Publié par Yves Mamou le 18 février 2020

La récente décision du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies de rendre publique une liste de 112 entreprises qui fournissent des biens et services aux résidents de Cisjordanie (Israéliens et Palestiniens) afin que ces entreprises deviennent un objet de honte et potentiellement de boycott est un évènement sans précédent.

La liste est principalement composée d’entreprises israéliennes (banques et entreprises de distribution, de construction, de fourniture d’eau et d’électricité…), mais aussi des multinationales comme Airbnb, Expedia, TripAdvisor, Motorola, General, Egis Rail etc.

la particularité de cette liste est qu’elle porte atteinte au droit international

La publication de cette liste se situe dans le droit fil d’un discours général qui affirme et répète et encore et encore qu’Israël agit en Cisjordanie/Judée-Samarie, en contravention du droit international : constructions illégitimes, contrôles illégitimes de populations, actions de défense illégitimes….

Mais en réalité, la particularité de cette liste est qu’elle porte atteinte au droit international dans la mesure où l’ONU jette ainsi les bases d’un droit international qui ne s’applique qu’à Israël. Ce droit international conçu par les organisations internationales (et par les pays arabes au sein des organisations internationales, et aussi par l’Union européenne au sein des organisations internationales) a pour but de stigmatiser et de transformer en Etat paria, un petit pays de huit millions d’habitants qui est aussi le seul Etat pour les juifs de la planète. 

Comment peut-on construire un «droit international» contre un seul pays seulement ?

Des multinationales ont toujours accompagné et développé des activités économiques dans des territoires dits d’occupation

Comment des sanctions internationales peuvent-elles être édictées sur la base de règles qui visent moins une situation qu’un pays ? Telle est la question que personne ne pose. 

  • La base de données des entreprises qui produisent et vendent dans les «colonies» israéliennes a pris forme sur le plan juridique le 24 mars 2016.
  • Le Conseil des droits de l’homme de l’Assemblée générale des Nations Unies (CDHNU), a adopté la résolution 31/36, qui ordonnait au Haut-Commissaire aux droits de l’homme de préparer une «base de données» des «entreprises commerciales [qui] ont directement et indirectement permis, facilité et profité de la construction et de la croissance des colonies». 
  • Selon un rapport du haut-commissaire, 206 entreprises avaient été «sélectionnées» à l’origine, mais une centaine seulement, principalement israéliennes, ont été désignées le 12 janvier 2020, à la vindicte publique. 

Les Israéliens qui ont vu venir le coup – les organisations internationales travaillent lentement – ont étudié la question des entreprises et du droit dans les territoires en conflit ou sous occupation. Ainsi, une étude du Kohelet Policy Forum, un centre de recherche israélien, a apporté la preuve que non seulement des multinationales ont toujours accompagné et développé des activités économiques dans des territoires dits d’occupation, mais qu’aucune de ces activités économiques liées à un conflit territorial entre deux pays n’a jamais déclenché une quelconque foudre d’une quelconque autorité internationale.

«Who Else Profits ? The Scope of European and Multinational Business in the Occupied Territories» est une étude qui liste les multinationales qui se sont illustrées ou s’illustrent encore dans des territoires qui ont souvent été aussi le lieu de violentes épurations ethniques (Sahara Occidental, Chypre, Nagorny Krabakh….). 

  • Au Sahara Occidental : Coca-Cola ; Norges Bank ; Priceline Group ; TripAdvisor ; Thyssenkrupp ; Enel Group ; Caterpillar ; Bombardier ; Western Union 35 ; Transavia Airlines… ont travaillé et travaillent peut-être encore. 
  • Au Nagorno-Karabakh : Caterpillar ; Airbnb ; AraratBank ; Ameriabank ; ArmSwissBank… ont travaillé ou travaillent encore. 
  • A Chypre-Nord : Priceline Group ; Zurich Insurance ; Danske Bank ; TNT Express ; Ford Motor Company ; BNP Paribas ; Adana Çimento ; RE/MAX ; Telia Company ; Robert Bosch… ont travaillé ou travaillent encore. 

Quelle est la conclusion de l’étude ?

Depuis l’origine du monde, la stigmatisation des seuls juifs porte un nom, cela s’appelle de l’antisémitisme

Que «la présence de multinationales dans des zones dites d’occupation n’a jamais donné lieu à des protestations au Conseil des droits de l’homme ni à des discussions de la part de certaines ONG humanitaires. La raison en est simple : la présence de ces multinationales est parfaitement légale et n’est en rien incompatible avec les normes relatives aux droits de l’homme».

L’étude ajoute que les entreprises présentes dans ces zones de droit contestées ont généralement pris le conseil de cabinets d’avocats spécialisés dans le droit international, que les gouvernements des pays d’origine ont également émis un avis positif et que des institutions financières internationales, comme la Banque mondiale, la Société financière internationale et de nombreuses banques nationales et internationales de développement, ont accordé des centaines de millions de dollars de prêts pour financer des projets dans les différents territoires occupés à travers le monde. Le tout sans que personne y trouve jamais à redire. 

L’ONU a décidé de faire d’Israël et des entreprises qui travaillent dans les territoires conquis après 1967 un cas d’école. Mais depuis l’origine du monde, la stigmatisation des seuls juifs porte un nom, cela s’appelle de l’antisémitisme.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Yves Mamou pour Dreuz.info.


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