Publié par Gilles William Goldnadel le 10 février 2020

Deux mesures du nouveau premier ministre britannique ont retenu l’attention de notre chroniqueur : la dépénalisation du non-paiement de la redevance publique et le renforcement de la justice pour les auteurs d’actes terroristes.

Il fait peu de doute que le nouveau premier ministre britannique Boris Johnson doit être classé dans la catégorie politique des « populistes », selon la terminologie en vigueur, et au regard des paramètres en application. Langage direct, et libre de toute phraséologie ou d’évitements politiquement corrects. Regard décomplexé envers l’immigration et l’islam. Défense de l’État-nation occidental. Amitié par voie de conséquence à l’égard de l’Amérique conservatrice et d’Israël. Et enfin, et peut-être surtout, compassion active pour les classes populaires éprouvées socialement et culturellement par le mondialisme chic et xénophile sans frontières. Ce qui fait sans doute l’originalité prometteuse du populisme façon «Bojo» et dans notre esprit sa supériorité, c’est qu’il est mieux coiffé qu’un Trump et plus distingué et cultivé qu’un Bolsonaro.

Il n’est effectivement pas obligatoire de faire des cadeaux à l’adversaire multiculturaliste gauchisant en s’obligeant à la caricature, l’outrance ou la vulgarité pour se faire apprécier.

Il va sans dire néanmoins ici que le terme populiste, dans cette acception, serait plutôt un compliment qu’une insulte.

C’est dans ce cadre intéressant et pourquoi pas salvateur, que Boris Johnson et ses amis viennent de faire deux propositions qu’il convient d’examiner dans un contexte hexagonal.

Boris Johnson envisage de dépénaliser le non-paiement de la redevance pour l’audiovisuel public.

La première concerne la BBC. Auréolé de son succès aux législatives, le premier ministre britannique réélu a lancé une attaque contre la BBC qu’il accuse, non sans solides raisons, d’avoir pris parti depuis longtemps en faveur de la gauche en général et des travaillistes en particulier, conformément à un mode sociologique et médiatique global. Pour BoJo, la BBC n’est pas impartiale et il n’a pas apprécié notamment la réaction télévisée d’Andrew Neil, le présentateur-vedette de l’antenne nationale, qui lui a reproché aigrement et hautement d’avoir refusé une interview: «les interviews de politiques sont une des clés des soirées électorales de la BBC depuis des décennies. Nous les faisons en votre nom pour scruter et demander des comptes à ceux qui vont vous gouverner, c’est ça la démocratie.» Comme s’il était absolument obligatoire d’avoir à passer sous les fourches caudines d’un journaliste engagé que vous pensez prévenu contre vous.

Manque d’objectivité, préférence éditoriale ; pour le premier ministre, la BBC ne mérite plus de recevoir des fonds publics. Boris Johnson envisage donc de dépénaliser le non-paiement de la redevance. En effet, c’est actuellement un délit fiscal de regarder la BBC sans payer licence.

D’autre part, à la suite du dernier attentat islamiste de Londres, un projet de loi – qui doit être étudié prochainement au Parlement – prévoit d’alourdir les peines pour les auteurs d’actes terroristes (14 ans de prison au minimum) et d’interdire toute libération anticipée. Dans le cadre d’une procédure d’urgence, une disposition spéciale interdira la libération automatique des délinquants terroristes ayant purgé la moitié de leur peine.

La situation française est la même… en pire.

Ce projet législatif accéléré s’explique par la succession d’attentats commis par des récidivistes ayant bénéficié d’élargissements prématurés. On se souvient que l’auteur de l’attentat du London Bridge qui avait assassiné deux personnes, avait été relâché un an plus tôt alors qu’il avait été incarcéré pour menées terroristes. Ironiquement, il assistait à une conférence sur la réhabilitation des prisonniers organisée par l’institut de la criminalité de l’université de Cambridge quand il avait lancé son attaque.

Condamné en 2012 à une peine indéterminée, avec une durée minimale de huit ans, il avait fait appel en 2013 et la Cour d’appel avait annulé la sentence transformée en une peine de prison de 16 ans.

Le terroriste islamiste avait fini par être libéré en décembre 2018, à la seule et candide condition de porter un bracelet électronique…

Quant au nouvel attentat, l’islamiste Sudesh Amann, qui a poignardé deux personnes avant d’être abattu par la police, avait été libéré prestement de prison en janvier après avoir purgé la moitié de sa peine de trois ans et quatre mois pour possession et diffusion de contenus terroristes.

On ne voit pas ce qui empêcherait, sinon le gouvernement français, au moins son opposition conservatrice et patriote d’imiter le parti conservateur britannique. En effet, la situation française est la même… en pire.

En ce qui concerne l’audiovisuel public, l’auteur de ces lignes, aussi bien dans ces colonnes que dans d’autres, a consacré nombre de ses chroniques à vitupérer ou moquer l’emprise assez invraisemblable du gauchisme intellectuel sur les chaînes et ondes nationales. Tant par un monolithisme éditorial de granit que par un pseudo-humorisme ricanant. Pour prendre l’exemple le plus récent et le plus grinçant, je ne suis pas sûr qu’un humoriste public subventionné outre-Manche aurait prié Jésus-Christ d’aller se faire enculer dans la campagne anglaise. Ce dont je suis sûr en revanche, c’est que l’équivalent du CSA britannique sait parfois se montrer sévère envers la chaîne publique. Assez récemment, la BBC avait été rappelée à l’ordre pour sa partialité dans le conflit proche-oriental. J’attends encore du CSA qu’il réagisse à ma saisine, au nom d’un syndicat de médias, sur les menaces voilées de Yassine Belattar sur nos ondes publiques à l’encontre du ministre Blanquer, en lui déconseillant de se rendre dans le 93…

En ce qui concerne le manque de fermeté française à l’égard du terrorisme islamiste, il suffit de constater que les massacres de Nice et de Saint-Étienne-du-Rouvray ont été commis qui par un récidiviste ayant bénéficié d’une libération intempestive, qui par un étranger en situation irrégulière ayant commis des délits impunis. Que de victimes innocentes immolées sur l’autel de cette lâche stupidité qui n’est évidemment pas sans lien avec la propagande médiatique matraquée par un islamo-gauchisme en majesté idéologique durant des années sur la voix publique.

Je rappellerai également que l’un des derniers djihadistes condamnés par un tribunal français après un séjour en Syrie a écopé de sept ans… donc, considéré comme presque aussi dangereux que M. Balkany.

Et si nous supprimions cette redevance audiovisuelle qui nous condamne à regarder de force des émissions de propagande, sauf à payer pour rien?

Et si nous sortions enfin de cette inconscience judiciaire qui nous condamne mortellement à être sans défense ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié dans Figaro Vox.

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