Deux informations figuraient lundi dernier en pages intérieures des journaux israéliens. La première faisait état d’une puéricultrice qui avait décidé de décrocher la photo du Premier ministre, Binyamin Nétanyahou, du mur du jardin d’enfants, et avait filmé cet acte “militant” pour le poster sur les réseaux sociaux. La seconde information faisait état des déclarations d’un professeur de droit, Mordehaï Kremnitzer, souvent présenté comme un “constitutionnaliste de premier rang”, qui a dit : “Seul un peuple stupide peut encore croire que M. Netanyahou doit demeurer à son poste”. Ces deux informations sont en réalité les deux revers d’un même phénomène, qu’on pourrait désigner comme le rejet de la démocratie au nom du “droit”.
Quand la puéricultrice prétend retirer la photo de Nétanyahou “jusqu’à ce qu’il établisse son innocence”, elle montre son ignorance de la présomption d’innocence, laquelle est – il est vrai – bafouée depuis des années par les médias, avec la complicité de la police ou du ministère public qui les abreuvent incessamment de “fuites”, dans le cas de Nétanyahou et dans de nombreux autres. Le sentiment de la puéricultrice est largement compréhensible, au vu du “blitz” médiatique auquel ont été soumis les citoyens israéliens, depuis l’annonce dramatique de l’acte d’accusation contre leur Premier ministre, faite par le procureur de l’Etat il y a quelques jours. En réalité, ce “blitz” dure depuis bien plus longtemps : des mois, et même des années. Le plus étonnant, dans ce contexte, c’est qu’une large partie du peuple d’Israël continue d’exprimer sa confiance à Nétanyahou, en dépit de ce lavage de cerveau quotidien auquel il est soumis jour après jour de la part des grands médias. (Ceux-là mêmes dont Nétanyahou est accusé d’avoir voulu “acheter” la complaisance…)
L’attitude du Pr Kremnitzer est plus préoccupante que celle de la puéricultrice. Car son affirmation, “seul un peuple stupide peut encore croire que Nétanyahou doit rester en fonction”, ne relève pas de l’ignorance, mais bien d’un aplomb et d’une ‘houtzpa caractéristiques de l’attitude de nombreux membres des élites médiatiques et judiciaires israéliennes. Le problème de Kremnitzer, pour dire les choses autrement, n’est pas qu’il ignore le droit, mais bien plutôt qu’il le connaît très bien et qu’il est prêt à déformer sciemment le sens obvie des lois de l’Etat d’Israël, pour les adapter à ses opinions politiques. La loi est en effet claire et limpide : d’après l’article 18 de la Loi fondamentale sur le gouvernement, seule la Knesset est habilitée à destituer un Premier ministre, et seulement une fois qu’il a été condamné pour une infraction déshonorante. Aucune disposition de loi n’oblige un Premier ministre à démissionner, pour la seule raison qu’il est inculpé ou qu’il fait l’objet d’un acte d’accusation.
Et c’est là que réside le coeur du problème : si la loi est aussi claire, comment le Pr Kremnitzer peut-il qualifier de “stupide” le peuple, dont les attentes sont conformes à la loi? La réponse à cette question se trouve dans un livre écrit il y a déjà plusieurs décennies par un autre juriste distingué, le juge Aharon Barak, The judge in a democracy. Celui-ci se considère en effet comme « créateur du droit » et donc comme au-dessus des lois – même fondamentales – comme il l’affirme explicitement dans ses nombreux écrits (1). On comprend dès lors l’affirmation du Pr Kremnitzer : le peuple est “stupide”, parce qu’il croit encore que les lois sont votées par la Knesset et inscrites dans le Sefer Hahoukim – le livre des lois de l’Etat d’Israël. Car ce qui compte, en définitive, n’est pas le texte de loi voté par la Knesset, mais l’interprétation qu’en donnent les juges à la Cour suprême et le Procureur de l’Etat (lesquels n’ont été élus par personne) !
Le Pr Kremnitzer est ainsi tout à fait représentatif de ces élites judiciaires – qui ressemblent de plus en plus à un Etat dans l’Etat (Deep State en anglais) – et qui ont franchi récemment toutes les lignes rouges de la démocratie et de l’Etat de droit, aveuglées par leur volonté d’en finir avec le pouvoir de Nétanyahou. Au premier rang d’entre elles, se trouve le Procureur de l’Etat, dont le cabinet s’est transformé en officine politique. Derrière le Procureur, il y a la Cour suprême, qui est devenue le premier pouvoir en Israël depuis plusieurs décennies, depuis le jour où le juge Aharon Barak a décrété que “tout était justiciable” et où il s’est arrogé le pouvoir anticonstitutionnel d’interpréter comme bon lui semble ou d’abroger purement et simplement toute loi de la Knesset (2).
Et derrière le Procureur et la Cour suprême, il y a les grands médias israéliens (avec des exceptions, heureusement) qui se sont largement rangés derrière cette offensive politico-judiciaire, au nom du slogan “Tout sauf Bibi!”, qu’ils répètent comme un mantra depuis de nombreuses années. Comment sortir de cette situation ? La réponse n’est pas simple. Mais l’objectif, lui, est clair. Il faut défendre l’Etat de droit, et rétablir la souveraineté du peuple et de la Knesset et les prérogatives du pouvoir exécutif et législatif, largement entamées ces dernières années par un “pouvoir judiciaire” arrogant, qui n’a pas sa place dans un régime démocratique (3).
Dernière remarque : le professeur de droit a en commun avec la puéricultrice de prendre les citoyens israéliens pour des enfants. Mais le “peuple stupide”, méprisé par ces élites arrogantes, saura faire la différence entre les lois votées par la Knesset et les diktats que celles-ci veulent lui imposer au nom du “droit”. Car le peuple, quoi qu’en pensent M. Kremnitzer et consorts, n’est pas stupide.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Pierre Lurçat pour Dreuz.info.
- (1) A. Barak, The Judge in a Democracy, Princeton University Press 2001.
- (2) Sur les conceptions de A. Barak, voir “Aharon Barak et la religion du droit, le fondamentalisme juridique au coeur du débat politique israélien”.
- (3) Voir notre article, “Mettre fin au gouvernement des juges et rendre le pouvoir au peuple d’Israël”.http://vudejerusalem.over-blog.com/2017/09/mettre-fin-au-gouvernement-des-juges-et-rendre-le-pouvoir-au-peuple-israelien-pierre-lurcat.html
Bravo pour cette leçon de droit et surtout de démocratie.
Je vois que la maladie des gens de goooooche, qu’ils soient de simples puéricultrices ou des bobos de gooooooche comme ce Professeur de Droit est une maladie qui atteint toutes les Démocraties dignes de ce nom. Et Israël n’y réchappe pas !
Israël doit avoir aussi son Mur des Cons, représenté par ce Professeur qui équivaut à nos Magistrats du Mur des Cons, tout comme Israël a son Macron, en la personne de Gantz. Tout comme Macron, Gantz fait le Grand Écart pour essayer de siphonner le maximum de voix électorales, mais cette position ne lui confère que le droit de s’exploser les couilles au passage.
Or Israël, s’il veut survivre, ne peut se permettre d’avoir des hommes tels que Gantz à sa tête, mais bien des hommes comme Netanyhou, n’en déplaise à cette puéricultrice !
Si par malheur cet imbécile de Gantz arrive au poste de premier ministre, les lance-roquettes des terroristes corrompus palestiniens seront à 22 km de Tel-Aviv (comme si Paris était menacée par des canons postés à Trappes ou à Versailles).
Conséquence directe, la vie trépidante de cette ville bobo-gaucho méditerranéenne et son économie locale chuteront immédiatement.
Comme à Evergreen, à Cuba et à Moscou, les maudites idées de gauche mènent toujours à l’opposé de ce qu’elle promettent :
Aujourd’hui ils rasent gratis, demain ils vous coupent la gorge.
Il est évident que dans aucun état de droit Netanyahu ne serait condamné ni pour les faits qui lui sont reprochés s’ils étaient avérés ni sur n’importe quel autre fait sur base de la manière illégale dont “les preuves et témoignages” ont été recueillis.
MERCI POUR CET ARTICLE! LE SCANDALE EST ENCORE BIEN PLUS GRAVE: https://resistancerepublicaine.com/2019/11/27/la-farce-tragique-de-linculpation-de-netanyahu-par-un-procureur-qui-decide-a-la-place-du-peuple/
Ces deux informations sont en réalité les deux revers d’une même médaille, qu’on pourrait désigner comme le rejet de la démocratie au nom de la morale gauchiste totalitaire contre le peuple.
Merci pour cet article qui pointe du doigt un vrai souci qui concerne bien des démocraties occidentales. Le fait que même Israël ne soit pas épargné en dit long sur la menace.
Les élites ont décidé depuis très longtemps que le peuple a tort puisqu’il n’ est que le peuple . Donc les élites au travers du lynchage judiciaire de Netanyahu , disent au peuple ” fermes-la ” . Les précedents lynchages judiciaires sont connus : Ben Gurion et l affaire Lavon – Sharon et l’ affaire de son fils Gilead – Le limogeage du Géneral Itzhak Mordekhai – Tant que le peuple ne prendra pas la décision de voter a 60% pour les patriotes ( Netanyahu-Bennet – Shaked ) il se fera ridiculiser par les élites .
Le seul probléme grave pour les élites en Israel , c’ est qu’elles ne peuvent pas changer de peuple comme sont en train de le faire les élites en France ( cf.le grand remplacement ) . Quand aux scandales de la gauche au pouvoir , ils sont d’une part tellement énormes que nul ne réalise qu’on a eu des traitres au pouvoir pendant 20 ans ( Péres – Beilin – Sarid – Sh.Aloni – ) qui savaient parfaitement quels étaient les plans d’ Arafat – OLP une fois qu’ils auraient remis le pied sur le sol palestiRien ( 2000 israeliens tués – 5,000 bléssés – des milliards de $ de pertes ) . Et cette ” gauche ” a joué au ” plan de Paix ” uniquement pour sauver son pouvoir , ses fauteuils de direction politique et économique . Et grace à ses fauteuils, cette gauche a démembré la richessse de l Etat , l’ a cédé à vil prix à ses copains qui ont fait de jolies culbutes financières ( la vente de Chemical Israel par Avraham Beige Shochat ministre de gauche au groupe Ofer et la vente de la compagnie maritime ZIM en 1998 en pleine tourmente des bourses mondiales etc….) . Voir le film ” the Shakshuka system ” de Mickey Rosenthal – Ilan Abudi . La gauche est la meme partout , mais la droite actuelle ne vaut guère mieux . Comme le peuple a une ” vision en tunnel ” , paroissiale , de petit supporter de sa petite equipe locale , le scandale peut continuer assez longtemps .
J’approuve totalement ! Shabbat Shalom.
Tout ceci est effrayant. On sait que la gôoooooche bobo et suicidaire est partout présente en Occident, mais le fait qu’elle ait atteint Israel est cent fois plus grave.
Car Israel n’est pas un pays comme les autres. Ce petit pays est en première ligne dans la lutte existentielle que nous a déclaré l’Islam. C’est notre dernier rempart face à la Barbarie qui l’entoure et qui nous menace.
Je ne suis ni Juif ni Israélien mais je me sens profondément lié émotionnellement à ce pays avec qui je partage ma chère civilisation Judéo-Chrétienne. Je pense que les Juifs de gauche sont des traitres, non seulement à leur pays mais à toute la civilisation Occidentale. Vive Bibi !
cidentale
!!!!!!!כל הכבוד לך אדון לורקה
Bravo a vous M.LURCAT !!!!!!!
Une leçon de democratie bien envoyée à qui de droit!
A tous ceux qui se pense sorti de la cuisse de Jupiter
Encore Bravo M. LURCAT
Merci Monsieur, l’unanimité des commentaires ci-dessus démontre à quel point votre analyse et votre indignation sont à la fois justifiées et transposables à nos sociétés européennes…..
les “progressistes” partout en occident ne considèrent la liberté d’expression ou la présomption d’innocence leur est exclusivement réservée
je ne suis pas israélien mais la justice dans ce pays est légale, pas comme en europe de l’ouest oùdes juges rendent des arrêts selon leur opinion personnelle et si netanyahou est innocent il sera absous !
“Quand mon mari a perdu les élections en 1999 et que tout le monde pensait qu’il ne reviendrait jamais au pouvoir, l’un de ces journalistes confirmés s’est offert le luxe d’être pour une fois honnête et m’a dit: “Vous auriez pu être notre reine, mais pour cela il aurait fallu épouser un homme de gauche, vous avez misé sur le mauvais cheval.”
Sara Netanyahu dans un interview paru dans Paris-Match du 5.09.2019
Voilà comment des hyper-connards médiatiques font et défont l’opinion, et Israël n’est certainement pas une exception (c’est même peut-être pire en Europe et aux Etats Unis). C’est vous dire l’étendue vomitive de la criminelle crassitude des journalopards de la gaucho-médisaphère.
En bon démocrate je suis bien obligé de faire confiance au peuple, car le “juste milieu, la bonne solution” n’ont pas encore été trouvés, mais il faut reconnaître que le peuple s’est beaucoup et souvent trompé. Je reste toutefois très dubitatif, sur la bonne foi et l’honnêteté, des juges, des politiques et des médias toutes ces professions dont dépend notre vie
Bravo Monsieur Lurçat, encore une fois vous visez juste !
Pourtant je ne pardonne pas à Netanyahou, fin politique, connaisseur expert des rouages de la politique israélienne et connaissant parfaitement ceux qui rêvent de prendre sa place, de ne pas avoir “flairé” le piège des juges et d’avoir cru encore une fois que son experience suffirait.
Sa femme avait pris une trop grande place (en donnant par exemple ses choix politiques), sa timidité dans l’appuis qu’il aurait du accorder à Trump (annexion du Golan, capitale des USA à Jérusalem, “colonies” Juives en Judée et Samarie légales etc.) a rendu son soutien trop tomoré mais surtout pour moi, son soutien à Sharon lors del’expulsion du Goush Katif et Nord Samarie l’ont coupé de nombreux sionistes des “colonies” et des habitants autour de Gaza qui payent ces erreurs.
Alors ? Ses opposants sont TOUS quelques niveaux de compétence en dessous de Netanyahou et aucun aujourd’hui n’a l’envergure pour lui succéder ce qui arrivera pourtant un jour … Shabbat Shalom !
Je ne veux pas être aveugle ,mais il faut reconnaître que Netanyahou n’a pas fait grand chose pour les éliminer il avait largement le temps ,en 13 ans on peut faire le ménage ,alors peut être il avait peur de toucher ses Dieu mais se n’est pas une excuse , regarder en France comment le ménage a était fait . la 2ème chose je ne donnerais pas à MR Netanyahou la responsabilité du recrutement de personnelles car tous ses ennemies c’est lui qui les a recruté ,la question pour la justice Israélienne est simple vous n’avez pas inventer les lois vous les avaient prises en Europe ( anglaises en majorité ) le reste sur les USA alors demander aux grands spécialistes et grands juristes mondiale dans qu’elle pays un homme politique a était condamné pour des articles en leurs faveurs , ne regarder pas l’Europe ou les États Unis si nous n’êtes pas capable de faire comme eux .