Publié par Magali Marc le 25 janvier 2020

Les sondages récents montrent que 47% à 50% d’Américains seraient en faveur de la destitution de Donald Trump. Quelle foi peut-on accorder à ces sondages ? D’après l’expert Loyd Pettegrew, aucune.

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit l’article de Loyd Pettegrew* paru sur le site de Townhall, le 24 janvier.

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Pourquoi on ne peut pas croire les sondages concernant Trump

De nombreux conservateurs sont préoccupés par les résultats des sondages concernant les questions qui les préoccupent, en particulier la question de la popularité du Président Trump.

Ainsi, le dernier sondage de CNN révèle que 51 % des électeurs pensent que le Président devrait être destitué. Quel crédit les conservateurs doivent-ils accorder à ce type de sondage?

On attribue à Mark Twain le mérite d’avoir introduit dans la langue vernaculaire américaine la phrase « Des mensonges, des maudits mensonges et des statistiques ». L’un des mensonges les plus répandus que les gens prennent pour acquis, est le résultat des sondages politiques, surtout avec l’arrivée de Donald Trump sur la scène politique.

La plupart des sondages le montrent derrière la myriade de candidats en lice pour représenter les Démocrates aux élections de 2020. Mais l’American Association for Public Opinion Research (association américaine pour les études d’opinion publique) confirme que « les sondages nationaux en 2016 ont eu tendance à sous-estimer le soutien de Trump bien plus que celui d’Hillary Clinton ».

Nous sommes inondés de sondages concernant le taux d’approbation du Président Trump et sur la façon dont les gens sont susceptibles de voter lors des élections de 2020. Ces sondages sont de mauvais augure pour le Président, mais lui n’y croit pas et nous ne devrions pas y croire non plus.

En tant qu’universitaire, je dirigeais un centre de recherche qui réalisait des sondages d’opinion au niveau local, national et étatique, et j’ai pris un an de congé de mon université pour travailler avec Lou Harris, le fondateur de la firme Harris Poll.

Le syndrome de la «désirabilité sociale»

La raison pour laquelle nous ne devrions pas croire la plupart des résultats actuels ou futurs des sondages concernant le Président Trump peut se résumer en deux mots : la désirabilité sociale.

La désirabilité sociale est un concept avancé pour la première fois par le psychologue Allen L. Edwards en 1953. Il avance l’idée que lorsqu’on les interroge sur une question dans un contexte social donné, les gens répondront toujours d’une manière conforme à la norme socialement désirable, qu’ils y croient ou non.

Les sondages politiques, qu’ils soient effectués par téléphone ou en ligne, constituent un cadre social. Les personnes interrogées savent qu’il existe un public qui pose les questions et surveille leurs réponses. Par conséquent, malgré la véritable conviction d’un répondant, beaucoup répondront aux questions du sondage d’une manière qui peut sembler plus acceptable socialement, ou ne répondront pas du tout.

Lorsqu’il s’agit du Président Trump, les médias grand public et les universitaires nous ont amenés à penser qu’il n’est pas socialement souhaitable (ou politiquement correct) de l’appuyer.

Face à cette situation, la plupart des conservateurs font l’une des trois choses suivantes 1) Ils disent qu’ils soutiennent quelqu’un d’autre alors qu’ils appuient réellement le président (mensonge) ; 2) Ils disent la vérité malgré l’indésirabilité sociale de leur réponse ; 3) Ils refusent de participer au sondage (biais de non-réponse).

Cette situation a plusieurs conséquences pour les sondages concernant Donald Trump.

Tout d’abord, pour ce qui est des personnes faisant partie de l’échantillon initial qui ne veulent pas participer, le sondeur doit les remplacer par des personnes disposées à participer.

Si l’on suppose que ce segment est composé en grande partie de partisans de Trump, trouver des remplaçants représentatifs peut être long et coûteux, et augmente la marge d’erreur d’échantillonnage (MEE) tout en diminuant la validité du sondage.

La marge d’erreur des échantillons est la statistique de référence par excellence. Elle signifie que les résultats d’un sondage donné ne varieraient pas de plus de x % si l’ensemble des électeurs étaient interrogés.

Toutes choses étant égales par ailleurs, un sondage dont la marge d’erreur est de +2 % est plus crédible qu’un sondage dont la marge d’erreur est de +4 %, parce que son échantillon est plus important.

Un sondage immédiat sur des questions telles que la destitution du Président Trump peut apporter un soutien aux journalistes ayant un point de vue à diffuser, mais avec un petit échantillon et une marge d’erreur d’échantillonnage élevé, les résultats ne méritent pas qu’on y consacre du temps et de l’attention.

Certains enquêteurs politiques contournent souvent la nécessité d’un échantillonnage répété au cours d’une élection en formant un panel de personnes qui correspondent aux caractéristiques démographiques (appartenance à un parti, âge, sexe, race, lieu, etc.) des électeurs inscrits.

Les sociétés de sondage rémunèrent souvent les membres du panel et les utilisent tout au long du cycle électoral.

Ces panels demeurent cependant soumis aux effets de la désirabilité sociale et à l’erreur liée à la substitution initiale.

Le biais d’interprétation

Un autre facteur à prendre en considération est l’institution qui mène le sondage et ceux qui communiquent les données. Leurs sensibilités progressistes pèsent sur la balance. D’après mon expérience, les sondages réalisés par les sociétés de médias sont moins crédibles, car elles sont souvent coupables des mêmes préjugés que ceux que l’on retrouve dans leurs reportages. Le parfait exemple en est le “Poll Watch” du New York Times, qui fournit une revue hebdomadaire de leur sondage politique.

Selon mon expérience, le Poll Watch reflète fortement les opinions négatives du Times concernant le président Trump et les idées conservatrices, ainsi que la forte partialité politique du journal.

Même la firme de sondage Harris, du vivant de Lou, a quelque peu souffert de ce parti pris.

Lou Harris a été la première personne à mener un sondage politique sérieux au niveau national et on lui attribue le mérite d’avoir donné à John Kennedy l’avantage concurrentiel sur Richard Nixon lors des élections de 1960.

Il a rendu les sondages politiques incontournables pour les futures élections.

Alors que de nombreuses personnes soulignaient la mine ombrageuse de Nixon pendant le débat télévisé, Lou Harris a donné à Kennedy le véritable avantage concurrentiel – une compréhension plus complète des questions que les électeurs jugeaient les plus importantes et sa façon d’adapter ses propositions politiques à cette fin.

J’ai travaillé pour Lou entre 1999 et 2000. Pendant la saison électorale, nous recevions les tabulations quotidiennes. Bien que les résultats aient été impeccables, Lou interprétait ces chiffres sur NPR et dans d’autres médias d’une manière qui montrait clairement son parti pris démocrate.
Son vœu qu’Al Gore batte George W. Bush colorait son interprétation de la signification des chiffres.

Finalement, par une marge très mince, Bush a pris la Maison Blanche et Gore a été relégué à ses «vérités environnementales gênantes».

De même, les élections de 2016 ont vu Trump battre la favorite, Hillary Clinton, par une marge électorale significative, malgré le fait que la grande majorité des sondages aient donné à Mme Clinton un avantage de 3 à 5%.

Où en sommes-nous?

Les sondages d’opinion publique ne sont pas de la science de pacotille, même si, dans certaines entreprises, ils peuvent l’être.

Des sociétés comme Gallup et Pew font constamment un bon travail de chronique de l’opinion politique en Amérique. C’est que ces instituts de sondage ne travaillent pas pour des sociétés de médias et utilisent de grands échantillons nationaux provenant des listes électorales actuelles ; ils ont également tendance à ne pas peser sur la balance pour influencer l’interprétation des données.

Le Président Trump n’est pas un président comme les autres et la plupart de ses partisans ne participent pas aux sondages politiques. Même les propres enquêteurs de M. Trump ont été surpris par sa victoire en 2016. Nous ferions bien, en ces temps de division, d’ignorer les sondages d’opinion politique, car ils continueront à faire beaucoup de bruit pour rien. Veillez simplement à voter selon votre conscience et ce n’est l’opinion de personne d’autre que la vôtre qui est en jeu.

* Loyd Pettegrew, Ph.D., est professeur émérite à l’Université de Floride du Sud à Tampa

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Source :

https://townhall.com/columnists/loydpettegrew/2020/01/24/why-we-shouldnt-believe-polling-about-trump-n2559990

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