Publié par Jean-Patrick Grumberg le 25 juillet 2020

Trotsky était un tueur de masse, brutal, qui ne s’opposait à la répression politique que lorsqu’elle visait ses compagnons communistes.

Il s’opposait à Staline en partie parce qu’il pensait que Staline n’était pas assez répressif. Toute admiration pour Trotsky est tout à fait déplacée, perverse même.

Le mal à l’état pur de Trotsky brille encore à travers lui. Ça ne le dérangeait nullement que l’Etat socialiste affamait les êtres humains. Il fut même ravi d’exercer ce pouvoir quand il fonda et dirigea l’Armée rouge. Trotsky n’était indigné que lorsque l’Union soviétique tournait sa puissance totalitaire contre ses compatriotes communistes.

  • Trotsky a été directement responsable de la mort de centaines de milliers d’innocents pendant l’ère du Communisme de guerre (1918-21).
  • Avec Lénine, Trotsky (et non Staline) établit le système du Goulag, la police secrète et d’autres grandes et belles institutions humanitaires de la répression soviétique.
  • Trotsky a également joué un rôle de premier plan dans l’ingénierie de la première collectivisation de l’agriculture soviétique — qui a conduit à une famine délibérément provoquée, laquelle a tué plusieurs millions de personnes. Le livre de Richard Pipes (le père de Daniel Pipes) intitulé Russia Under the Bolshevik Regime* (La Russie sous le régime bolchevique) traite du rôle de Trotsky dans ces atrocités et dans d’autres.

Au risque de faire hurler les manichéens qui raisonnent exclusivement en termes de bien ou mal, et aussi monstrueux que Staline ait été, il est bien possible que la Russie et le monde auraient bien plus souffert encore si Trotsky l’avait vaincu à la fin des années 1920.

Trotsky, rappelons-le tout de même, a rompu avec Staline — les deux se détestaient — en grande partie parce qu’il pensait que Staline n’allait pas assez loin dans la répression des « éléments bourgeois », dans la collectivisation de l’agriculture (qui a finalement conduit à une famine encore plus grande) et la promotion de la révolution communiste à l’étranger.

Certes, Trotsky était moins intéressé que Staline à purger les camarades du parti. Il a même critiqué Staline pour ses purges. De là à l’encenser… Car les autres, il ne voyait aucun inconvénient à les “purger”. Et pour le peuple, la vie aurait probablement été encore bien pire qu’elle ne le fut.

Après son exil, Trotsky critique le communisme façon Staline, et affirme que sa version, le trotskysme, aurait apporté l’idée prolétarienne. Les idiots utiles croient ça, sans réaliser que de la théorie à la pratique, il existe un gouffre, et que ce gouffre, si celui qui ne le voit pas possède le pouvoir, il s’y engouffre, et avec lui le reste du peuple.

Il est à noter que le nom de Trotsky est largement omis dans les articles qui reconnaissent les effets négatifs et criminels du communisme. A les lire, Trotsky existe à peine, après l’implantation de l’armistice bolchévique en 1918. La réalité est bien différente, et une savante réécriture de l’histoire demande à être entreprise.

Voici quelques pistes de réflexion…

Le désastre économique de Trotsky a créé la misère, la famine et la mort de millions

  • Pendant la guerre civile et la phase de Communisme de guerre du régime soviétique, Trotsky était clairement l’homme numéro deux à côté de Lénine.
  • Il fut l’un des cinq premiers membres du Politburo lors de la création, en 1919, de l’instance dirigeante du Parti communiste.
  • En matière de pouvoir intellectuel et d’efficacité administrative, il était le supérieur de Lénine et n’hésitait pas à être en désaccord avec lui, mais il manquait de facilité dans la manipulation politique pour gagner les décisions du parti.
  • Trotsky prit une part importante au lancement du Comintern en 1919 et rédigea son manifeste initial.

En 1920, Trotsky, dont le rôle et l’influence politique est aujourd’hui minimisée à outrance pour donner à croire que le communisme a été perverti par Staline, et que la version Trotsky du socialisme aurait apporté bonheur et épanouissement sur Terre, se tourna vers la « reconstruction » économique de la Russie, tout en conservant son poste de commissaire de guerre. Il s’efforça d’appliquer la discipline militaire à l’économie, utilisant les soldats comme des armées de travail, et tentant de militariser l’administration du système de transport. Un désastre.

Au cours de l’hiver 1920-21, des dissensions généralisées ont éclaté au sujet des politiques du Communisme de guerre, non seulement au sein de la population, mais aussi parmi les dirigeants du parti. L’enjeu de la controverse était le rôle futur des syndicats.

  • La gauche utopique voulait que les syndicats administrent l’industrie.
  • Lénine et l’aile prudente voulaient que les syndicats se limitent à superviser les conditions de travail.
  • Trotsky et ses partisans voulaient que les syndicats représentent l’autorité centrale.

Trotsky se servit de la faim pour conserver le pouvoir. Affamer le peuple était son arme de torture et d’assouvissement.

” L’ancien principe : qui ne travaille pas ne mange pas, a été remplacé par un nouveau » écrit Trotsky dans La Révolution trahie*, et c’est : « qui n’obéit pas ne mange pas ». Trotsky ajoute : « Lorsque le seul employeur est l’État, cela signifie que l’opposition connaît la mort par une famine lente ». Et bien entendu, Trotsky était en faveur d’un Etat qui contrôle tous les aspects de l’économie et d’un système économique où l’Etat est le seul employeur — ce qui permettait d’offrir une mort lente aux opposants par la famine — un délice d’humanisme.

La nouvelle politique économique

Le socialisme d’Etat radical institué au début de la Révolution russe par Trotsky et Lenine exigeait le contrôle du gouvernement sur toute l’industrie, et obligeait les agriculteurs à remettre leurs produits au gouvernement pour redistribution. A l’époque, les fermiers représentaient 80 % de la population.

Trotsky et les siens ne s’intéressaient pas tant à la production agricole qu’à sa répartition, et pour cela, il n’est jamais venu à l’esprit de ces demeurés mentaux qu’en massacrant et en envoyant au Goulag les agriculteurs récalcitrants, ils privaient le pays des meilleurs cerveaux capables de nourrir le pays — qui en fait, aurait pu nourrir toute la planète, dans un environnement libéral.

  • La famine fut causée par la collectivisation forcée des fermes privées par le gouvernement Lenine/Trotsky – et la réquisition forcée du grain.
  • Les producteurs, qui n’étaient pas rémunérés pour leur travail, cessèrent de travailler, ce qui entraîna des pénuries généralisées.
  • Les meilleurs fermiers furent assassinés ou envoyés pourrir dans des camps de travail forcé.
  • Des quotas exorbitants de céréales furent fixés par le gouvernement soviétique, et les céréales furent collectées sans rien laisser aux paysans, entraînant une famine massive — surtout en Ukraine, dans le Caucase du Nord ou le Kazakhstan.
  • A sa suite, le gouvernement Staline ne fit rien pour apporter des secours ou ajuster les quotas.

Je vous encourage à faire le parallèle avec les demeurés mentaux contre Black Friday. Ils manifestaient hier devant les centres commerciaux et les entrepôts Amazon pour empêcher le public de consommer les promotions et les soldes du Black Friday. La similitude s’arrête seulement au fait que ceux-là n’ont pas le pouvoir d’imposer leur vision à l’économie entière. S’ils l’avaient comme Trotsky, Lenine et Staline l’avaient, ils feraient subir aux Français, par leur criminelle stupidité et leur aveuglement d’illuminés, ce que les trois ont fait au peuple russe.

La politique économique de Trotsky était évidemment impopulaire parmi les paysans et les ouvriers, et après l’effondrement économique, Lénine a commencé à vouloir imposer sa Nouvelle Politique Economique (NPE).

Il s’agissait, et on retrouvera l’idée en Chine, d’un capitalisme limité contrôlé par l’Etat, et de taxes seulement partielles sur les produits agricoles.

Staline, à qui les communistes contemporains ont accepté — à contrecœur parce qu’ils ne pouvaient plus les nier — de faire porter le chapeau des crimes de cette idéologie de mort, anti-nature, en reprenant l’accusation de Trotsky qu’il s’agirait d’une perversion du communisme, a en réalité soutenu la NPE, estimant qu’il était nécessaire de renforcer l’Union soviétique et de protéger la révolution. La plupart des chefs de parti ont également approuvé.

1921, la famine Povolzhye

La famine russe de 1921, aussi connue comme «Povolzhye», a commencé au début du printemps 1921 et a duré jusqu’à 1923. Elle a tué environ 6 millions de personnes, affectant principalement les régions de la Volga et de la rivière Oural.

La famine a été provoquée par une combinaison d’effets. Les sécheresses intermittentes de 1921 ont exacerbé les erreurs de la politique économique centralisée de Trotsky.

À la fin de 1921, la santé de Lénine s’est détériorée. Il est absent de Moscou pour de plus longues périodes de temps, et le régime est dirigé par Trotsky, numéro deux du pays. Lénine a trois accidents vasculaires cérébraux entre le 25 mai 1922 et le 9 mars 1923, ce qui a causé sa paralysie, la perte de la parole et enfin sa mort le 21 janvier 1924.

L’historien russe Vladimir Cherniaev résume les principales contributions de Trotsky à cette « révolution » russe :

Trotsky porte une grande responsabilité à la fois pour la victoire de l’Armée rouge dans la guerre civile et pour l’établissement d’un État autoritaire à parti unique avec son appareil destiné à réprimer impitoyablement la dissidence….

C’était un idéologue et un pratiquant de la « Terreur Rouge ».

Il méprisait la « démocratie bourgeoise », il croyait que la mollesse et la faiblesse détruiraient la révolution, et que la suppression des classes de propriétaires et des opposants politiques libérerait l’espace politique pour permettre l’épanouissement du socialisme.

Il a été l’initiateur des camps de concentration, des camps de travail obligatoires, de la militarisation du travail, et de la prise de contrôle des syndicats par l’État.

Trotsky était impliqué dans de nombreuses pratiques qui allaient devenir la norme à l’époque stalinienne, y compris les exécutions sommaires.

https://books.google.com/books?id=NAZm2EdxKqkC&pg=PA191

Le gouvernement de Staline a continué, peut-être par manque de compréhension ou délibérément, et n’a rien fait pour atténuer la famine.

1932, l’Holodomor ou le génocide de 10 millions d’Ukrainiens par la famine

10 ans après la révélation par Soljenitsyne de l’ampleur du génocide en Ukraine, les négationnistes niaient encore son existence. L’ouverture des archives russes, en 1991, les fit taire, même si la Russie, jusqu’à ce jour, à l’instar de la négation du génocide arménien par la Turquie, continue de nier.

Une question est cependant toujours débattue : qui de Staline ou de Trotsky est le vrai responsable de la mort de 10 millions d’Ukrainiens par la famine.

  • En 1929, Trotsky a été éjecté du pouvoir par Staline et exilé en Turquie jusqu’en 1933, date où Daladier lui offre l’asile en France. Les apparences ne semblent donc pas le rendre responsable de ce génocide.
  • Se pose cependant la question de savoir si la famine a été industriellement organisée et décidée par Staline (1), ce que prétend Trotsky, qui critique les méthodes de Staline dans une lettre publiée en 1939 (2), ou si elle découle du collectivisme trotskyste, du fait que de tels traitements étaient également imposés ailleurs et précédemment en URSS.

“Pour le pur mal meurtrier, il n’y a jamais eu de force comparable au communisme et à Léon Trotsky… jamais auparavant ou depuis lors un peuple n’a construit une vaste industrie de la mort dans le seul but de rassembler et détruire chaque membre d’un autre peuple. Les bolcheviques, sous les ordres et sous la direction de Trotsky, ont tué tant d’Européens que le nombre de morts dépasse les 100 millions. »

Jeff Jacoby, The Boston Globe, 7 décembre 1995

Conclusion

Alors que les capitalistes occidentaux étaient accusés par les communistes de se nourrir sur le dos du peuple avec les bas salaires, la Russie de Trotsky et Lénine, puis celle de Staline, ne nourrissait pas le peuple russe. La Russie a plus de terres arables que tout autre pays. Elle aurait pu facilement nourrir la planète entière.

Le contexte ne reflète pas bien pour Trotsky, cet homme qui est encore admiré par de nombreux gauchistes et même par quelques anciens conservateurs de gauche.

Paraphrasant Robert Service : “Il y a encore de la vie chez le vieux Trotsky. Si le pic à glace ne l’a pas achevé, j’espère que cet article y contribuera.”

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

  1. Des documents déclassifiés, tels que des décrets gouvernementaux, montrent que la bureaucratie imposait des mesures punitives draconiennes aux villages qui ne respectent pas les quotas de production céréalière — y compris la confiscation de toute la nourriture et l’interruption complète des approvisionnements.
  2. https://www.marxists.org/archive/trotsky/1939/04/ukraine2.htm

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