Publié par Magali Marc le 5 février 2020

Khaled Abu Toameh, du Gatestone Institute, souligne que les Arabes d’Israël ne veulent pas être «annexés» dans un futur État palestinien parce qu’ils préfèrent demeurer libres. C’est pourquoi ils rejettent le plan de paix de Donald Trump. C’est bien beau, mais dans quel pays arabo-islamiste trouve-t-on la saine habitude de respecter les droits des personnes? Khaled Abu Toameh reconnaît que les Arabes Israéliens doivent élire des dirigeants à la Knesset qui cesseront d’agir contre les intérêts de leurs électeurs et de s’engager dans une rhétorique et des actions anti-Israël. 

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit l’article de Khaled Abu Toameh*, paru sur le site du Gatestone Institute, le 4 février.

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La vraie raison pour laquelle les Arabes d’Israël ne veulent pas vivre en «Palestine».

Les citoyens arabes d’Israël, qui sont près de deux millions, sont en colère contre le plan pour la paix au Moyen-Orient du président américain Donald Trump, qui propose d’inclure certaines de leurs communautés dans un futur État palestinien.

Depuis le dévoilement de ce plan, des milliers d’Arabes ont manifesté pour exprimer leur rejet de l’idée de les placer sous la souveraineté d’un État palestinien.

Le plan « De la Paix à la prospérité» de M. Trump propose des échanges de territoires qui pourraient inclure à la fois des zones peuplées et non peuplées. Il suggère que la zone dite du Triangle en Israël, constituée de plusieurs communautés arabes « qui s’identifient en grande partie comme palestiniennes, deviennent partie intégrante de l’État de Palestine ». Le plan souligne que les communautés arabes « étaient censées à l’origine tomber sous le contrôle de la Jordanie lors des négociations de la ligne d’armistice de 1949, mais sont finalement demeurées sous la juridiction d’Israël pour des raisons militaires qui se sont atténuées depuis ».

Pourquoi les 250 000 Israéliens arabes vivant dans la région du Triangle sont-ils fortement opposés à l’idée de faire partie d’un État palestinien ?

La principale raison pour laquelle les Arabes d’Israël ont peur de devenir des citoyens palestiniens est qu’ils savent que cet État palestinien sera tout sauf démocratique. De nombreux citoyens arabes d’Israël voient comment les Palestiniens vivant sous la férule de l’Autorité palestinienne (AP) en Cisjordanie et du Hamas dans la bande de Gaza sont soumis quotidiennement à des violations des droits de la personne.

En Israël, les citoyens arabes participent aux élections générales et ont leurs propres représentants à la Knesset. En Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, les Palestiniens sont privés d’élections libres et équitables depuis janvier 2006.

La lutte de pouvoir permanente entre l’AP et le Hamas a privé les Palestiniens du droit de voter pour les nouveaux membres de leur parlement, le Conseil législatif palestinien (CLP).

En outre, les Palestiniens sont privés du droit de voter pour un nouveau président depuis janvier 2005, lorsque Mahmoud Abbas a été élu pour un mandat de quatre ans. Le mois dernier, Abbas est entré dans la 16e année de ce mandat.

À la lumière du conflit actuel entre l’AP et le Hamas, les perspectives d’organiser de nouvelles élections présidentielles ou parlementaires restent nulles.

Alors que les Palestiniens n’ont plus de parlement en état de fonctionner depuis 2007, lorsque le Hamas a violemment pris le contrôle de la bande de Gaza après avoir renversé le régime de l’AP d’Abbas, les citoyens arabes d’Israël continuent de se présenter aux élections à la Knesset. La Knesset actuelle compte 14 parlementaires arabes.

Cependant, en dehors de la question des élections, les citoyens arabes d’Israël s’inquiètent surtout de devoir vivre dans un État palestinien qui supprime les libertés publiques, notamment la liberté d’expression et des médias.

Il ne se passe pas un jour sans que les citoyens arabes d’Israël n’entendent parler des conditions de vie difficiles auxquelles les Palestiniens sont confrontés sous l’autorité de l’AP en Cisjordanie et du Hamas dans la bande de Gaza. Les journalistes palestiniens, les défenseurs des droits de l’homme, les militants politiques et les étudiants universitaires sont régulièrement pris pour cible par l’AP et le Hamas.

C’est ce que craignent les citoyens arabes d’Israël.

Un récent rapport du Comité des familles des prisonniers politiques, basé en Cisjordanie, a révélé que les forces de sécurité de l’AP ont arrêté des dizaines d’étudiants universitaires au cours des derniers mois en raison de leurs activités politiques. Le rapport a documenté au moins 619 violations des droits des étudiants universitaires par les forces de sécurité de l’AP au cours des deux dernières années.

Les étudiants arabes qui sont citoyens d’Israël, quant à eux, sont libres d’organiser des manifestations sur les campus de ce pays sans avoir à se soucier d’être arrêtés ou convoqués pour un interrogatoire. La semaine dernière, par exemple, des étudiants arabes de l’Université de Tel-Aviv ont manifesté contre le plan Trump en scandant « La Palestine est arabe, du fleuve [Jourdain] à la mer [Méditerranée] ».

Cependant, les étudiants arabes palestiniens qui ne sont pas citoyens d’Israël et qui vivent dans les zones palestiniennes de Cisjordanie et de la bande de Gaza ne peuvent qu’envier les étudiants arabes israéliens qui sont libres de mener des activités politiques sur leurs campus.

Un autre rapport publié récemment a révélé que plusieurs étudiants arrêtés par les forces de sécurité de l’AP ont été brutalement torturés. La plupart des arrestations ont eu lieu à l’Université An-Najah, la plus grande université de la ville de Naplouse en Cisjordanie.

Les étudiants palestiniens vivant dans la bande de Gaza sous le régime du Hamas, où pratiquement tout le monde est arabe et non citoyen d’Israël, ne s’en sont pas mieux sortis. Les forces de sécurité du Hamas font régulièrement des descentes sur les campus universitaires et arrêtent des étudiants et des enseignants en raison de leurs activités politiques. L’un des campus qui a été fréquemment visé par le Hamas est l’université Al-Azhar dans la ville de Gaza. En novembre 2019, les forces de sécurité du Hamas ont également effectué un raid sur l’université de Palestine dans le nord de la bande de Gaza et ont arrêté plusieurs étudiants qui se préparaient à organiser un rassemblement politique sur le campus.

Alors qu’en Israël, les citoyens arabes sont libres de critiquer le gouvernement et les dirigeants israéliens, les Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza qui s’expriment contre l’AP ou le Hamas se retrouvent souvent derrière les barreaux.

En Cisjordanie, par exemple, un professeur qui ose critiquer Abbas peut se retrouver en détention pendant plusieurs jours.

Le professeur Abdel Sattar Qassem, qui critique ouvertement Abbas, a été accusé en 2016 d’«insulter» Abbas et a été maintenu en détention pendant plusieurs jours. La journaliste palestinienne Majdoleen Hassouneh a également été accusée d’avoir «insulté» Abbas sur Facebook.

Dans la bande de Gaza, le Hamas a arrêté des centaines d’opposants politiques au cours des dernières années. Même les comédiens palestiniens qui font des remarques sarcastiques sur le Hamas sont devenus des cibles régulières de la répression du Hamas contre la liberté d’expression.
Récemment, les forces de sécurité du Hamas ont arrêté l’humoriste Adel Mashoukhi après qu’il ait posté une vidéo sur les médias sociaux se moquant de la crise de l’électricité dans la bande de Gaza.

Il n’est donc pas étonnant que les citoyens arabes d’Israël soient extrêmement préoccupés par la perspective de vivre sous un État palestinien contrôlé par l’AP et le Hamas dans le cadre d’un éventuel transfert de terres.

Ces citoyens arabes d’Israël savent qu’une fois devenus citoyens d’un État palestinien, ils subiront le même sort que les Palestiniens vivant sous l’autorité de l’AP et du Hamas. Certains dirigeants de la communauté arabe en Israël qualifient même l’idée de devoir vivre sous un État palestinien de « cauchemar qui ne peut être mis en œuvre ».

Les protestations des Israéliens arabes sont considérées comme un message au monde qu’ils préfèrent continuer à vivre en Israël et non sous une autre dictature arabe. Une enquête menée par l’Institut israélien de la Démocratie en 2017 a montré que 66% des Israéliens arabes considèrent la situation générale d’Israël comme «bonne» ou «très bonne».

Un autre sondage, mené par le professeur Sami Samuha de l’Université de Haïfa, a montré que 68,3 % des citoyens arabes d’Israël ont déclaré qu’ils préféraient vivre en Israël plutôt que dans d’autres pays. Samuha a déclaré que parmi les citoyens arabes, « il y a une reconnaissance de la commodité, de la liberté et de la stabilité dans l’État d’Israël ».

« En Israël, il y a beaucoup d’avantages et un mode de vie moderne, ainsi qu’une stabilité économique et politique. Vous ne pouvez pas comparer la vie des Arabes [en Israël] à celle des Arabes en Palestine, au Liban ou en Égypte. Il y a aussi le fait qu’en Israël, il n’y a pas de risque de prise de contrôle par les islamistes ».

Ce dont les citoyens arabes d’Israël ont besoin maintenant, c’est d’élire de nouveaux dirigeants qui vont promouvoir la coexistence entre les Arabes et les Juifs en Israël, et non pas s’engager dans une rhétorique et des actions anti-Israël.

Certains des dirigeants des citoyens arabes d’Israël, en particulier un certain nombre de membres de la Knesset, ont agi contre les intérêts de leurs électeurs.

Tout se passe comme si ces prétendus dirigeants représentaient l’AP et le Hamas au lieu des Israéliens arabes qui ont voté pour eux dans l’espoir qu’ils s’emploieraient à résoudre les problèmes auxquels leurs communautés sont confrontées, comme le chômage.

Les citoyens arabes d’Israël ont besoin de vrais leaders qui les représentent correctement à la Knesset et qui construisent – et non détruisent – des ponts avec les Juifs. Que les protestations dans les rues des communautés arabes israéliennes contre l’intégration dans un État palestinien servent d’avertissement aux dirigeants arabes israéliens : soutenez votre peuple ou écartez-vous du chemin.

* Khaled Abu Toameh est un journaliste basé à Jérusalem, est titulaire d’une bourse de journalisme au Gatestone Institute.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Source :

https://www.gatestoneinstitute.org/15516/arab-israelis-peace-plan

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