Publié par Jean-Patrick Grumberg le 21 novembre 2019
Netanyahou visite les troupes de défense et le dôme de fer – photo credit: Amos Ben-Gershom (GPO)

Le commentateur politique américain Ben Shapiro pointe du doigt la situation de chaos politique dans laquelle le procureur Mandelblit vient de faire sombrer le pays.

Je le rejoins tout à fait. C’est d’ailleurs la réflexion que je me suis faite en apprenant que Mandelblit inculpait Netanyahou. Le pays vient à peine de sortir de trois mois de chienlit politique. Le suspens a duré 3 semaines avec Bibi, qui a tenté et échoué à former un gouvernement. Il y a eu de nouvelles élections. Bibi a encore échoué. Le président a confié à son concurrent, Benny Gantz, la tâche de former un gouvernement. Il y a eu des rebondissements et des sueurs froides : les Arabes ont failli faire partie d’un gouvernement, car Gantz ne parvenait pas à former une majorité. Finalement, hier soir, nous apprenons que Gantz a lui aussi échoué. Hier dans l’après-midi, Ayelet Shaked, l’ex-ministre de la Justice, s’en est mêlée, et a déclaré pouvoir sauver l’affaire et réconcilier les principaux opposants. Visiblement, elle n’y est pas parvenue. Aujourd’hui à la Knesset, Shaked a déclaré avoir l’impression d’être dans la cour d’une maternelle : c’est au tour de la Knesset de tenter de nommer un Premier ministre.

Nous en étions là, et patatras, Mandelblit se ramène, et rebelote

Pour rappel, le Premier ministre Netanyahou, dont le parti de centre droit Likoud était arrivé en tête des dernières élections, n’a pas été en mesure de former un gouvernement majoritaire dans les délais qui lui étaient impartis parce qu’Avigdor Liberman a refusé tout compromis sur ses demandes en matière de laïcité.

Conformément à la réglementation de la Knesset, le parlement israélien, le président Rivlin a alors confié à Benny Gantz, le leader du parti de centre gauche Bleu et Blanc associé pour la circonstance à Yair Lapid, la tâche de former un gouvernement. Le délai a expiré mercredi 20 novembre, et Benny Gantz n’a pas non plus été en mesure d’y parvenir. La prochaine étape revient maintenant à la Knesset, qui a 21 jours pour tenter de nommer un Premier ministre. Si elle échoue, il doit y avoir d’autres élections. Et tout laisse à croire qu’elle échouera, puisqu’aucune majorité de 61 sièges n’est sortie.

Où Gantz a trahi ses électeurs

Il est important de noter qu’en commentant son échec, Gantz a révélé qu’il avait menti aux électeurs – dont beaucoup s’en moquent parce qu’ils n’ont pas l’habitude que les politiciens tiennent leurs promesses.

  • Gantz avant déclaré qu’il ne voudrait jamais participer à un gouvernement avec Netanyahou. Ce matin, Gantz a déclaré que son colistier Yair Lapid a fait capoter la formation du gouvernement parce qu’il a refusé la collaboration avec Bibi. Donc Gantz voulait donc bien d’un gouvernement avec Netanyahou, et il a trompé ses électeurs.
  • Puis Gantz a accusé l’aile droite de son parti d’avoir fait capoter la formation d’un gouvernement parce qu’elle l’a empêché de faire alliance avec les Arabes. Mais Gantz avait précédemment juré à ses électeurs qu’il ne voulait pas d’alliance avec la Liste commune arabe.

Pour moi, l’avenir politique de Gantz est terminé. Le peu de confiance que j’avais dans ce type – en politique – s’est totalement évaporé.

Immédiatement après que Gantz ait échoué, voilà que Mandelblit revient à la charge et inculpe le Premier ministre, l’accusant de corruption (Bibi a reçu des cigares et du champagne en cadeau, et il les a fumés et bu), et de rupture de la confiance du public (il a fait pression sur un quotidien israélien, le Yediot Aaaronot, pour qu’il cesse de mentir et noircir ses reportages sur lui, qui étaient 100% négatifs).

Comme un inculpé est présumé innocent jusqu’à la décision de la justice – pour les ringards comme moi, ça s’appelle la présomption d’innocence – toute la presse réjouie dit qu’il est coupable, évidemment.

Revenons à Ben Shapiro. Voici son analyse de la suite des événements

  1. Netanyahou demande à la Cour suprême que son procès ait lieu pendant qu’il est Premier ministre, ce qui signifie qu’il aura lieu à Jérusalem, qu’il sera probablement condamné à une amende, mais pas à une peine de prison. Peut-être qu’il plaidera coupable et prendra sa retraite.
  2. Netanyahou s’adresse à la Cour suprême, sa demande est rejetée, il est démis de ses fonctions et jugé à Tel Aviv. Cela signifie probablement une peine d’emprisonnement.
  3. Le Likoud tient des primaires et Netanyahu gagne ; ceci est accompagné soit par le cas (1) soit par le cas (2).
  4. Le Likoud tient une primaire et quelqu’un d’autre gagne ; Nétanyahou est sorti, et ceci est suivi d’un procès à Tel Aviv. Il en résultera probablement un gouvernement de coalition avec Bleus et Blancs.
  5. Le Likoud n’organise pas d’élections primaires, la négociation finale de 21 jours expire [sans nommer de Premier ministre], et nous allons à de nouvelles élections. Au cours de cette période, l’une des quatre possibilités précédentes peut se produire.
  6. Un membre haut placé du Likoud rompt les rangs du parti au lieu de la tenue d’un primaire, et rejoint Bleu et Blanc dans un nouveau gouvernement d’unité. Netanyahou est ensuite expulsé et jugé à Tel-Aviv.
  7. Les partis religieux se rapprochent de Bleu et Blanc et forment une coalition sans la faction de Yair Lapid ni celle d’Avigdor Liberman. C’est l’option la moins probable. En tout cas, c’est le bordel total. Et où ça mène, chacun peut se faire sa propre idée.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous