Publié par Jean-Patrick Grumberg le 17 décembre 2019

Le rejet massif des propositions socialistes de Corbyn, même dans les anciennes régions minières du nord, a envoyé une onde de choc dans toute l’Angleterre. Un peu comme si le 16e arrondissement de Paris, subitement, votait massivement communiste.

Des experts triés sur le volet ont été invités sur les plateaux télévision pour dire aux gens de ne pas trop réfléchir par eux-mêmes et de leur faire confiance. Leur avis prime, vous dit-on. La preuve ? Ils ont prédit que Johnson serait facilement éliminé, et que grâce à Corbyn, les travaillistes ont retrouvé une belle dynamique et remporteront l’élection.

Tu parles Charles, quelle dynamique !

Un militant syndical, travailliste de toujours, et pompier de Londres du nom de Paul Embery, explique pourquoi, pour la première fois, il n’a pas voté pour son parti.

Il en donne une explication limpide. Bien plus cohérente pour comprendre le raz-de-marée qui a emporté Corbyn. Et vous ne lirez pas cela dans le « quotidien de référence », ni dans la bouche de Mélenchon — pour lui c’est la faute aux Juifs.

La classe ouvrière souhaite quelque chose de plus que la simple sécurité économique. Elle veut aussi la sécurité culturelle

Les résultats des élections de la semaine dernière ont peut-être choqué les médias, mais ils ne surprennent pas ceux qui ont été attentifs et qui n’ont pas été aveuglés par l’idéologie ou le fanatisme.

Certains d’entre nous avaient depuis longtemps averti que les électeurs de la classe ouvrière à travers la Grande-Bretagne post-industrielle et les petites villes, devenaient de plus en plus aliénés par le parti, mais nous nous cognions la tête contre un mur en briques.

Les travaillistes « woke » qui dominent maintenant le parti ne nous ont pas écoutés.

Ils croyaient qu’il suffirait d’insister constamment sur les inégalités économiques pour amener le parti à la victoire.

Ce faisant, ils ont fait une grave erreur de calcul.

Ils n’ont pas compris que les électeurs de la classe ouvrière souhaitent quelque chose de plus que la simple sécurité économique. Ils veulent aussi la sécurité culturelle.

Ils veulent que les politiciens respectent leur mode de vie, leur sentiment d’appartenance et d’appartenir. Élever les concepts du monde réel comme le travail, la famille et la communauté, au-dessus de concepts nébuleux, comme la diversité, l’égalité et l’inclusion.

En s’immergeant dans la croyance destructrice de la politique identitaire, et en défendant des politiques telles que l’ouverture des frontières, le parti travailliste s’est placé sur une tout autre longueur d’onde que des millions de personnes dans les provinces britanniques, sans le soutien desquelles il ne pourrait tout simplement pas gagner le pouvoir.

En fin de compte, les travaillistes ont perdu une guerre culturelle qu’ils ne réalisaient même pas qu’ils livraient.

On ne pourrait pas écrire la même chose pour la France : la dernière élection a prouvé qu’un Macron peut attirer une majorité assez grande pour gagner une élection. La population française qui se situe tout en bas de l’échelle des salaires n’est pas même capable de comprendre que les migrants sont la première cause de leurs bas salaires, de la stagnation de leurs emplois, de leur insécurité, de leur précarité, de leur pauvreté, et du taux de chômage dramatique de leurs enfants. Et ils sont les premiers à applaudir ceux qui les remplacent.

Mais on peut écrire exactement la même chose pour les Etats-Unis. En fait, Donald Trump a validé l’histoire de ces dizaines de millions d’Américains fatigués par la politique identitaire, le politiquement correct et les toilettes pour transsexuels. Et la merveilleuse nouvelle, même si leur folie a de quoi en mettre beaucoup sur les nerfs, c’est que les Démocrates ne comprennent pas ce qui se passe, renvoyés à leur propre égo par des médias militants, plus extrémistes qu’eux.

Mais remplacez travaillistes par Parti Démocrate dans le texte d’Embery, et vous avez tout juste.

Ce que le militant travailliste britannique décrit ressemble exactement à ce qui se passe ici. Et c’est pourquoi l’élection britannique est prémonitoire pour l’Amérique et pas pour la France, où pourtant la gauche a perdu la bataille des idées, et définitivement celle de la culture française.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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