Publié par Manuel Gomez le 9 février 2020
Janvier 1960, semaine des barricades à Alger

Remarquable article publié en 2017 par le quotidien algérien “Le Matin DZ” qui mérite d’être rediffusé largement, y compris auprès du président de la République, Emmanuel Macron, qui a osé affirmer que “La colonisation avait été un crime contre l’humanité”.

Il peut ainsi constater, si crime il y a, qui en sont les responsables.

*Nous devînmes pauvres, par inadvertance, un jour d’été particulièrement chaud où l’on commémorait le cinquante-cinquième anniversaire de l’indépendance, la fin d’une guerre, dont personne ne se rappelait plus si elle avait été gagnée ou perdue et que le président nous apprit que les caisses de l’État étaient vides.

Ce jour-là, on revint sur terre : nous voilà pauvres pour longtemps ! Au 55e anniversaire de l’indépendance, nous apprîmes que notre pain, nous l’achetions auprès de l’ancienne puissance colonisatrice ! Celle-là à qui le président algérien, expert en matière de diversion, vient d’exiger la repentance pour les crimes coloniaux. Toujours utile de sortir la carte de la mémoire et du patriotisme, quand on veut noyer le poisson dans l’eau. Bouteflika sait que les peuples sont incorrigibles : ils succombent au premier serment venu. Il suffit de poser la main sur le Livre ou de parler d’une voix étranglée par l’émotion. C’est gagné ! Ça marche à tous les coups. Ainsi se gouvernent les hommes.

Il convient de savoir faire semblant. Simuler est le seul lien qui unit la base et le sommet. Simuler le bonheur, la démocratie, la sérénité, l’amour de la patrie, la piété… Ou, comme sait si bien le faire le président, invoquer Dieu, le Coran, les martyrs, la nation en danger…

Ce 55e anniversaire de l’indépendance, Bouteflika a préféré parler de “crise économique grave”, d’appeler le peuple à la “résistance” et d’exiger des dirigeants français qu’ils se repentent de leurs actes de colonisateurs. Oui, mais cela ne résout pas la question, la seule question qui n’a jamais rencontré de réponse : comment est-on passé d’exportateur de céréales à importateur de pain ?

En 1962, la part des hydrocarbures dans les ventes à l’étranger n’était que de 53 pour cent ! Cela veut dire ce que cela veut dire : 47 pour cent de nos recettes provenaient de produits hors hydrocarbures. Aujourd’hui, ce taux est passé à 3 pour cent ! L’Algérie ne produit plus rien, n’exporte plus rien. Et ce n’est ni la faute de Bigeard ni celle de Massu ! C’est la responsabilité des “libérateurs” qui ont pris le pouvoir en 1962, et dont notre président est un échantillon fort représentatif.

Aucune vision, aucune stratégie, rien que l’exercice absolu du pouvoir. La gouvernance ? Plus tard ! En près de 19 ans de règne, Bouteflika n’aura pas diminué d’un seul dinar la facture alimentaire du pays, bien que les caisses de l’Etat n’ont cessé de déborder de dollars. Huit mille milliards de dollars plus exactement, de quoi devenir un pays quasi-développé, capable, en tout cas, de se passer de pétrole.

A l’échelle des crimes historiques, condamner 40 millions d’Algériens à la précarité est-il plus pardonnable que le crime de les avoir colonisés ?

Aucun président n’a bénéficié d’une si généreuse manne financière. Ce 5 juillet, un président digne de ce nom aurait annoncé à son peuple la fin de la dépendance pétrolière, la fin du chômage et des incertitudes. Au lieu de cela, il leur apprend qu’ils seront plus pauvres et sans aucune politique de rechange.

Parce qu’il n’a pas diversifié l’économie nationale malgré un afflux financier sans précédent, Bouteflika laisse une Algérie à l’agonie : dès cet automne, les subventions seront supprimées, nous connaîtrons le temps des licenciements de fonctionnaires, des produits de première nécessité inaccessibles, de même que l’électricité, le temps du retour à la bougie et au charbon de bois, de la réduction des budgets santé et de l’éducation. Mais aussi de l’incertitude sur les versements des retraites et des prestations sociales.

Vous attendez repentance des dirigeants français pour les crimes du passé.

Et vous, M. Bouteflika, qui vous pardonnera les crimes d’aujourd’hui et de demain ?

La rédaction

*En ce qui concerne les 132 ans de colonisation française en Algérie, monsieur le Président de la République, peut-être que les colons, les Pieds Noirs, ces Français d’Algérie, n’étaient-ils pas des criminels, comme vous avez osé l’affirmer, à la lecture de cet article publié sur un important quotidien algérien.

Peut-être auriez-vous intérêt à rechercher vos informations sur l’Algérie et la colonisation et à vous instruire auprès d’autres sources que celles, d’une part, de soi-disant historiens comme Benjamin Stora et des représentants des musulmans de France, et vous rapprochez de ce que pensent et écrivent avec courage les Algériens qui vivent l’après-colonisation, dirigée par des exploiteurs bien plus criminels que, paraît-il, l’étaient les “colons”.

On peut être très intelligent, sortir de l’ENA, et même devenir président de la République, tout en ignorant certains épisodes de l’histoire de la France et de ses colonies.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Manuel Gomez pour Dreuz.info.

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