Publié par Magali Marc le 8 décembre 2019

Le 3 décembre dernier, la candidate Kamala Harris a annoncé son retrait des primaires démocrates, évoquant un manque de moyens financiers.

Fille d’un père et d’une mère indienne, donc métisse, Kamala Harris passait pour la candidate «noire» représentant la diversité tant prisée par les vertueux gauchistes du parti. Certains commentateurs dans les médias de masse ont estimé que l’échec de sa candidature est dû au racisme et au sexisme des partisans démocrates.

Les primaires présidentielles du Parti démocrate américain commenceront réellement en 2020, lorsque l’État de l’Iowa tiendra son caucus le 3 février prochain, suivi des autres États. Ce processus permet aux sympathisants et aux membres du Parti Démocrate de désigner leur candidat favori à l’élection présidentielle du 3 novembre 2020.

Après le départ de Mme Harris, il reste tout de même 15 candidats dont Joe Biden, Michael Bloomberg, Bernie Sanders et Elizabeth Warren , ainsi que d’autres moins connus du public.

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit l’article de John Daniel Davidson*, paru dans la revue en ligne The Federalist , le 4 décembre dernier.

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Trois raisons pour lesquelles Kamala Harris s’est effondrée

Sa campagne a été sur-médiatisée par les médias, son dossier en tant que procureur n’a pas séduit les électeurs démocrates aux élections primaires et Tulsi Gabbard a dénoncé son hypocrisie.

La sénatrice Kamala Harris, considérée comme une solide prétendante à l’investiture du parti démocrate en 2020, a mis fin à sa candidature mardi, en invoquant un manque de fonds.

« Je ne suis pas milliardaire. Je ne peux pas financer ma propre campagne », a-t-elle écrit dans un courriel à ses partisans. « Et au fur et à mesure de la campagne, il devient de plus en plus difficile de ramasser l’argent dont nous avons besoin pour être compétitifs.»

Kamala Harris devient le deuxième candidat majeur à abandonner la course primaire avant l’Iowa, rejoignant Beto O’Rourke, qui s’est retiré le mois dernier après avoir échoué à obtenir des appuis importants et avoir manqué d’argent.

Pourquoi Mme Harris s’est-elle effondrée ?

Trois raisons me viennent immédiatement à l’esprit :

  1. elle a reçu trop d’attention imméritée trop tôt
  2. elle est une flic avec un passé qui ne plaît pas aux électeurs démocrates des élections primaires, et
  3. elle n’était pas à la hauteur face à la Représentante Tulsi Gabbard, qui a pratiquement démoli sa campagne en direct à la télévision en la dénonçant comme étant une hypocrite.

1. Kamala Harris n’était pas la candidate du consensus que présentaient les médias

Comme M. O’Rourke, Mme Harris a obtenu l’attention des médias et des initiés de Washington beaucoup trop tôt. Ils l’ont vue comme une sorte de candidate totémique qui pourrait rassembler tous les éléments disparates du Parti démocrate et recréer la coalition qui existait autour d’Obama. Ils l’ont présentée comme étant une femme «noire», une procureure expérimentée qui a remporté un siège au Sénat en Californie, une libérale pragmatique avec des positions juste à la gauche de Joe Biden.

‘Establishment démocrate l’accepterait et, avec un peu de proxénétisme stratégique, les militants gauchistes de la base l’accepteraient aussi, comme le veut la sagesse populaire.

Mais elle n’a jamais dépassé les 15% d’appuis obtenus en juillet dernier, après avoir attaqué Joe Biden concernant son appui à la déségrégation raciale des autobus scolaires, lors du premier débat démocrate, une prise de position à laquelle elle a renoncé plus tard, s’exposant à des accusations de cynisme et de manque de sincérité.

Ses appuis ont chuté par la suite, et depuis le début du mois d’août, elle n’a pas obtenu d’appuis dépassant 10%. Au cours des dernières semaines, ses appuis ont chuté sous les 4 %. Tout comme Beto O’Rourke, qui, malgré une couverture médiatique flatteuse, n’a jamais attiré beaucoup de supporters.
Il y a un an, Mme Harris et M. O’Rourke étaient considérés comme les numéro un et deux du champ démocrate, même s’ils étaient loin derrière Joe Biden et le Sénateur Bernie Sanders.

Le fait que les médias et Twitter les aient montés en épingle et que les deux aient été si tôt brûlés suggère qu’ils ont organisé leurs campagnes autour d’une couverture médiatique favorable et de moments-clés au lieu de comprendre la complexité du terrain démocrate et d’adopter un cheminement susceptible de les mener à la nomination.

2. Kamala Harris est un flic

Pourquoi Mme Harris n’a-t-elle pas réussi à obtenir des appuis? Peut-être est-ce parce qu’elle n’est jamais devenue la candidate que l’Establishment médiatique pensait qu’elle était et qu’elle a plutôt profité de chaque occasion pour afficher ses pires instincts, comme son numéro agaçant de «présidente des gourmets» , ou lorsqu’elle a tenté de faire interdire le Président Trump sur Twitter.

En parlant d’interdiction, comme mon collègue David Marcus l’a fait remarquer en janvier dernier, Mme Harris s’est présentée très tôt comme étant la reine de l’interdiction : «En plus d’interdire l’assurance-maladie privée, Kamala Harris veut aussi interdire les collèges privés, les armes d’assaut, les combustibles fossiles, les voitures personnelles et, vraisemblablement, les membres des Chevaliers de Colomb qui servent comme juges fédéraux ».

Mme Harris pensait sans doute qu’une approche draconienne de ces questions plairait à la base gauchiste du Parti Démocrate, qu’elle savait naturellement méfiante à son égard. Mais c’était un mauvais pari pour une candidate qui essayait de passer sous silence son passé de procureure sévère et pragmatique qui, par exemple, a mis plus de 1 500 personnes en prison pour avoir fumé de la mari, et ensuite s’est moqué d’eux.

3. Tulsi Gabbard, une tueuse de flics

Ce qui nous amène à Tulsi Gabbard.

Plus que n’importe quel autre candidat, l’attitude de Mme Gabbard à l’égard de Mme Harris lors des débats a révélé non seulement l’hypocrisie de Mme Harris, mais aussi son côté susceptible et l’inimitié qu’elle inspire généralement.

Lorsque Mme Gabbard a attaqué Mme Harris sur son passé de procureure générale de la Californie lors du débat, fin juillet, pour avoir emprisonné des consommateurs de marijuana, bloqué des preuves qui auraient permis la libération d’un condamné à mort et maintenu des gens en prison afin qu’ils soient utilisés comme main-d’œuvre bon marché par l’État de Californie, cette dernière, visiblement agitée, a répondu qu’elle était fière de son bilan et que prendre de telles décisions comme procureur est beaucoup plus difficile que de faire de «beaux discours ». L’échange en est arrivé à résumer une candidature qui manifestement ne tenait pas la route. Du temps que Kamala Harris en arrive à changer sa position sur la légalisation de la marijuana et sur la réforme des peines obligatoires, il était devenu évident qu’elle ne tenait pas à ses principes et qu’elle était prête, comme Hillary Clinton, à changer son point de vue pour en adopter un susceptible de l’avantager sur le plan politique.

C’est ce qui a vraiment démoli sa campagne. Les présidentielles de 2016 aurait dû enseigner à nos élites politiques et médiatiques que les électeurs détestent ce genre de choses. La victoire de Trump aux élections primaires du GOP et contre Clinton en général a été motivée avant tout par le dégoût des électeurs pour la politique comme à l’accoutumée et par une aversion profonde pour le genre de flatterie cynique qui a marqué toute la campagne de Kamala Harris.

* John Daniel Davidson est le rédacteur politique du Federalist.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Source : The Federalist

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