les libertés inscrits dans la constitution sont un don de la raison, donc de l’homme ou plutôt de la société. Dieu non seulement n’y est pour rien, mais il ne doit pour aucune considération être mêlé à la question. La laïcité en France est donc absolue, si elle cessait de l’être, l’édifice constitutionnel risquerait de s’écrouler. Dieu n’a donc rien à voir avec l’État, il ne doit être ni son allié ni son ennemi, sa place est ailleurs et doit être aussi éloignée que possible. Le vivre-ensemble entre l’État et Dieu est impensable.

La laïcité en France impose donc une extrême réserve à l’expression religieuse dans l’espace public. Tous les croyants à l’exception des musulmans, se plient volontiers à cette contrainte, qui d’ailleurs ne brime pas leur liberté religieuse, celle-ci étant garantie par la constitution.

Cette laïcité à la française constitue donc le noyau dur que l’islam se promet de briser car elle se dresse comme un obstacle à sa volonté de domination. Ne pouvant l’attaquer de front sans risquer de se casser les dents, il choisit de la gruger méthodiquement par tous les moyens disponibles.

Les Français admettent que la laïcité est leur seul rempart face à l’islamisation. Ils s’étaient à ce point investis dans son édification, qu’ils en sont venus il y a cent ans à imposer une sorte de bâillon au christianisme; celui-ci a été graduellement dépouillé de ses dimensions culturelle et identitaire. Pour avoir délaissé la foi de leurs pères et embrassé la laïcité, ils se retrouvent spirituellement démunis; à présent ils se rendent compte que leur chère laïcité, qui fut assez puissante pour réduire le christianisme au silence, est mal outillée face à l’islam conquérant. Elle est d’autant mal outillée que ceux qui ont pour mandat de la défendre choisissent lâchement de céder du terrain.

Il n’est donc pas étonnant que les Français souffrent d’insécurité et qu’ils s’alarment à chaque fois que les musulmans s’attaquent à leur principale ligne de défense. Faute d’être spirituellement armés et prêts au combat, ils n’ont d’autre choix que se retrancher derrière le rempart de la laïcité. Leur attitude est purement défensive, parce que la laïcité, du fait qu’elle n’a pas de dimension affective ni spirituelle, est incapable de mener la charge contre l’ennemi. Concrètement elle n’a aucune consistance aux yeux de l’islam.

Les Français sont amplement justifiés d’interdire le voile, sur ce point ils sont bien en avance comparés aux Américains, mais contrairement à ces derniers, ils apparaissent plus vulnérables. Il est temps pour eux de reconnaître que le combat contre l’islam a une dimension spirituelle et que sur ce champ de bataille la laïcité est totalement impuissante.

Le réarmement moral dont j’ai déjà parlé comporte nécessairement un volet spirituel, ceux qui ont échangé leur droit d’aînesse, en tant que chrétiens, contre le plat de lentilles de la laïcité, doivent s’imposer un examen de conscience, car, à bien y penser, ils se sont volontairement désarmés face à l’ennemi.

Pour terminer sur une note d’espoir, j’invite les Français à redécouvrir les trésors spirituels qui dorment au profond d’eux-mêmes. C’est en prenant conscience de leurs propres forces qu’ils pourront les mobiliser dans la lutte existentielle qui les attend.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Hélios d’Alexandrie pour Dreuz.info.

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