Publié par Gaia - Dreuz le 11 novembre 2019

Des affichettes appelant à rejeter les lois humaines, tout particulièrement la démocratie, des femmes en burqa de plus en plus nombreuses dans les rues de Port-Louis, des islamistes radicaux obtenant l’annulation de la Gay Pride. Autant de signes d’une fragmentation de la société mauricienne.

L’ancien journaliste Nabil Moolna, aujourd’hui avocat, se présente pour la première fois aux élections sous l’étiquette du Mouvement militant mauricien (MMM). “C’est vrai qu’il existe des islamistes radicaux qui réclament l’instauration de la charia et d’un État islamique. Mais ils restent ultra-minoritaires. La grande majorité des musulmans votent pour les partis nationaux, pas pour un parti islamiste”, assure ce musulman modéré. Il a raison, le prédicateur Javeed Meetoo, à la barbe broussailleuse, formé dans une université pakistanaise, est loin de faire l’unanimité dans la communauté musulmane mauricienne (15 à 20 % de la population). Il n’empêche, en juin dernier, à la tête d’islamistes radicaux, criant “L’homosexualité, c’est la bestialité”, il a réussi à ce que la Marche des fiertés n’ait pas lieu en 2019. Et cette semaine des affiches s’en prennent au MMM : “Ene vote pour MMM, c’est ou pe dire OUI à LGBT (homme Marié ar Homme etc)”.  

Des musulmans n’épargnent pas davantage le Mouvement socialiste militant (MSM), actuellement au pouvoir. L’ancien ministre du Travail Shakeel Mohamed, ancien chef de file du Parti travailliste au Parlement, n’a pas cessé durant toute la campagne électorale de pilonner Pravind Jugnauth, l’actuel Premier ministre, accusé de travailler main dans la main avec Israël. Il a même évoqué une compagnie israélienne qui s’adonnerait à l’espionnage (sans doute faisait-il allusion au Mossad ?). Sans oublier “une compagnie basée à Maurice [qui] serait impliquée dans la vente d’armes et aurait le sang de chaque palestinien décédé sur les mains”, comme le relève Inside News dans un article intitulé “Le jeu dangereux de Shakeel Mohamed”.    

Plutôt que de mener campagne sur la crise du logement, le chômage des jeunes, le fléau de la drogue, le fils de Yousuf Mohamed et petit-fils de Sir Abdool Razack Mohamed, l’un des pères de l’État mauricien, s’est focalisé sur le conflit israélo-palestinien, le Cachemire et le génocide des Rohingyas. Les mêmes affiches, qui appellent à boycotter le MMM, demandent aux musulmans “MSM pli pa gagne droit voter. Labelle fine associé Burqah avec prostitution !”. Comme si tout à Maurice tournait autour de l’islam. Certes, il n’y a pas encore le feu au lagon, mais comme le souligne l’ancien ministre français Jean-Pierre Chevènement : “Les guerres civiles commencent toujours à bas bruit”.

Est-ce encore un bas bruit que de découvrir que certains musulmans mauriciens tiennent le même raisonnement que Daesh ? À savoir que la conduite de la politique humaine est illégitime, car c’est à Dieu que revient le droit de gouverner. Ce qui se traduit par le slogan suivant dans les rues de Plaine Verte à Port-Louis :  “Rejette la loi humaine. Accepté la loi Allah. Voté le 7 = Rebellé contre Allah”. Quant au prédicateur suisse Tariq Ramadan, régulièrement invité sur l’île depuis 1995, il y animait des ateliers de travail sous le label du Centre de Recherche sur la Législation Islamique et l’Éthique (Cile), une organisation qatarie qui fait la promotion de la Confrérie des Frères musulmans. 

En janvier 2015, dans une interview accordée au quotidien mauricien L’Express, Tariq Ramadan déclarait que Mohamed Merah, le terroriste islamiste de Toulouse et de Montauban, “est victime du système. Il a été viré de l’école, il a cherché de l’emploi, on ne l’a pas pris”. Tout cela serait la faute de la France qui “a un vrai problème colonial avec l’Algérie et l’Afrique du Nord qu’elle n’a pas encore réglé”. Malgré les accusations de viols dont il fait l’objet en France et en Suisse, des associations musulmanes mauriciennes souhaitent le réinviter. “Nous avons une reconnaissance envers Tariq Ramadan pour son discours clair et rassembleur. Nous sommes toujours prêts à l’accueillir s’il vient à Maurice”, affirme Hossen Kurrimboccus, coordinateur de la Maison Dawah, à Port-Louis. Le prédicateur suisse a pourtant provoqué un scandale lors d’un de ses séjours dans l’île, affectant l’une des principales familles musulmanes. 

Il reste à savoir si les touristes, comme les financiers de la Cyber City d’Ébène, sont très friands de femmes dissimulées sous des burqas, de longues barbes peu soignées. Sous le titre “2019, année décevante”, paru dans Week-End du 27 octobre, l’association des hôteliers mauriciens constate une légère baisse du tourisme en 2019, alors que les prévisions officielles misaient sur une hausse de 2 %. Les visiteurs venus de Chine, de l’Inde, du Royaume-Uni, d’Afrique du Sud et de La Réunion ont été moins nombreux à fréquenter cette année les lagons mauriciens.

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