Publié par Guy Millière le 14 février 2020

J’ai consacré une vidéo mise en ligne sur goldnadel-tv à l’épidémie qui s’est déclarée à Wuhan en Chine au mois de décembre, mais je n’ai écrit aucun article sur le sujet. Je dois le faire, car la situation s’aggrave.

Elle a été décrite récemment par Thierry Wolton comme le “Tchernobyl chinois”, et il y a effectivement une parenté.

Tchernobyl n’avait pas été une catastrophe nucléaire, mais une catastrophe du communisme. L’épidémie née à Wuhan a toutes les apparences d’une catastrophe du communisme.

Elle met au jour aussi, de manière effroyable, ce que j’appellerai le mirage chinois.

Il existe en Europe une forme de ressentiment anti-américain qui conduit à ne pas vouloir accepter que les Etats-Unis soient la première puissance du monde, et à chercher sur l’horizon un autre pays censé l’emporter et s’imposer.

A une époque, à gauche, cela avait été l’Union Soviétique ; à droite, pendant un temps, cela avait été l’Allemagne, puis cela avait été le tour du Japon.

Depuis un certain nombre d’années, c’est la Chine qui s’est trouvée mise en avant. Et les articles et les reportages empreints de fascination pour cette dernière se sont multipliés

J’ai souligné plusieurs fois ici que la Chine ne serait pas la première puissance économique du monde, que les chiffres de croissance publiés par la Chine étaient très certainement faux et énoncés à des fins de propagande. J’ai ajouté que la Chine était très loin d’être un pays développé, et qu’elle était un pays en voie de développement avec en lui des ilots de développement. J’ai dit que même dans les ilots de développement, il restait des éléments venus du sous-développement, vecteurs de problèmes sanitaires potentiellement graves.

J’ai ajouté que la Chine était toujours un pays à régime communiste, avec toutes les conséquences qui découlent.

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Tout cela est souvent laissé de côté. Tout cela se révèle au grand jour de manière effroyable aujourd’hui.

Les grandes villes où il y a du développement en Chine incluent une population faite d’une haute nomenklatura, très riche, et d’une basse nomenklatura, riche aussi. Et les membres des deux nomenklaturas peuvent voyager à l’étranger et ont des niveaux de vie à l’occidentale. La Chine étant très peuplée, elles incluent vraisemblablement une centaine de million de personnes, peut être avantage, mais cent millions de personnes, cela représente moins de dix pour cent de la population du pays.

En dessous de cette population existe une population bien plus nombreuse et beaucoup plus pauvre qui vit elle aussi dans les villes, venue des campagnes, et qui garde des façons de vivre venues elles aussi des campagnes. Et cette population a une conception de l’hygiène très limitée, et consomme ce qu’on trouve sur les marchés des quartiers où elle vit.  En termes de viande, tous les animaux de la création : des chiens et des chats, des rats, des serpents, des scorpions, des chauves-souris, des vers blancs, des insectes, des grenouilles et des crapauds, et j’en passe. Les animaux sont tués sur place et consommés immédiatement.  

Ce qui peut découler a déjà pris forme à l’époque du SRAS. Ce qui peut découler prend forme à nouveau.

Les hôpitaux des villes et les médecins dignes de ce nom sont réservés en général aux nomenklaturas, et quand une épidémie se déclare, hôpitaux des villes et médecins sont vite insuffisants. Les “hôpitaux” censés avoir été construits à la hâte à Wuhan n’ont d’hôpitaux que l’appellation, et sont des camps souvent sans médecins ni médicaments.

Dans les campagnes où règne le sous-développement, il n’y a ni hôpitaux ni médecins.

Le fait que le régime soit ce qu’il est aggravé la situation. Il est évident que le régime, qui ment sur ses chiffres de croissance, ment aussi lorsqu’une épidémie émerge.

Le régime sait depuis des semaines qu’une épidémie grave s’est déclarée. Il a caché l’information et s’en est pris à ceux qui ont tenté de la disséminer, qu’il a emprisonné sans ménagement et obligé à se rétracter.

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Cela a contribué à aggraver l’épidémie et à la répandre hors de sa zone d’origine et hors de Chine, car, ne se sachant pas atteints, des gens des villes pauvres sont allés dans les campagnes et des gens de la basse nomenklatura vivant à Wuhan sont allés à l’étranger.  Des étrangers vivant à Wuhan ont voyagé aussi.

Le régime continue à largement bloquer l’information, à désinformer et à refuser tout aide extérieure.

Il y a sans doute bien plus de morts et de personnes touchées que ne le dit le gouvernement chinois, et il y en aura davantage encore.

Les mesures de quarantaine prises touchent entre cinquante et cent millions de personnes. C’est sans précédent.   

Les décisions d’évacuation d’étrangers étaient pleinement justifiées. Des personnes malades sont emmenées brutalement dans des lieux de détention qui sont des mouroirs.  

L’épidémie tôt ou tard s’éteindra. Le nombre de morts en Chine se révélera plus élevé que celui annoncé par le régime. Le nombre de morts hors de Chine sera, lui, vraisemblablement limité, mais tous les continents seront touchés.

L’économie chinoise qui était déjà, selon toutes les données non chinoises disponibles, en situation de stagnation est en récession. Des entreprises étrangères produisant en Chine sont à l’arrêt et le resteront encore longtemps, des entreprises chinoises aussi. Une large part de l’économie du pays ne pourra plus tourner, au moins jusqu’en avril. Les ports chinois sont paralysés. Le commerce maritime en Asie orientale est lui-même presque paralysé.

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La croissance mondiale sera affectée. Elle l’est déjà. Nul ne peut dire encore dans quelles proportions.

Cela conduira-t-il ceux qui sont fascinés par la Chine à regarder la réalité en face. Je suis très loin d’en être sûr.

La Chine ne sera pas la première puissance économique du monde, non. Les calculs de risque qui doivent être faits quand on procède à des investissements ont été faits de manière bien trop optimiste, sans prise en compte pleine et entière de la réalité de ce qu’est la Chine. Il semble que des entreprises américaines et allemandes refont leurs calculs et envisagent de relocaliser leurs unités de production hors de Chine.

Un aveuglement a régné et règne encore sur ce qu’est le régime chinois. 

Un régime communiste ne cherche pas le bien être de sa population, mais le pouvoir et la puissance.

Le développement de la Chine s’est fait à marche forcée, pour le pouvoir et la puissance. Les dirigeants chinois n’ont jamais eu pour priorité l’élévation du niveau de vie et de la qualité de vie de la population. Leur priorité a été de s’imposer sur la planète, et pour cela de soumettre.

La Chine a pratiqué la prédation vis-à-vis de la propriété intellectuelle de nombreuses entreprises occidentales, inondé des marchés à des prix artificiellement bas pour assurer son emprise sur les économies d’autres pays et pousser des entreprises vers la faillite ou, pour le moins, vers la dépendance. Elle continue.

Elle a développé ses moyens militaires pour tenter de placer peu à peu l’Asie orientale sous son emprise, et elle n’entend pas se limiter à l’Asie orientale. Elle contribue nettement à la militarisation de l’espace et à celle d’internet, et si les Etats-Unis sont hostiles à la dissémination des technologies 5G de Huawei, c’est parce que ces technologies ont une dimension militaire qui fait que les pays qui en seront équipés seront potentiellement sous dépendance chinoise. Parce qu’Huawei casse les prix, des pays européens cèdent à la tentation. Hélas, c’est ce que vient de faire le Royaume-Uni.

Je ne suis pas sûr du tout que ceux qui sont fascinés par la Chine vont regarder la réalité en face. Je ne suis même pas sûr que ceux qui ont investi en Chine seront plus prudents et que les dirigeants européens qui passent contrat avec Huawei se poseront les questions qu’ils devraient se poser.

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Avant Donald Trump, les dirigeants américains eux-mêmes ne se posaient guère de questions. Donald Trump mène une politique d’endiguement de la Chine, et pose avec elle des rapports de force. Il a été le seul dirigeant occidental, quand le soulèvement de la population de Hong Kong a eu lieu, à soutenir les aspirations de cette dernière et à mettre en garde le gouvernement chinois contre une intervention militaire.

Il a passé voici peu des accords commerciaux renégociés avec la Chine, qui posent des limites strictes aux activités abusives de celle-ci vis-à-vis des Etats-Unis.

Il a proposé son aide aux autorités chinoises pour juguler l’épidémie. Il ne peut faire davantage.

Il sait que des dizaines de millions de Chinois, et, parmi eux, des membres de la basse nomenklatura, en ont assez du régime communiste.

Des membres de la basse nomenklatura sont touchés par l’épidémie et sont tout à la fois inquiets et en colère. Il en faudrait sans doute davantage pour faire vaciller le régime. Néanmoins, la haute nomenklatura est inquiète et c’est pour cela que Xi jinping s’est montré en public et a parlé à la télévision.

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Un régime communiste ne peut pas se comporter aujourd’hui comme il se comportait quand les moyens de communication de haute technologie n’existaient pas. Sauf s’il choisit de se paralyser totalement, comme le fait la Corée du Nord, où il semble que le coronavirus de Wuhan fait des ravages sans que quiconque en parle.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

PS : J’ai laissé de côté ici les rumeurs disant que l’élaboration d’une arme bactériologique aurait été à l’origine de la dissémination du coronavirus de Wuhan. Je me méfie totalement de ce qui ne me semble ni vérifiable ni vérifié. La probabilité que la dissémination vienne de déficiences sanitaires me semble très forte. Je ne suis rendu en Chine il y a des années et j’ai constaté ce que je décris plus haut en matière sanitaire, parfois avec horreur en voyant des animaux traités avec barbarie. Et si j’avais parlé de la pollution extrême, l’article aurait dû être bien plus long, et plus accablant pour la Chine. J’ai travaillé au Zaïre et au Congo, et quand le virus Ebola a émergé, je n’ai pas du tout été surpris.

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