Publié par Guy Millière le 3 décembre 2019

La mort de treize soldats français au Mali mérite le respect. De jeunes Français sont encore animés par le patriotisme et par l’idée qu’il est noble de servir son pays et sa civilisation. Je leur rends hommage ici.

Les dessins “humoristiques” publiés par Charlie Hebdo en ce contexte sont odieux et méprisables. Cela dit, je ne peux m’empêcher de penser que, quand bien même tout soldat risque sa vie sur un théâtre d’opérations, ces morts-là auraient sans doute pu être évitées. L’armée française est sous équipée depuis longtemps. Elle est loin d’avoir les moyens optimaux pour ses actions. Le budget militaire de la France est inférieur à 2 pour cent du PIB du pays. Depuis de longues années, la France consacre des sommes énormes à la redistribution sociale, à l’aide aux immigrants, même s’ils sont illégaux, à des projets écologistes débiles et ruineux, et n’a plus les moyens requis pour que l’armée dispose de ce qui lui serait nécessaire.

Je ne peux m’empêcher de penser non plus que la mission fixée aux troupes françaises dans la zone du Sahel a une dimension vaine et un peu désespérée. 14.500 soldats pour pacifier une zone d’une superficie plus vaste que la France, dans un pays qui lui-même a plus de deux fois la surface de la France, le Mali, c’est même une mission impossible. Les soldats français peuvent obtenir des résultats ponctuels, ils ne peuvent obtenir des résultats durables. Ils le peuvent d’autant moins que le Mali est, comme tant d’autres pays d’Afrique subsaharienne, un état failli, dans lequel quasiment rien ne fonctionne, où la corruption est omniprésente, et où le tribalisme règne. La mission peut durer dix ans, vingt ans, elle n’aura pas de fin, et les soldats morts, hélas, s’ajouteront aux soldats morts. Il y a au Mali d’autres forces que les forces françaises, et les troupes françaises sont les seules à être effectivement opérationnelles. Elles font ce qu’elles peuvent avec les moyens qu’elles ont, et elles ne peuvent que très peu. Si elles n’étaient pas là, un Etat islamique pourrait se reconstituer qui déborderait les limites du Mali et s’étendrait à tout le Sahel. Elles sont là, et condamnées à subir un harcèlement incessant de groupes islamistes qui peuvent s’alimenter en armes et en argent depuis le Nord, par l’Algérie et la Libye : l’Algérie dysfonctionne et est tout au bord de l’explosion, et la Libye, depuis la destruction du régime Kadhafi est elle-même un Etat failli.

Ceux qui ont décidé d’éliminer Kadhafi ont une très lourde responsabilité.

Une stratégie cohérente impliquerait de désigner l’ennemi de manière claire et nette, ce n’est pas fait. Une stratégie cohérente impliquerait de reconnaitre que les frontières du Mali ont été tracées de manière inepte (comme quasiment toutes les frontières en Afrique subsaharienne) et font qu’elles renferment des ethnies différentes (une douzaine) qui ont des mœurs et des intérêts différents. Au Nord, les Touaregs dominent. Au Sud, la domination est celle des Bambaras, qui tiennent le pouvoir. Les Peuls sont une tribu nombreuse mais minoritaire et savent que, pour ne pas être délaissés, ils doivent combattre. Les massacres entre ethnies et tribus différentes sont fréquents. Bernard Lugan, le meilleur spécialiste français de l’Afrique, dit que les Touaregs devraient bénéficier de concessions aux fins que, potentiellement, les frontières Nord soient moins à même de permettre les trafics qui alimentent les groupes islamistes, mais il convient lui-même que ce serait un vaste programme. Il dit qu’au Sud, il faut éviter un embrasement des Peuls, chez qui les islamistes sont nombreux, sans quoi une catastrophe serait à attendre. Il ne propose pas de solution concrète, car il n’y en a pas.

La France pourrait demander de l’aide aux principaux pays européens, mais ne l’obtiendrait pas. Hors de la France, seul le Royaume-Uni a encore en Europe une armée digne de ce nom. Le budget militaire de l’Allemagne est plus faible encore que celui de la France. Macron parle d’armée européenne, mais ce sont des mots. Il n’y aura pas d’armée européenne. Il n’y a pas une vision commune européenne du danger islamique et des conséquences très lourdes que la décomposition de l’Afrique subsaharienne va avoir pour l’Europe, bien que cette décomposition soit en cours.

La décomposition de l’Afrique subsaharienne occasionne déjà des flux migratoires importants et qui se poursuivront, car elle s’accompagne d’une explosion démographique. L’attitude laxiste de l’Union Européenne vis -à-vis de ces flux contribue à les alimenter, et le passage des migrants par la Libye est désormais facile. Les dirigeants politiques qui, en Europe, veulent en finir avec ces flux sont insultés et diabolisés.

Terroristes ayant participé à l’attaque de l’hôtel Radisson Blu de Bamako

Le danger islamique s’ajoute et ne se limite pas au Mali, et une situation très préoccupante prend forme : les groupes islamistes actifs au Mali ont cherché à s’emparer de Bamako, la capitale du pays et menacent la Cote d’Ivoire, où l’islam est la religion majoritaire ; au Nigéria, Boko Haram est toujours actif ; les shebab sont très actifs en Somalie.

L’Europe centrale ferme ses frontières aux migrants venus d’Afrique et au danger islamique. L’Europe occidentale, elle, ne le fait pas. Elle est déjà gangrenée par l’islamisme et se prépare des lendemains très douloureux, et la France est en première ligne.

Les lendemains pour la France risquent d’être extrêmement douloureux.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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