Publié par Jean-Patrick Grumberg le 24 décembre 2019

Karl Lagerfeld : “On ne peut pas, même s’il y a des décennies entre, tuer des millions de juifs pour faire venir des millions de leurs pires ennemis après.”

Karl Lagerfeld se trompait. On peut faire venir des millions des pires ennemis des juifs. Mais cette fois, les juifs n’attendront pas d’être tués. Ils partent.

Cette semaine, un millier d’élèves d’écoles juives françaises sont arrivés en Israël dans le cadre du Bac « Bleu Blanc », un projet de l’Agence juive.

” La France n’est plus notre place. Mon projet est de faire en sorte que tous mes étudiants émigrent en Israël » dit ce directeur d’école juive.

Pour rappel, l’assassin antisémite musulman de Sarah Halimi vient d’être innocenté. Juste après lui, le caractère antisémite de la très violente agression d’un étudiant israélien, à Paris, qui a été reconnu comme étant Israélien par son agresseur parce qu’il parlait hébreu au téléphone, n’a pas été retenu.

Tous les jeunes juifs devraient déménager

Paul Fitoussi, directeur d’école : « Nous n’organisons plus de sorties pour les étudiants parce qu’ils leur jettent des pierres. »

Les directeurs d’écoles juives en France encouragent leurs élèves à déménager en Israël — la situation doit être inquiétante, pour qu’ils mettent ainsi en danger l’équilibre économique de leurs écoles — en raison à la fois de l’augmentation des attaques violentes antisémites dans le pays, a rapporté le site israélien Ynet (1), mais aussi en raison du sentiment d’impunité des coupables, tous musulmans, et du biais anti-israélien à la télévision, qui fait passer les Israéliens pour des criminels, des monstres, des tueurs en série, et incite les jeunes des banlieues à plus de violence que leur haine des juifs leur inspire, contre ceux qu’ils perçoivent comme coupables par association.

  • ” Je pense que tous les juifs devraient déménager en Israël », a déclaré Paul Fitoussi, le directeur de l’école Yavne à Marseille. « Nous n’organisons déjà plus de sorties pour les étudiants parce qu’ils leur jettent des pierres ou les traitent de sales juifs. »

Paul Fitoussi, directeur de Yavne à Marseille

” La France n’est plus notre place. La jeune génération doit partir. Deux de mes filles ont déjà déménagé à Be’er Sheva [NDLR ville étudiante située au sud d’Israël], et j’encourage ma troisième à faire de même.

Une majorité écrasante de juifs — même les stupides idéologues de gauche — pensent que la France n’est plus sûre pour eux. Mais partir, pour un Français, c’est quitter l’Etat nounou qui vous prend en charge. C’est compliqué, risqué, hasardeux pour beaucoup. C’est un plongeon dans l’inconnu. En fait, c’est selon moi, qui ait quitté la France il y a bien longtemps, la dernière grande aventure humaine offerte à un Occidental. Et peu y sont vraiment prêts, et je trouve vraiment cruel, injuste et irrespectueux de les blâmer.

Pour les jeunes générations, en revanche, c’est une autre histoire. Je suis même tenté de dire que c’est tout l’inverse. D’un côté, le taux de chômage décourageant que leur promet la France, l’obligation pour eux d’accepter des métiers qui ne correspondent pas à leur projet, de l’autre, le plein emploi, le dynamisme des pays étrangers : Canada, Grande-Bretagne, Etats-unis, Australie, Nouvelle-Zélande, etc., et pour Israël, les métiers de la haute technologie, secteur porteur et dans lequel Israël excelle.

Yoav Zanuv, école Akiva, Strasbourg

  • Yoav Zanuv, un élève de l’école Akiva à Strasbourg, a déclaré qu’il ne se sent pas en sécurité en France. « À cause des musulmans, il y a des quartiers où l’on ne peut pas entrer avec une kippa », a-t-il rappelé à ceux qui l’ignorent encore — à supposer qu’il en reste.
  • Lena Salem, une Marseillaise de 17 ans, a dit qu’elle « cache son étoile de David et d’autres marqueurs juifs. Je ne veux pas être la jeune fille juive religieuse qui se fait attaquer dans le métro ou dans des mauvais quartiers. J’ai toujours une bombe lacrymogène avec moi. » Il est facile de se mettre à sa place et d’imaginer comme il est difficile, voire impossible, d’envisager son futur dans un tel contexte hostile. Quant à avoir des enfants quand on est soi-même une proie, n’en parlons pas.

    “Quand j’ai vu la profanation du cimetière juif, j’ai pensé que je n’avais pas d’autre endroit à appeler le mien qu’Israël », dit encore Lena Salem.

    Sa remarque m’inspire une pensée prévenante pour les Français catholiques qui voient leurs cimetières fréquemment profanés. Certes, ils ne sont pas les cibles principales des agressions racistes de la minorité visible, mais qu’ont-ils comme option, dans un pays qui ne les aime plus, ne les défend plus, jette leur culture aux orties, et qu’ils aiment en retour ?
  • Audrey T., 17 ans, de l’école juive Ort Marseille, raconte qu’en septembre dernier, elle était assise avec son amie sur un banc devant l’école lorsque trois voyous lui ont tiré les cheveux.

    “Ils ont commencé à la battre et à la frapper » explique Audrey, qui décrit comment les deux ont été choquées et ont été « figées sur place, de peur. »

    Finalement, un des professeurs est arrivé et les a aidées.

    Elles sont allées porter plainte à la police, mais ça n’a rien donné.

    ” Depuis, dit Audrey, j’ai commencé à avoir peur chaque fois que je prenais le bus ou que je m’asseyais dans un parc public. J’avais peur d’être attaquée. Dans le passé, je ne pensais pas vraiment à mon identité juive, mais depuis, j’y pense beaucoup”.

Fitoussi a encore déclaré à Ynet qu’il ne permet pas à ses élèves de « manger ou de prendre des cours de gym à l’extérieur de l’école ». Plus d’une fois, quelqu’un a jeté des pierres sur des élèves ou les a traités de « sales juifs ».

Yoni Elimelech, directeur-adjoint Paris

  • Yoni Elimelech : Aujourd’hui, la communauté juive de France vit dans un ghetto. « Si vous êtes dans votre quartier, tout va bien. Mais si vous en sortez un peu, gare à vous. »

” Bien que cela puisse paraître étrange, le fait que nous encouragions les gens à s’installer en Israël est pour nous tout à fait naturel », a déclaré Yoni Elimelech, directeur adjoint de l’école Otzar Ha’Torah dans le 13e arrondissement de Paris.

Je pense que tout garçon ou fille de 18 ans vivant en France devrait aller en Israël. »

Elimelech ajoute que la semaine dernière encore, il a accueilli une écolière d’une école publique du 19e district, victime du harcèlement antisémite en raison de la présence de nombreux musulmans.

Moshe Touitou

  • Moshe Touitou, directeur d’une autre école juive, explique que certains de ses élèves ont été attaqués pendant un cours de gym.

” Plusieurs jeunes se sont approchés d’eux, l’un d’eux tenait un couteau et il a poignardé un étudiant qui a depuis émigré en Israël. Il y a beaucoup d’étudiants qui sont passés des écoles publiques à nous à cause de l’antisémitisme. Mon projet est de m’assurer que tous mes élèves émigrent en Israël. »

On se souvient encore des propos de ce proviseur, il y a quelques années, qui a conseillé aux parents d’un enfant juif de ne pas inscrire leur fils dans son école, expliquant qu’il ne pourrait pas assurer sa sécurité, que ce soit dans l’enceinte de l’établissement ou, surtout, à l’extérieur.

Programme « Bac Blanc Bleu »

Fitoussi, Touitou et Elimelech sont actuellement en voyage en Israël dans le cadre du programme « Bac Blanc Bleu ».

Avec ce programme sur-mesure, un millier de lycéens juifs de France, de 26 écoles différentes, sont en ce moment en Israël. Au cours de leur visite, ils seront exposés au système académique israélien pour les encourager à émigrer.

Je ne suis pas certain qu’une seule visite leur permette de voir cette différence idéologique fondamentale entre les deux pays : en France, le système est organisé autour du professeur. En Israël, l’étudiant est au cœur du système. Mais ce qu’ils verront, c’est que personne ne leur jettera des pierres dans la rue.

Les étudiants français sont invités à découvrir des universités telles que l’Université hébraïque de Jérusalem (très à gauche hélas) et le Technion — Institut de Technologie d’Israël à Haïfa. IDC Herzlyia, une université privée à l’Américaine (en dix fois moins cher) devrait être ajouté au programme des visites, leur campus est magnifique, la qualité de l’enseignement exceptionnelle, et dépasse déjà la plupart des universités publiques. Là, ils rencontreront d’autres émigrants français qui travaillent dans le domaine de la haute technologie en Israël.

Après ces visites de découverte, 40 % des étudiants font le saut et déménagent en Israël.

Amos Hermon, PDG de « The Israeli Experience » qui organise ces séjours-découvertes, a déclaré :

” Ces dernières années, nous avons constaté une augmentation de la tendance antisémite en Europe dans son ensemble et en France en particulier.

“The Israeli Experience” travaille à encourager les jeunes en France à mieux connaître Israël, et à notre grande joie, beaucoup décident d’immigrer. »

Source : https://www.ynet.co.il/articles/0,7340,L-5646366,00.html

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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