Publié par Gaia - Dreuz le 21 novembre 2019

Source : Leparisien

Détenu à la maison d’arrêt d’Osny (Val-d’Oise) en 2016, l’homme est jugé ce mardi devant la cour d’assises spéciale de Paris pour l’agression ultra-violente d’un agent de la maison d’arrêt.

Personne n’avait perçu sa froide détermination, qu’il avait habilement su dissimuler. Car, même s’il n’était pas réputé commode, Bilal Taghi était plutôt perçu comme un détenu tranquille à la maison d’arrêt d’Osny (Val-d’Oise), où il était incarcéré à l’unité dédiée pour prisonniers radicalisés. Le 4 septembre 2016, ce détenu condamné à cinq ans de prison pour avoir vainement tenté de rejoindre la Syrie en 2015 a attaqué deux surveillants à l’aide d’un couteau artisanal, blessant l’un d’entre eux au cou.

« Cela faisait quelques jours que je pensais à tuer un surveillant quel qu’il soit », revendique-t-il d’emblée en garde à vue, expliquant avoir voulu frapper un représentant de l’Etat français au nom de Daech. Le procès pour tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste de ce jeune homme aujourd’hui âgé de 27 ans s’ouvre ce mardi devant la cour d’assises spéciale à Paris. Il encourt la perpétuité.

Un art consommé de la dissimulation

Le jour des faits, alors qu’il vient d’ouvrir la porte de sa cellule pour la promenade, le surveillant Philippe H. est intrigué par la serviette que Bilal Taghi porte autour du bras. Le détenu fait mine de revenir sur ses pas puis sort une lame – en fait la tige d’une poignée de fenêtre qu’il a patiemment aiguisée -, lui porte plusieurs coups à la carotide et dans le dos. Le surveillant parvient à s’extraire, secouru par un collègue qui sera blessé superficiellement au bras.

Il faudra attendre l’intervention du personnel spécialisé trois heures plus tard pour l’interpeller. Pendant cette période, Bilal Taghi s’exhibe avec son arme, grave sur la porte d’un local technique la profession de foi de l’Islam et trace même un cœur avec du sang sur la vitre d’une porte avant de s’agenouiller pour faire sa prière. Pendant toute la durée de l’attaque, ses codétenus demeurent très calmes.

Devant les enquêteurs puis devant le juge d’instruction, Bilal Taghi assume totalement son geste et revendique sa préméditation. Il explique qu’il avait imaginé un scénario pour tuer deux surveillants mais que la réaction de surprise de Philippe H. en ouvrant sa porte l’a déstabilisé. Il n’exprime aucun remords et se targue d’avoir trompé son monde grâce à son art consommé de la dissimulation.

« Un processus de réflexion sur les motifs de son action »

L’expert psychiatrique qui s’est penché sur lui a relevé chez l’accusé une fascination pour la violence et souligné sa dangerosité criminologique. Son passage à l’acte s’inscrit pleinement dans la logique d’appel au meurtre de Daech mais les juges d’instruction estiment que sa détermination « est davantage articulée autour d’une forme de nihilisme idéologique, plutôt que sur des motifs religieux ».

« Cela fait trois ans que la vie de mon client est bouleversée, confie de son côté, le conseil de Philippe H., Me Pascal Winter. Face à la machine qu’est Taghi, il expliquera à l’audience la réalité des souffrances d’une victime. » Les avocats de Taghi, Mes Matthieu Chavanne et Xavier Nogueras, indiquent que leur client « notamment grâce à un travail psychologique mis en place au sein du centre pénitentiaire de Moulins-Yzeure, a pris conscience de l’extrême gravité de son acte et entamé un processus de réflexion sur les motifs de son action ».

Cette agression a en tout cas donné un coup fatal à l’expérimentation des unités dédiées en détention telle qu’elle était alors menée. En octobre 2016, le garde des Sceaux de l’époque Jean-Jacques Urvoas annonçait leur suppression au profit des quartiers d’évaluation de la radicalisation.

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