Publié par Eduardo Mackenzie le 20 novembre 2019

Il est évident que le régime cubain, secondé par son vassal de Caracas, est en train de changer d’orientation vis-à-vis du continent mais pas dans la bonne direction.

La stratégie des années 1995 a fait son temps, celle consistant à obtenir le pouvoir (après avoir abandonné la stratégie de la guerre de guérillas des années 1960-1980) en fabriquant un dirigeant providentiel pour remporter, dans certains pays, la présidence de la République dans des élections d’une transparence plus ou moins douteuse,  avant  la mise en place  immédiate et sans états d’âme  d’un régime ouvertement pro-cubain.

Cette stratégie habile qui a fait bénéficier les Castro de gains financiers et diplomatiques énormes, minant les économies de pays tels que le Venezuela, le Brésil, l’Argentine, le Pérou, la Bolivie, l’Équateur et le Nicaragua, était une variante brute de la vieille thèse du communiste italien Antonio Gramsci (1891-1937) –que ses propres camarades sont parvenus à considérer comme révisionniste–, de prendre le pouvoir par la lente imposition d’une hégémonie culturelle réalisée par l’alliance du «prolétariat» avec la caste intellectuelle et d’autres radicaux non nécessairement marxistes. Cette méthode semble épuisée par la gestion catastrophique de Chavez et ses affidés des économies de ces pays et par la crise de la gauche du parti démocrate américain.

A présent que sont épuisées les énormes ressources en tout genre que le Venezuela lui  octroyait, Cuba semble expérimenter à marche forcée de nouvelles méthodes pour s’accaparer la richesse d’autres nations. Il y a comme un retour à la technique du coup d’Etat bolchevique, à travers des violences et des troubles d’apparence anarchique et « sociale ». Ce changement de ligne, qui se reflète dans ce qui se passe depuis des semaines en Équateur et au Chili (un pays pétrolier et un pays doté d’une économie développée grâce aux ressources minières), est l’un des signes de la radicalisation des dirigeants cubains contre le continent. Ce tournant –dont le profil définitif reste à fixer ultérieurement– a été déclenché probablement quand La Havane a vu que Washington, devant les pressions du Groupe de Lima et de la diplomatie européenne, surtout espagnole, n’avait pas pu, pour le moment, mettre fin aux régimes totalitaires de Castro et de Maduro.

Ce qui se passe en Équateur et au Chili, et en Bolivie suite à  la chute d’Evo Morales, est sans aucun doute la réaction négative après un certain aveu d’impuissance des forces démocratiques du continent. Néanmoins, dans la nouvelle ligne que La Havane applique à l’encontre des pays qui veulent sortir de l’enfer bolivarien (comme l’Équateur et la Bolivie) ou ne pas y entrer (comme la Colombie et le Chili), on y voit autre chose: la panique de la direction du castrisme devant le gouvernement du président Donald Trump et la possibilité de réélection en 2020 de ce leader populaire.

En Équateur comme au Chili, la tactique consiste à utiliser pendant une bonne période la «violence de masse» (en particulier celle des jeunes ébranlés sur le plan idéologique) contre la force publique, les moyens de transport et les symboles du capitalisme, pour terroriser les gouvernements et les obliger à capituler. Au Chili, Sébastian Piñera a accepté l’idée de négocier, avec les violents, une nouvelle Constitution. Résultat: un fossé semble s’ouvrir à présent entre le président et les forces militaires.

La Colombie, pays qui résiste avec succès aux assauts du soviétisme depuis 1930 et du castrisme depuis 1961, est dans la ligne de mire de telles ambitions. Le 21 novembre, ce pays devra faire face à une grève générale et à des manifestations de travailleurs et d’étudiants, organisées par des syndicats et des groupes hétérogènes d’opposition. Presque sans exception, tous les citoyens voient dans cette journée le début d’une dynamique désastreuse où les techniques dévastatrices du Chili et de l’Équateur seront appliquées.

Cette crainte est due non pas  au fait que l’opposition exprime son désaccord avec le gouvernement, mais au fait qu’une telle grève serve de paravent aux forces violentes et narco-terroristes, comme ce fut le cas ces derniers mois lors de manifestations qui avaient promis d’être pacifiques.

Quel sera l’objectif des extrémistes pendant et après le 21 novembre? Il est indéniable que, pour les forces clandestines, les manifestations doivent enclencher une dynamique destinée à obliger le gouvernement à achever le changement de Constitution imposé en 2016 avec les «accords de paix» Santos / FARC.

Cette perspective détestable génère un immense sentiment de rejet et de colère dans la population. Le gouvernement d’Ivan Duque vient d’expulser 6 Vénézuéliens qui menaient des activités visant à nuire à l’ordre public. À Medellín et à Bogotá, des centaines de réservistes et de civils se sont unis pour soutenir pacifiquement la force publique le 21 novembre dans la défense des bâtiments, des monuments et des services publics de ces villes. Ils ne veulent pas être les spectateurs passifs de la destruction de leurs villes.

Le sort de ce qui se passe au Chili, en Équateur et en Bolivie dépendra en partie du résultat de cette journée historique en Colombie. Si le système démocratique se dégrade en Colombie, ceci affectera la résistance de ces trois pays aux attaques par lesquelles Cuba et le Venezuela veulent conserver leurs bastions. La Colombie se bat à nouveau pour la liberté du continent. Mais elle se bat seule.

© Eduardo Mackenzie (@eduardomackenz1) pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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