Publié par Dreuz Info le 20 février 2020

Maintenant que le musée de Tervuren a rouvert ses portes, beaucoup de personnes s’intéressent au personnage controversé de Léopold II, veulent connaître la vérité. Pour son livre L’État Indépendant du Congo, Guido De Weerd a consulté une multitude de documents. Le sérieux de son travail m’a épatée et j’ai tout spécialement apprécié les  pages racontant  l’histoire du caoutchouc. Son livre concerne tous les pays d’Europe.

Léopold II rêvait d’une colonie pour la Belgique. Le gouvernement belge estimait qu’une colonie lui coûterait trop cher… Les explorateurs anglais, allemands, français parlaient avec effroi d’esclavagisme (1), cannibalisme, mains, nez et oreilles coupés. Très nombreux étaient ceux qui mouraient de maladies comme la malaria, des parasitoses, la lèpre, la fièvre jaune, le typhus, la maladie du sommeil, la bilharziose… Et si l’explorateur – qui apportait des cadeaux – était généralement respecté, il pouvait être victime de guerres tribales dans un pays peuplé de plus de 300 tribus.

Avec effroi j’ai lu des descriptions d’horreurs perpétrées à la fin du 19e siècle, horreurs semblables à celles que décrit par exemple In Koli Bofane dans le Kivu actuel ou Ahmadou Kourouma en Sierra Leone et ailleurs. La vie africaine devait être une suite de calamités, calamités auxquelles la colonisation a mis fin et je comprends nos amis congolais qui en veulent aux Belges qui les ont abandonnés.

Guido De Weerd se garde bien d’étaler ces horreurs. Son livre est sobre et se concentre surtout sur les motivations, les moyens,  les décisions, les actions, les difficultés rencontrées par un roi qu’on a d’abord laissé faire dans ce grand espace où les explorateurs mouraient comme des mouches. Ce grand espace est devenu intéressant quand on y a, par exemple, découvert de l’or, des diamants, du cuivre… et Léopold II est devenu détestable.

Le livre précise les lois, les accords internationaux permettant la colonisation du Congo, l’installation des missionnaires, la création de centres de santé, d’écoles. La paix est venue . Cette paix a duré moins d’un siècle. Durant cette période la population a plus que doublé grâce à l’expulsion des Arabes  et Swahilis esclavagistes, grâce aux soins médicaux, à l’hygiène, l’instruction, les conditions de vie… Oui, il y eut des abus commis par des blancs et De Weerd les décrit, les situe dans leur contexte historique, géographique, économique, social. Il n’excuse aucun acte barbare mais il ne sombre pas non plus dans l’acte de contrition perpétuel de l’Occident actuel. Cette contrition empêche de voir la réalité humaine dans le monde réel, empêche l’action utile.

La période couvrant le  demi siècle de colonisation belge qui a suivi les 20 années de vie de l’État Indépendant du Congo, était finalement un intermède entre deux situations d’horreur permanente. Rien n’a bougé durablement si ce n’est qu’il y a beaucoup plus d’êtres humains  à massacrer qu’avant… par la « faute » de Léopold II ! Léopold II a voulu que la population profite de la civilisation, elle s’est multipliée. Avec  une population moins nombreuse,  il y aurait sans doute moins de souffrance dans ce malheureux pays en 2020.  Souffrance dont la presse officielle ne nous parle guère…

Le livre de Guido De Weerd est long, complet, basé  sur les documents d’époque , il est bien écrit et je le recommande à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire, qui veulent connaître  la vérité et la situer dans son contexte historique.

Mia Vossen

(1) Un  aperçu du phénomène « esclavage » sur toute la planète et en tous temps est présenté par l’auteur. Cet aperçu  est particulièrement intéressant.

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