Publié par Magali Marc le 27 novembre 2019

Depuis le vendredi 15 novembre, un mouvement de contestation secoue l’Iran à cause de l’annonce surprise de l’augmentation du prix du carburant. D’après les autorités iraniennes, la répression des manifestants n’aurait entraîné le décès que de cinq personnes. Mais selon l’ONG Amnesty International, il y aurait en réalité 143 morts et les forces de sécurité ont tiré intentionnellement sur les manifestants qui ne les menaçaient pas, mais s’enfuyaient en courant.

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit l’article de Uzay Bulut*, paru sur le site du Gatestone Institute, le 25 novembre.

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L’Iran torture les manifestants, le monde baîlle

Les centaines de manifestants antirégime et de militants des droits civiques qui ont été arrêtés par les forces de sécurité iraniennes depuis l’éruption de manifestations de masse le 15 novembre – après que le gouvernement eut augmenté le prix de l’essence – risquent la torture, des aveux forcés et même la peine de mort.

Selon l’organisation Iran Human Rights (IHR) :

« Les détenus sont emprisonnés dans des lieux inconnus et leurs familles ne sont pas informées de l’endroit où ils se trouvent. En outre, les autorités ont imposé un arrêt total d’Internet, ce qui a rendu la circulation de l’information très difficile.»

«La plupart des détenus ne pouvaient pas appeler leur famille. Leurs proches ont essayé de savoir où ils sont. Ils ne savent même pas si leurs bien-aimés sont morts ou vivants», a déclaré à l’IHR une source bien informée.

Mahmood Amiry-Moghaddam, directeur de l’IHR, a déclaré : « Aujourd’hui, le peuple iranien a plus que jamais besoin de l’attention de la communauté internationale.»

Selon Amnesty International, bien que des Iraniens rapportent que « jusqu’à 200 [manifestants] ont été tués », les médias publics de Téhéran ont minimisé les chiffres en affirmant que seulement une «poignée» de manifestants ont été tués.

En outre, Amnisty a rapporté que :

« Divers responsables gouvernementaux, dont le Guide suprême, le président et le chef du pouvoir judiciaire, ont diabolisé les manifestants et ont averti que les forces de sécurité allaient les affronter brutalement. Le 16 novembre, le ministre iranien de l’Intérieur a déclaré que les autorités ne feraient plus preuve de «tolérance» et de «contrôle de soi» à l’égard des manifestants, en dépit des informations de plus en plus nombreuses faisant état de victimes parmi eux.

Lors d’un discours prononcé le 17 novembre, le Guide suprême iranien a qualifié les manifestants de «méchants » qui ont été incités à la violence par les contre-révolutionnaires et les ennemis étrangers de l’Iran. Il a ordonné aux forces de sécurité de « s’acquitter de leurs devoirs » pour mettre fin aux manifestations, donnant ainsi le feu vert pour que la brutalité se poursuive.

Les organes judiciaires et de sécurité ont également envoyé des SMS de masse enjoignant les gens de rester à l’écart des «rassemblements illégaux» ou d’être poursuivis en justice

Les autorités iraniennes ont également menacé les manifestants d’exécution :

  1. Le représentant du Guide suprême au journal Kayhan, Hossein Shariatmadari, a écrit lundi dernier : « Certains responsables judiciaires sont sûrs que l’exécution par pendaison attend les dirigeants des manifestations.»
  2.  « Le représentant adjoint du Guide suprême auprès du Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC), Hassan Tayebifar, a demandé au pouvoir judiciaire de rendre le verdict le plus sévère envers les manifestants. Le verdict le plus sévère du Code pénal islamique iranien est la peine de mort
    3. « Le procureur de la province de Fars a menacé les manifestants de la même façon. A Shiraz, la capitale de la province de Fars, « au moins 200 personnes ont été envoyées en quarantaine à la prison d’Adel Abad. Quatre d’entre eux sont blessés. Au moins l’un d’entre eux a été abattu », a déclaré une source de la prison d’Adel Abad à l’IHR. Selon la source, Seyed Reza Taheri serait le nom d’un des blessés.»

Amnisty a également rapportée que :

« Le 16 novembre, moins d’un jour après le début des manifestations, les autorités ont mis en place une fermeture quasi totale de l’Internet, coupant presque tous les moyens de communication en ligne pour les habitants de l’Iran. La panne d’information qui en résulte est une tentative délibérée des autorités d’empêcher les gens de partager des images et des vidéos de la force meurtrière utilisée par les forces de sécurité.»

Selon l’ONG NetBlocks, « la connectivité de l’Iran avec le monde extérieur est tombée à 4% du niveau ordinaire depuis le début des manifestations. Tous les réseaux mobiles ont été déconnectés et il y a une panne quasi totale de l’Internet et des télécommunications à l’échelle nationale, bien que certains utilisateurs aient encore pu accéder à l’Internet par le biais de réseaux privés virtuels (VPN) et d’autres moyens ».

L’entreprise Internet Oracle a décrit la panne d’information comme « la plus grande panne d’Internet jamais observée en Iran ».

Selon Amiry-Moghaddam, directeur de l’IHR, cette fermeture d’Internet « pourrait indiquer que les autorités iraniennes ont l’intention d’utiliser encore plus de violence contre les manifestants ».

Le 21 novembre, le président américain Donald Trump a envoyé un tweet :

« L’Iran est devenu si instable que le régime a fermé tout son système Internet pour que le peuple iranien ne puisse parler de l’énorme violence qui sévit dans le pays….. Ils veulent ZÉRO transparence, pensant que le monde ne découvrira pas la mort et la tragédie causées par le régime iranien! »

Le même jour, le Secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a aussi envoyé un tweet :

« J’ai demandé aux manifestants iraniens de nous envoyer leurs vidéos, photos et informations sur la répression du régime contre les manifestants. Les États-Unis dénonceront et sanctionneront les abus.»

Le lendemain, le 22 novembre, Pompeo a annoncé sur Twitter :

« Les États-Unis sanctionnent le ministre des technologies de l’information et des communications, Mohammad Jahromi, pour avoir aidé à fermer l’Internet iranien. Nous tiendrons les membres du régime iranien responsables de la répression violente qu’ils exercent contre le peuple iranien.»

Il est probable que les avertissements de Pompéo ont eu un effet direct. Le lendemain, le 23 novembre, NetBlocks a confirmé que :

« La connectivité[Internet] a été rétablie avec de multiples fournisseurs de téléphonie fixe dans une grande partie de l’Iran, ce qui permet aux utilisateurs d’accéder à Internet via WiFi. Les niveaux actuels de connectivité sont passés à 64 % après avoir stagné à 5 % pendant plusieurs jours. L’internet mobile reste généralement indisponible. Les mesures du réseau indiquent que la plupart des médias sociaux restent bloqués conformément à la politique iranienne de longue date, bien que l’accès soit possible grâce au logiciel VPN

La réaction de l’Europe, qui a été beaucoup plus modérée, n’est probablement pas perçue par les autorités iraniennes comme une pression de nature à susciter des inquiétudes.

Prenons l’exemple de la déclaration suivante, publiée le 21 novembre par une porte-parole de l’UE :

« Les manifestations qui ont eu lieu dans plusieurs villes iraniennes ces derniers jours ont, selon certaines informations, causé de graves pertes en vies humaines et fait de nombreux blessés. Nous présentons nos condoléances aux familles des victimes et souhaitons un prompt rétablissement aux blessés.

Les défis socio-économiques doivent être abordés par un dialogue inclusif et non par le recours à la violence. Nous attendons des forces de sécurité iraniennes qu’elles fassent preuve de la plus grande retenue dans la gestion des manifestations et que les manifestants manifestent pacifiquement. Toute violence est inacceptable. Les droits à la liberté d’expression et de réunion doivent être garantis.

Nous attendons aussi des autorités iraniennes qu’elles assurent la libre circulation de l’information et l’accès à Internet

Pour aider le peuple iranien, à la merci de son régime oppressif, le monde ferait mieux d’imiter la position dure de l’Administration Trump.

L’apaisement et la diplomatie européennes ne font qu’enhardir, au lieu d’affaiblir, des tyrans comme ceux de l’Iran.

*Ozay Bulut, journaliste turc, est membre distingué du Gatestone Institute.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Sources :

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