Publié par H16 le 16 novembre 2019

La liberté d’expression en France est totale, à condition de ne parler que de la pluie et du beau temps et si c’est pour constater qu’il fait de plus en plus chaud. Pour le reste, force est de constater que l’érosion de cette liberté est non seulement galopante, mais qu’elle subit un assaut bien plus pervers que tout ce qu’un législateur, un censeur ou un état ouvertement totalitaire pourrait faire.

Oh bien sûr, on compte déjà plusieurs lois iniques, depuis les mémorielles jusqu’à l’encadrement de plus en plus strict de tout ce qui tombe dans le vocable de l’incitation aux haines diverses et variées. Mais ces lois n’ont qu’un pouvoir limité comparé à l’effet complètement asphyxiant de la myriade de groupes de pression qui sont apparus ces dernières années, quasiment d’un coup comme autant de champignons vénéneux dans notre société.

Et les derniers jours qui viennent de s’écouler illustrent à quel point sont puissants les efforts déployés pour bâillonner tout adversaire idéologique du Camp du Bien dont l’extension politique, sémantique et sociétale est telle qu’il en vient, de façon comiquement macabre, à se déchirer lui-même.

On pourrait illustrer les délires liberticides des infatigables combattants de la justice sociale en prenant exemple d’un récent débat (pathétique) entre Finkielkraut et Taddéi d’un côté, contre une Caroline de Haas et une Maboula Soumahoro remontés comme des coucous de l’autre, qui permet de bien apprécier la volonté maintenant exacerbée et tout à fait officielle de vouloir faire taire toute dissidence et toute opinion contraire, par la force s’il le faut.

Dans ce contexte, les harpies ont un véritable boulevard puisqu’elles s’appuient sur cette masse d’individus de plus en plus nombreux issus de la génération récente où la moindre contrariété, la moindre péniblerie et la moindre opinion adverse sont vécues comme un outrage, une attaque quasi-physique provoquant une douleur d’autant plus insoutenable que chacun de ses membres se déclare toujours multi-traumatisé par un peu tout et son contraire.

Cette génération, rivée derrière ses nombreux écrans et toujours en butte aux mille et une difficultés de la vie auxquelles leurs parents se sont bien gardés de les préparer (l’État devant y pourvoir, pardi !), constitue maintenant le gros des troupes frémissantes de ces armées qui réclament l’amour, l’inclusivité, le droit à la différence, la solidarité et l’entraide sociale moelleuse tout en semant haine, dissension, appels aux boycotts et autres fatwas.

Cette génération arrive maintenant à l’âge où l’on fricote dans les facs, où l’on se conscientise et où l’on militantise en refaisant le monde. Et sans surprise, c’est dans les facs qu’on retrouve les attaques les plus virulentes contre la liberté d’expression.

Faits nouveaux : s’il est maintenant entendu et même plus qu’admis puisque considéré comme normal qu’un tenant du Camp du Mal (celui qui n’est pas inclusif, solidaire, moelleux, en un mot, de gauche) ne devra jamais plus avoir la parole, ni sur un plateau télé, ni en radio, ni dans une tribune d’un média plus ou moins officiel, et donc certainement pas sur l’estrade d’un amphithéâtre universitaire, il semble maintenant clair que cette interdiction sinon légale au moins informelle mais stricte s’étend à présent aussi aux tenants d’un Camp du Bien un peu trop pastel pour nos Justiciers Sociaux de la République du Bisounoursland.

C’est ainsi que, dans le mois écoulé, on a vu Sylviane Agacinski, pourtant tout à fait officiellement compagne d’un ancien premier ministre pas du tout à droite, se faire interdire une conférence par les milices du progrès à l’université de Bordeaux au motif qu’elle a une opinion non conforme à la doxa, à savoir opposante à la gestation pour autrui.

De la même façon, on a vu le président de la Sorbonne annuler courageusement un colloque sur l’islamisme suite à des pressions exercées par des « associations communautaires ». Ce même président de cette même faculté avait d’ailleurs, quelques temps plus tôt, suspendu sa formation de prévention à la radicalisation, jugeant sans doute que les travaux pratiques étaient déjà fort bien entamés.

On n’est donc qu’à moitié surpris lorsqu’on apprend que François Hollande, pourtant parangon de mollesse, de compromis et de rien du tout monté en neige, pourtant lui aussi estampillé Camp du Bien, se trouve lui aussi interdit de conférence à l’université de Lille, alors que de véritables milices d’étudiants surexcités y ont détruit plusieurs cartons de sa production littéraire (dont les ventes peinent à décoller) aux cris vengeurs d’ « Assassin ». Ironie de l’histoire : Hollande entendait discuter de la crise de la démocratie ainsi illustrée avec brio par ces troupes d’illettrés dont on soulignera qu’ils n’ont pas été trop gênés par les enseignants dont certains ont même soutenu leur action.

Si l’on ajoute à ce contexte particulièrement gratiné la récente combustion spontanée (mais imparfaite) d’un étudiant à Lyon pour des motifs politiques consternants, on a bien du mal à ne pas voir l’effondrement intellectuel complet de l’université française : à l’indigence de la pensée moyenne qui y règne et favorise ainsi la tenue de discours aussi caricaturaux qu’imbéciles, il faut y ajouter le climat maintenant particulièrement délétère de sectarisme, d’intolérance et de chasse au sorcière permanente d’une minorité de ces « étudiants », devenus aussi militants que dangereux et qui font régner un véritable terrorisme intellectuel qui abolit complètement toute liberté d’expression.

On retrouve d’ailleurs cette même ambiance abominable devant les cinémas lorsqu’il s’agit pour certains d’empêcher le public d’accéder à « J’accuse », la dernière production cinématographique de Polanski. Le réalisateur du film étant actuellement empêtré dans des accusations de viol, il semble indispensable de censurer sa production. Et si l’on ne peut pas (encore ?) le censurer officiellement – c’est-à-dire en utilisant la force de l’État plutôt que celle de militants hystériques – on peut en tout cas appeler à son boycott, pour faire bonne mesure : la sénatrice Laurence Rossignol (habituée de ces colonnes) estime commodément qu’il est impossible de détacher l’artiste de sa production, ce qui, si l’on devait appliquer son raisonnement boiteux partout, enverrai probablement 80% de la production culturelle des 2000 dernières années au broyeur médiatique de nos ligues de vertu et autres milices anti-tout forcenée.

Si les années passées ont amplement prouvé que la France est sur une fort mauvaise pente en matière de liberté d’expression, ces dernières semaines montrent une accélération réellement inquiétante de la frénésie de censure castratrice d’une frange d’extrémistes de gauche de plus en plus violente.

Pénétrée de surcroît d’une idéologie islamiste maintenant patente (la dernière manifestation ne laissant aucun doute sur les compromissions électorales auxquelles ces factions sont prêtes pour s’assurer une miette de pouvoir), l’extrême-gauche a complètement ruiné l’université française et à peu près entièrement muselé la liberté d’expression dans le pays.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © H16. Publié avec l’aimable autorisation de l’auteur (son site)

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