Publié par Abbé Alain René Arbez le 23 mars 2023

Il existe un courant du christianisme qui méprise la raison humaine. Or, une foi aveugle n’est pas un chemin vers la Vérité. Si nous prenons vraiment en compte la démarche biblique, nous constatons que l’accès à la présence de Dieu en ce monde est d’abord une connaissance par la raison.

L’être humain est « capax Dei », car Dieu lui est accessible, simplement en admirant la création et ses merveilles.

Dans la tradition hébraïque, Dieu est d’abord connu par sa création, puis cette connaissance s’affine lorsqu’est révélé que le Dieu créateur est aussi un Dieu sauveur. En s’émerveillant devant la symphonie de la création, l’être humain réfléchit et désire accéder au chef d’orchestre de cette œuvre grandiose. Le terme hébreu est « iada », connaître. Il y a donc une connaissance qui précède la croyance.

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L’apôtre Paul dans l’épître aux Romains va jusqu’à dire que l’existence de Dieu est perceptible à partir de la création, et les peuples païens eux-mêmes peuvent en avoir une relative perception. Cette vision a été celle de docteurs de la foi comme Thomas d’Aquin, Albert le Grand, Bonaventure, Duns Scot et d’autres. Le concile Vatican I réaffirme en 1870 que l’existence de Dieu est accessible à la raison humaine qui cherche à décrypter le mystère de l’univers.

Dans la ligne des affirmations de Martin Luther, certains estiment que la foi est totalement dissociée de l’intelligence humaine. « Sola Fides ! ». Le littéralisme biblique s’inspire de cette manière de voir, et tout texte inspiré est reçu sans possibilité de recul critique.

Croire est alors conçu comme un don de Dieu vertical auquel l’être humain ne coopère pas. Or la foi n’est pas une attitude passive, elle est aussi un acte de l’intelligence, qui nous a été confiée par Dieu avec le libre arbitre. La pensée rationnelle doit jouer un rôle actif dans la démarche de la foi. La raison a toute sa place dans l’approfondissement de la foi, c’est ce qui garantit la protection du libre arbitre, la protection de la dignité de l’existence biologique, physique, corporelle, face à ceux qui la dévalorisent sur des aprioris erronés : les gnostiques, les manichéens, les cathares, et autres courants hostiles à l’incarnation. Précisément, l’islam s’est fossilisé lorsque contre les Mutazilites il a refusé la présence de la raison dans la démarche de sa foi. Ce qui a justifié le fanatisme obscurantiste du jihad.

Il faut tout de même rappeler que cette posture où la foi et la raison sont interactives n’est pas une déviance ou une lubie prétentieuse des temps modernes. Elle remonte à l’attitude basique du croyant dans la tradition biblique originelle.

La relation à Dieu dans le Premier Testament est souvent présentée comme un questionnement qui implique la réflexion de l’homme. Le premier dialogue entre Dieu et l’homme apparaît dans la Genèse sous la forme « Adam, où es-tu ? » question existentielle et non géographique. Dans l’Exode, Moïse se pose des questions en voyant le buisson ardent, et Dieu se révèle à lui parce qu’il s’est interrogé face à un feu qui ne détruit pas. Au désert, le peuple nourri par la manne venant du ciel  s’est demandé « Man hou ? Qu’est-ce que c’est ? ».

Lorsque l’on commémore la sortie d’Egypte avec la haggada, le rituel prévoit une série de questions sur le sens de l’événement. Questionner signifie exercer sa liberté par le raisonnement. S’interroger sur Dieu et sur sa présence aux côtés de l’homme revient à comprendre qu’il est à la fois le Tout Autre et le Tout proche.

« Fides quaerens intellectum », la foi recherche l’intelligence des réalités. Elle ne peut se développer en répudiant la raison. Ce nécessaire dialogue entre foi et raison a été mis en lumière par le pape Jean Paul II et surtout par son successeur Benoît XVI. Lors de son intervention à l’université de Ratisbonne le grand théologien a démontré que la foi sans la raison conduit à des aberrations, prenant en exemple le cas de l’islam qui justifie d’avance tout ce qu’Allah est censé exiger de ses adeptes sans intervention de la raison humaine. Certes la foi est un don d’En-Haut, une grâce, mais l’être humain, le récepteur, bénéficie de sa raison pour approfondir cette voix intérieure et développer, à partir de la Parole de Dieu, la compréhension de soi-même, du monde et des autres. Jésus lui-même pose une question : « qui sont ma mère, mes frères, mes sœurs ? Ceux qui sont à l’écoute de la Parole de Dieu »

Dieu continue de parler aux êtres humains par sa création, aux croyants par sa Parole. Si l’émetteur est fidèle, les récepteurs sont souvent parasités par des ondes malsaines dans un tohu bohu idéologique et médiatique éprouvant. Ce n’est pas pour autant qu’il faille désespérer de la raison humaine, que la grâce divine du Créateur-Sauveur n’abandonnera jamais.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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