Publié par Abbé Alain René Arbez le 13 novembre 2019

En Suisse 400 personnes ont fait appel l’an passé au suicide assisté, légalement autorisé depuis des années.

EXIT se présente ainsi comme une « organisation philanthropique » offrant à ceux et celles qui le désirent de pouvoir « mourir dans la dignité ». Toute une démarche doit en principe être entreprise, avec des autorisations médicales avant d’obtenir le feu vert. Pourtant, des cas limite ont été signalés ouvrant la possibilité à des dérives.

On m’appelle un jour au téléphone : une femme désespérée, qui me dit en pleurant que son mari, malade, s’est inscrit à Exit. Elle a fait appel à moi sur la recommandation d’un de ses amis habitant ma paroisse précédente. Je me rends le lendemain au domicile du couple. Cette femme m’accueille à la porte et me dit : je viens d’apprendre ces jours-ci que mon mari s’est inscrit à Exit, je suis bouleversée, il ne supporte pas d’être atteint d’un cancer généralisé et il veut abréger sa fin de vie.  Elle me conduit au chevet de son mari, qui s’appelle Joseph, et n’a vraiment pas très bonne mine, marqué par la maladie. Une pile de boîtes de médicaments s’entasse sur sa table de chevet. La télé passe un film à l’eau de rose.

Nous commençons alors une discussion, je me mets à son écoute et Joseph me déverse toute sa révolte envers la vie. Cependant, il a deux enfants qui vivent à l’étranger, il est grand-père, sa femme est à ses côtés jour et nuit, il ne souffre pas excessivement de son cancer, mais il veut en finir au plus vite, car, dit-il, « je ne supporte pas d’être malade ! ».

Je comprends en l’écoutant que Joseph a été un homme qui avait tout réussi : brillante carrière, standing haut de gamme, situation florissante, famille gratifiante, belle villa et train de vie, mais, lorsqu’il apprend le diagnostic médical, pour lui tout s’écroule. Renversé brutalement de son piédestal social, son personnage vole en éclat, malgré l’amour de son épouse et la réussite de ses enfants.

De semaine en semaine, je suis revenu parler avec lui régulièrement, pour qu’il découvre par lui-même les raisons de son choix de se faire donner la mort. Puis, au fil des échanges et des moments forts, sa perception de la situation a évolué. Il a bien senti qu’il n’y avait aucun jugement de ma part sur son attitude présente, seulement un témoignage de conviction et de foi, et l’échange a débouché sur de vraies questions de spiritualité.

De semaine en semaine, Joseph a retrouvé son espace intérieur, il a compris la logique de son cheminement désespéré, ce qui l’a fait renoncer finalement à Exit, dont il s’est désinscrit ; cela, après les retrouvailles paisibles d’une relation retrouvée au Dieu créateur et sauveur.

Une année après notre toute première rencontre, Joseph quittait ce monde, réconforté par les sacrements, intérieurement dénoué et délivré de sa révolte, se retrouvant de nouveau en harmonie avec les siens réunis à ses côtés. Il s’était remis entre les mains de Dieu et avait librement associé au Christ les souffrances dues à son état, avec la conviction d’avoir recouvré son être profond au-delà du masque social, apaisé face à la mort, ce qui était un pas décisif et déjà un authentique avant-goût de la vraie vie.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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