Publié par Guy Millière le 25 février 2020

Dans une semaine auront lieu des élections en Israël. Ce seront les troisièmes en l’espace d’un an. C’est sans précédent dans l’histoire du pays. C’est le signe d’une crise politique réelle.

Ce qui est en cause est le système électoral israélien. Le système repose sur un scrutin proportionnel qui donne un pouvoir disproportionné aux petits partis et contraint un premier ministre à former un gouvernement de coalition. Le scrutin proportionnel n’avait jusqu’à présent jamais empêché la formation d’un gouvernement. C’est le cas depuis un an. La nécessité de recourir à de deuxièmes élections au départ avait été due à l’attitude d’Avigdor Lieberman, qui semblait mu par une hostilité personnelle vis à vis de Binyamin Netanyahou et qui a fait passer son hostilité à Netanyahou avant l’intérêt supérieur du pays. On aurait pu s’attendre à ce qu’Avigdor Lieberman voie son comportement sanctionné par les électeurs. Cela n’a pas été le cas. Il s’est au contraire et paradoxalement trouvé récompensé et a vu son score s’accroitre en tenant des discours anti-religieux.

Ce qui est en cause au-delà du système électoral israélien est l’attitude des tenants du système juridique israélien, et il est de plus en plus flagrant qu’Israël est un pays où s’est mis en place un gouvernement des juges venant de la Cour Suprême du pays et qui s’étend à tous les aspects de la justice et de la politique. La Cour Suprême israélienne est plus à gauche que le gouvernement et le Premier Ministre. Cela ne posait pas de problème majeur tant que le gouvernement israélien était un gouvernement de gauche. Cela pose des problèmes croissants depuis qu’Israël a des gouvernements de droite, et depuis plus de dix ans maintenant, Israël a un Premier Ministre de droite : Binyamin Netanyahu.

L’action de Binyamin Netanyahou a été entravée par la Cour Suprême israélienne souvent de manière abusive. Des nominations à des postes importants ont été faites contre l’avis du Premier Ministre, qui a dû les entériner. Binyamin Netanyahou a voulu changer les modalités de nomination à la Cour Suprême, et limiter les prérogatives de celle-ci. La Cour Suprême, dès lors, a déclaré la guerre à Netanyahou et la guerre se poursuit.

Le harcèlement judiciaire subi par Binyamin Netanyahou en découle. Avichai Mandelblit, procureur général de l’Etat est présenté comme un allié de Binyamin Netanyahou et comme un exemple de probité. C’est inexact. Netanyahou a placé Avichai Mandelblit dans son gouvernement en 2013. Il a entériné la nomination d’Avichai Mandelblit au poste de procureur général en 2016, mais entériner ne signifie pas soutenir, et Avichai Mandelblit est un homme au service du gouvernement des juges qui émane de la Cour Suprême. Il fait peser, sans grands scrupules, le lourd poids de rumeurs sur Binyamin Netanyahou depuis 2016. Il a mis Binyamin Netanyahou en examen pour des motifs jugés spécieux et infondés par de grands juristes israéliens et américains, dont Alan Dershowitz, et il l’a annoncé juste avant les élections du printemps 2019, ce qui n’a sans aucun doute pas été sans effet. Il s’est livré à nouveau à des manœuvres très douteuses lors des élections de l’automne suivant. Il tente d’influer sur les élections du 2 mars. Il a été annoncé que le procès de Binyamin Netanyahou devrait commencer le 17 mars, deux semaines après les élections, donc pendant la période au cours de laquelle un gouvernement serait censé se former. Un dossier vieux de dix ans, celui de “l’affaire Harpaz”, vient de revenir à la surface et permet de penser qu’Avichai Mandelblit n’est pas du tout impeccable.

Ce qui est en cause au-delà du système juridique israélien, ce sont les médias israéliens, qui sont aussi massivement à gauche que les lesdits de la plupart des pays européens et que les médias américains, et qui se livrent depuis des années à des campagnes de dénigrement et de diffamation souvent immondes envers Binyamin Netanyahou.

Si Binyamin Netanyahou parvient, malgré tout, à disposer d’une majorité, il pourra faire avancer le plan Trump, et l’annexion à Israël de la vallée du Jourdain et des villes et villages juifs de Judée-Samarie aura lieu, sitôt les cartes délimitant les zones à annexer seront établies définitivement. Les prochaines étapes viendront après l’élection présidentielle américaine qui verra, sauf incident immense, la réélection de Donald Trump.

Si c’est la liste Gantz qui l’emporte, il en ira tout autrement. La gauche en Israël s’est effondrée, et elle avance masquée derrière Gantz. Celui-ci a refusé tout débat avec Binyamin Netanyahou et semble avoir des difficultés pour parler en public sans téléprompteur, donc sans discours écrit à l’avance par quelqu’un d’autre. Il a pour stratège de campagne Joel Benenson, qui vient de l’équipe de campagne de Hillary Clinton en 2016 et qui avait eu un rôle directeur dans les deux campagnes victorieuses de Barack Obama. Au mieux, ses propos sont marqués par l’ambiguïté. Il a dit être favorable à l’annexion par Israël de la vallée du Jourdain, à condition que ce soit en concertation avec la “communauté internationale”, ce qui signifie en réalité qu’elle n’aura jamais lieu, car la “communauté internationale” n’approuvera jamais. Il s’est gardé de parler des villes et villages de Judée-Samarie, ce qui signifie vraisemblablement qu’il n’envisage pas leur annexion. Ses propos sur l’Autorité Palestinienne sont plus ambigus encore : il a derrière lui des gens qui imaginent encore pouvoir trouver des interlocuteurs “palestiniens”. Il mène une coalition hétéroclite qui n’est unie que par la volonté de faire tomber Binyamin Netanyahou. Il devrait être mis en examen pour des raisons très fondées, lui. Il est au cœur de la création d’une entreprise qui a fait faillite de manière frauduleuse et qui avait obtenu un contrat de sécurité très important de manière très opaque. L’entreprise s’appelait “la cinquième dimension”. Si la justice israélienne est rapide pour s’en prendre à Binyamin Netanyahou, pour des motifs spécieux et infondés, elle est très lente pour s’en prendre à Benny Gantz, pour des motifs très fondés. La liste Gantz ne pourrait former un gouvernement qu’avec l’appui de la liste arabe résolument “anti-sioniste”.

Si Binyamin Netanyahou ne peut former un gouvernement, le plan Trump sera fortement ralenti, et Binyamin Netanyahou resterait en position de Premier ministre intérimaire, en attendant de quatrièmes élections. Ce ne serait pas bon pour Israël. Si Gantz parvenait à former un gouvernement, le plan Trump serait à ranger sur l’étagère où se placent les projets devenus obsolètes, et l’Union Européenne et l’Iran pourraient se réjouir. Ce serait délétère pour Israël.

Binyamin Netanyahou a fait immensément pour Israël. Il a mené une politique économique qui a fait d’Israël la Start up nation et la huitième puissance du monde. Il a fait preuve d’un génie diplomatique et stratégique qui a permis à Israël de briser toutes les manœuvres des ennemis du pays, et il a permis à Israël d’avoir des alliés sur les cinq continents, de l’Europe Centrale au Brésil, de l’Inde à l’Afrique subsaharienne.

Les peuples parfois font preuve d’ingratitude vis-à-vis des très grands hommes d’Etat. J’ose espérer que le peuple d’Israël ne fera pas preuve d’ingratitude vis-à-vis de Binyamin Netanyahou en un moment où pourrait s’approcher ce qui pourrait être l’apothéose de sa carrière politique : le règlement de la question “palestinienne” et une paix réelle pour le pays, car c’est cela qui est en filigrane du plan Trump, établi en synergie avec lui, Binyamin Netanyahou (je publie dans le prochain numéro d’Israël magazine une analyse précise des enjeux du plan Trump). Ce doit être dit.

Binyamin Netanyahou doit impérativement l’emporter le 2 mars. Pour le futur d’Israël.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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