Publié par Jean-Patrick Grumberg le 5 janvier 2020

Huit ans avant qu’il dirige l’attaque de l’ambassade des Etats-Unis de Bagdad en décembre dernier, Hadi al-Amiri était l’invité du président Barack Obama dans le bureau Ovale à la Maison-Blanche.

Hadi al-Amiri était le ministre irakien des transports sous le Premier ministre de l’époque, Nouri al-Maliki, et il faisait partie de la délégation de Maliki qui s’est rendue à la Maison-Blanche en décembre 2011, dans le Bureau ovale.

Celui qui a dirigé le siège de l’ambassade américaine à Bagdad, soutenu par l’Iran, a été accueilli à la Maison Blanche par Barack Obama il y a huit ans avant de devenir l’un des « hommes » de Téhéran en Irak.

Al-Amiri est l’un des responsables de l’attaque contre l’ambassade des États-Unis à Bagdad, qui a été prise d’assaut et incendiée par des militants pro-iraniens. Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a partagé une photographie d’Amiri avec les émeutiers, le désignant comme « mandataire iranien » et qualifiant les personnes qui se trouvaient à ses côtés de « terroristes ».

Chef d’une faction chiite pro-iranienne de premier plan, Amiri exerce un grand pouvoir au sein des Forces de mobilisation populaire (FMP) sanctionnées par l’État irakien. Il a été désigné par Pompeo avec trois autres personnes, comme le meneur du siège.

La facilité avec laquelle Amiri et les autres commandants ont traversé la zone verte fortement fortifiée, a alarmé les responsables américains, qui avaient noté la présence accrue de ses milices autour des bâtiments diplomatiques ces dernières semaines.

Ancien combattant qui s’est battu pour Téhéran dans la guerre Iran-Irak, Amiri a été accusé de terrorisme contre les Etats-Unis, d’avoir aidé l’Iran à expédier des armes à Bachar al-Assad en Syrie, et il a été photographié en train de s’incliner devant le Guide suprême de la République islamique, l’Ayatollah Ali Khamenei.

En tant que commandant du Badr Corps, un vassal iranien au sein du FMP, les hommes d’Amiri ont également aidé les Etats-Unis dans leur lutte contre ISIS en 2014 et 2015. Mais une récente série d’attaques de missiles par la branche Kataeb du Hezbollah du FMP, qui a culminé avec la mort d’un entrepreneur américain sur une base américaine au nord de Bagdad, a révélé que les amis d’Obama et de John Kerry dans la région peuvent rapidement devenir des ennemis.

Le président Donald Trump a ordonné aux jets de l’armée américaine de frapper les bases du Hezbollah de Kataeb, et 25 terroristes ont été tués. Amiri, qui était parmi les milliers de personnes qui ont afflué aux funérailles des terroristes dans la capitale irakienne, a ensuite été le leader des foules qui se sont précipitées à travers la zone verte et ont fait une brèche dans l’ambassade américaine.

Une invitation à la Maison-Blanche qui passe mal

L’homme de 65 ans avait déjà été remarqué comme « très préoccupant » par des membres du Congrès lorsqu’il avait été invité par Obama en 2011.

  • La députée Ileana Ros-Lehtinen, alors présidente de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, avait déclaré au Washington Times qu’il était « extrêmement inquiétant que la Maison Blanche juge bon d’accueillir Al-Amiri dans une discussion sur l’avenir de l’Irak ».

    Au lieu de l’invitation d’Obama, sa place était plutôt dans une salle d’interrogation du FBI et d’autres organismes américains chargés la lutte contre le terrorisme.
  • Le général James Mattis a déclaré que sans des alliés comme Amiri au sein du gouvernement irakien, le gouvernement d’Assad se serait effondré dans les premières années de la guerre civile syrienne.
  • Louis J. Freech, directeur du FBI sous l’administration Clinton et dans les premiers mois de l’administration Bush, avait été choqué par le fait qu’Obama ait permis à Amiri de mettre un pied à la Maison Blanche.

    Il l’avait condamné à l’époque en disant qu’Amiri, avec l’IRGC, était engagé dans « d’innombrables actes de terrorisme, qui sont des actes de guerre contre les Etats-Unis ».

    Freech a également déclaré qu’il aimerait « s’asseoir et parler avec lui (Amiri), lui montrer des photos et lui poser des questions », en ce qui concerne l’attentat à la bombe contre les tours Khobar en 1996, qui a tué 19 membres de l’USAF en Arabie saoudite.

L’administration Obama avait minimisé la présence d’Amiri à Washington, soulignant les rencontres que George W. Bush avait tenues avec des Irakiens « peu recommandables » dans l’engagement contre Saddam, dont le dirigeant du SCIRI Sayyed Abdul Aziz al-Hakim en 2006.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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