Publié par Guy Millière le 23 février 2020

Les médias français persistant à ne parler de la campagne électorale américaine que de manière aseptisée, et très déformée, il me faut y revenir.

Le débat entre candidats démocrates mercredi 19 février à Las Vegas a montré de manière flagrante l’étendue du désastre. Tous les candidats encore en lice se détestent visiblement les uns les autres.

Ceux qui ne sont ni Bernie Sanders ni Michael Bloomberg, qui seront sans aucun doute les deux finalistes, semblent prêts à en venir aux mains et aux insultes dans l’espoir d’être le dernier survivant de ceux qui sont en deuxième série. Et ils rivalisent dans le gauchisme. Celui d’entre eux qui a le plus de tenue reste Joe Biden, mais il a clairement des moments d’absence et quelques ampoules grillées dans le plafonnier.

Amy Klobuchar et Pete Buttigieg ont eu des échanges si vifs que les modérateurs ont eu du mal à les arrêter. Elizabeth Warren semble espérer regagner quelques électeurs en hurlant d’une voix stridente.

Alors que Joe Biden, Amy Klobuchar et Pete Buttigieg s’en prennent à Bernie Sanders, elle l’épargne très visiblement, sans doute parce qu’elle pressent qu’il sera le candidat et qu’elle espère obtenir la vice-présidence, non pas parce que Bernie Sanders la choisirait nécessairement, mais parce qu’elle pourrait lui apporter les délégués susceptibles de lui permettre d’obtenir la majorité, qu’il n’obtiendra pas même s’il gagne toutes les élections primaires qui restent, en raison de la façon dont le parti démocrate a fixé (biaisé) les règles.

Comme pour bien montrer qu’elle entend être la plus fidèle alliée de Bernie Sanders, Elizabeth Warren s’était fixé une tâche, démolir Michael Bloomberg, qui participait un débat pour la première fois.  Et le moins qu’on puisse dire est qu’elle a réussi sur ce point. Pendant toute la soirée, Michael Bloomberg reçu des coups incessants et a semblé incapable de riposter.

Quand bien même les autres candidats se détestent les uns les autres, ils détestent tous Bloomberg et ils ont oublié leurs différends dès qu’il s’agissait de Bloomberg, et ils ont tous secondé Elizabeth Warren dans son action de démolition.

La volonté de Bloomberg d’acheter sa propre candidature à la présidence le rend détestable aux yeux de candidats qui ont moins d’argent que lui et dont il asphyxie la campagne. Le fait qu’il soit très riche et qu’il vienne du parti républicain le rend plus détestable encore à leurs yeux. Et il n’est à l’évidence pas assez à gauche pour plaire aux politiciens démocrates et à la base du parti, qui est désormais résolument socialiste.

L’un des moments les plus significatifs du débat a été celui où, pour tenter de répondre aux propos imprégnés de léninisme de Bernie Sanders, Michael Bloomberg a dit qu’avec des idées socialistes, les Démocrates ne pouvaient que perdre et qu’il ne fallait pas oublier que les Etats-Unis étaient un pays capitaliste. Tous les autres candidats ont grogné en entendant ces mots, littéralement grogné. Ceux qui assistaient au débat dans la salle ont, eux, hué Bloomberg.

L’une des phrases les plus applaudies de la soirée a été prononcée par Pete Buttigieg, qui a dit que les immigrants illégaux étaient “plus américains que les Américains eux-mêmes” et méritaient tous d’être “aidés et régularisés”.

Tous les autres ont tenu à un moment ou un autre de la soirée des propos du même genre.

Des phrases comme celle de Pete Buttigieg sont une insulte à tous les Américains qui aiment leur pays et à tous ceux qui ont immigré aux Etats-Unis en respectant les lois.

Le Parti démocrate est désormais un parti si à gauche qu’il est résolument anticapitaliste et anti-américain.

Les dirigeants du parti comptaient sur Michael Bloomberg, en désespoir de cause pour, après la chute de Joe Biden, se doter d’un candidat présentable. C’est raté. Non seulement Michael Bloomberg est nul en débat, et totalement incapable de galvaniser les foules, non seulement il n’est pas assez à gauche pour convenir aux politiciens démocrates et à la base du parti, et non seulement il pense que tout s’achète, même la présidence des Etats-Unis, mais il est arrogant et odieux, et ses déclarations passées sont mises en ligne et cela va continuer.

Il méprise ouvertement les minorités ethniques et a tenu des propos accablants qui le montrent. Il méprise l’essentiel des Américains et pense que pour être ouvrier, employé ou agriculteur il faut être bête, et qu’il existe une élite de gens intelligents qui doivent gouverner les autres. Il a, en supplément des sympathies explicites pour les dictateurs et en particulier pour Xi Jinping, le dictateur communiste chinois.

D’autres dirigeants démocrates pensent comme lui, je n’en doute pas, mais, eux, ils se taisent et mentent, lui il parle. Il a, en supplément, un lourd passé ruisselant de misogynie, et certains de ses propos passés ne peuvent que servir de répulsif vis-à-vis des femmes.

S’il n’était pas immensément riche, Michael Bloomberg serait carbonisé et hors course dès aujourd’hui. Comme il est immensément riche, il va durer. Il espèrera des arrangements lors de la convention démocrate en juillet pour passer devant Bernie Sanders.

Si Bernie Sanders est candidat, ce sera la déroute pour les Démocrates. Et les dirigeants du parti le savent. Et Bernie Sanders sera vraisemblablement le candidat.

Si Michael Bloomberg parvient à être le candidat, les soutiens de Bernie Sanders promettent des émeutes lors de la convention et un sabotage de l’élection en novembre, et pour toutes les raisons que j’ai énoncées ici, ce sera la déroute pour les démocrates. 

Pendant ce temps, Donald Trump fait campagne et tient des réunions publiques attirant des foules immenses et enthousiastes. Il ironise sur les Démocrates, et il n’a pas à se forcer pour trouver de quoi rire d’eux. Ils sont hideux et grotesques. Si en supplément d’être hideux et grotesques, ils n’étaient pas odieux, il y aurait juste de quoi rire, mais ils sont odieux.

Quand ils n’ont pas montré qu’ils se détestaient les uns les autres mercredi soir, et quand ils ne s’en sont pas pris à Michael Bloomberg, les candidats démocrates s’en sont pris à Donald Trump de manière répugnante. Il ne fait aucun doute qu’ils vont continuer. Ils sont à l’évidence emplis de haine. Ils disent que Donald Trump divise et salit le pays. Donald Trump tient des discours qui s’adressent à tout le peuple américain : il ne divise pas. Il répond aux attaques les plus viles contre lui. Il évoque souvent la grandeur de l’Amérique : il ne salit pas. Si les candidats démocrates voulaient voir qui divise et salit le pays, ils devraient se regarder dans un miroir.

En dehors des litanies sur les immenses qualités des immigrants illégaux et sur la nécessité dès les régulariser et d’en accueillir davantage, et en dehors des slogans habituels sur le Green New Deal, un programme écologiste radical destiné à ruiner l’économie américaine et sur la nécessité de créer un système de santé étatique et bureaucratique à la française, les candidats démocrates n’ont parlé ni de l’économie globalement considérée ni de politique étrangère. Reconnaitre que l’économie américaine se porte mieux que jamais leur écorcherait les lèvres. Dire explicitement ce qu’ils pensent en matière de politique étrangère les ferait apparaitre comme des ennemis de l’éthique et de la liberté aux électeurs démocrates pas encore saisis par le prurit gauchiste.

Récemment, Barack Obama a tenté de s’approprier le succès économique de Trump et a dit que les Etats-Unis étaient dans la onzième année d’une croissance créée par lui, Barack Obama : Trump l’a immédiatement renvoyé à la niche en citant les chiffres qui montrent à quel point Barack Obama ment.

Récemment aussi, des politiciens démocrates ont rencontré le ministre des affaires étrangères iranien à Munich : il fut une époque où ce type de rencontre était qualifié d’intelligence avec l’ennemi. Bernie Sanders, le candidat probable, dit qu’Israël est un état raciste et affirme que les Etats-Unis devraient se rapprocher du régime iranien et parler avec le Hamas. Il fait campagne avec trois musulmanes antisémites, Ilhan Omar, Rachida Tlaib et Linda Sarsour, et toutes les trois sont proches des Frères Musulmans et de mouvements terroristes islamiques. Le Parti démocrate n’est décidément plus ce qu’il était.

Alan Dershowitz, un Démocrate à l’ancienne, respectueux du droit et des institutions, défenseur d’Israël, a été éjecté de CNN et MSNBC et ne peut plus s’exprimer que sur Fox News. C’est intéressant à constater.

L’obsession russe des Démocrates revient à la surface et montre que chez ces gens-là on ne jette pas à la poubelle les disques rayés : le torchon gauchiste New York Times a lancé ces derniers jours la rumeur selon laquelle la Russie faisait tout pour que Trump soit réélu en 2020. Attendez-vous quand Trump sera réélu à ce que les Démocrates disent que c’est un coup de la Russie et organisent un soulèvement. L’autre torchon gauchiste, le Washington Post, de son côté a dit récemment que les services de renseignement américains considéraient que Bernie Sanders était soutenu par la Russie. Le Washington Post et son propriétaire, Jeff Bezos (un autre milliardaire de gauche), préfèrent visiblement Michael Bloomberg. Les semaines à venir vont être passionnantes. La gauche américaine va voir des Russes partout, et les coups tordus vont se multiplier.  Comme l’a écrit récemment mon ami Eber Haddad, “le Parti démocrate et ses sbires sont sortis du cadre de la démocratie depuis plus de quatre ans et sont entrés en subversion active. Ce ne sont plus des militants, ce sont des factieux”. Je ne saurais mieux dire.

Le caucus du Nevada donne une victoire écrasante à Bernie Sanders, comme prévu. Joe Biden se maintient un peu, provisoirement. Elizabeth Warren n’obtient pas le résultat qu’elle espérait et pourrait ne rien avoir à offrir à Mike Bloomberg, qui ne sera en lice que le 3 mars. Les autres sont tout près de la porte de sortie.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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