La crise sanitaire du coronavirus confirme l’hypothèse[1] selon laquelle nous sommes passés du gouvernement des hommes à la gestion des vivants.
Cette transformation radicale qui affecte l’exercice du pourvoir repose sur un postulat de base : la vie est la valeur suprême et son corollaire énoncé par l’ONU : la mort est un crime contre l’humanité.
Les pays européens ont tous abandonné la mort, laissé tomber la mort pour reprendre l’expression utilisée par Michel Foucault.
Le pouvoir « classique » qui avait pour objet le gouvernement des hommes, c’est-à-dire qui administrait la vie et la mort des humains, a progressivement cédé la place à un pouvoir qui ne prend en charge que la vie, qui se fixe comme objectif d’entretenir la vie, de surveiller la manière dont nous nous comportons vis-à-vis de ce « capital » qui en définive ne nous appartient pas mais dont l’Etat, c’est-à-dire les machines bureaucratiques, nous ont confié la gestion. On nous prescrit de vivre selon un mode d’emploi, une posologie de plus en plus précise, de plus en plus contraignante.
Progressivement s’est opérée une mutation dans tout le champ de la représentation et dans celui des pratiques sociales. Au terme de ce processus, nous sommes passés du statut d’homme libre, responsable et autonome, propre à l’humanisme classique (celui de la Renaissance et des Lumières), à celui d’humain, puis d’être vivant. Notre qualité d’être vivant dont la vie serait sacrée, conduit le pouvoir a nous appréhender dans la logique du biologique, (le bio envahit tout), à nous gérer sur le modèle de l’élevage propre au monde agricole industrialisé.
Nous devenons ainsi des êtres vivants parmis une multitude d’autres êtres vivants. L’indistinction devient la règle. Le rattachement à l’espèce, puis aux grands cycles de la nature, devient le seul grand critère d’identification. Le vieux culte païen de la « mère nature » refait surface. Il faut obéir non à la Loi morale, mais à la Loi de la nature !
Qu’importe notre nationalité, notre origine, notre religion, nos traditions, notre culture…tout ceci passe au second plan. Tout ceci devient des critères à rejeter. Tout ceci relèverait de discriminations inadmissibles.
La loi s’est faite le reflet de la mise en place de ces biopouvoirs qui concurent à l’instauration d’une « biocratie » planétaire : la gestion du vaste troupeau des humains est à l’ordre du jour. C’est ce que d’aucuns appellent « gouvernance mondiale » (qui dans la Bible est appelée Babel).
La première loi adoptée par la nouvelle biocratie, celle qui se pose comme instaurant une coupure avec l’antériorité, avec la culture passée, est l’abolition de la peine de mort.
On proclame haut et fort que l’Abolition inaugurerait une nouvelle ère de l’humanité. Il y aurait selon les adeptes de la nouvelle religion de la vie, une période barbare, celle où l’Etat commettait (et commet toujours) le plus terrible des crimes, l’exécution des criminels de sang, et une période où enfin l’humain triompherait. Ainsi, le Japon qui connaît le taux de criminalité et de délinquance le plus faible du monde, ferait partie des pays barbares puisque la peine de mort n’est pas abolie au pays du Soleil Levant. A l’inverse, le Venezuela qui compte parmi les pays les plus violents de la planète, serait dans le camp du bien, dans celui de la bien-pensance puisqu’il a été l’un des tous premiers pays à avoir aboli la peine de mort. (C’est ainsi que Chavez et ses acolytes peuvent en toute impunité, réduire leur peuple à la misère, à l’exil et à la mort).
La conséquence de la sacralisation de la vie est, comme le dit clairement Robert Badinter, la vie est sacrée et en la personne de l’innnocent et en celle du criminel, y compris le criminel le plus atroce, l’assassin d’enfants, le tortionnaire nazi. Selon cette théorie, la vie d’Eichmann serait aussi précieuse, aussi sacrée que celle des centaines de milliers de victimes innoncentes qu’il a contribué activement à envoyer dans les fours crématoires.
Deuxième principe fondamental de la biocratie : la lutte contre les discriminations
L’Union européenne se doit de traiter tous les habitants qui peuplent les états membres, de manière égale. Le principe d’égalité commande de ne pas faire de discrimination. C’est ainsi que les juristes européens sont parvenus à faire de la la lutte contre les discriminations, la clé de voûte du nouvel édifice :
« La jouissance des droits reconnus dans la présente Charte doit être assurée sans distinction aucune fondée notamment sur la race, la couleur, le sexe, la langue, la religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions, l’ascendance nationale ou l’origine sociale, la santé, l’appartenance à une minorité nationale, la naissance ou toute autre situation. »[2]
Louable intention. Que se passe-t-il au final ?
L’application systématique du nouveau commandement « Tu ne feras pas de discriminations », aboutit à restreindre considérablement les libertés. Tout choix libre est frappé de soupçon.
Dans un premier temps, la lutte contre les discriminations porte sur l’interdiction de distinguer entre les « races » puis les ethnies, et d’une manière générale, sur les origines, les cultures ; puis l’interdit devient réellement universel: il est interdit de discriminer en fonction du « sexe », de l’âge, de la santé…
Qu’est-ce qu’un homme sans origine, sans race, sans ethnie, sans culture, sans sexe défini, sans langue, sans santé bonne ou mauvaise… ?
Un atome. Une particule.
C’est bien cet atome, cette particule qui est prise en charge par le pouvoir dans la crise actuelle du coronavirus.
C’est ainsi que le corps politique, malade, réagit comme un malade qui fait une allergie massive face à tout ce qu’il perçoit comme dangeureux.
On connaît le phénomène de l’allergie : un homme réagissant normalement à une agression limitée, réagit d’une manière limitée. Par exemple, il tousse ou se mouche s’il est dans une atmosphère polluée.
L’allergique lui va réagir d’une manière totalement disproportionnée par rapport au danger. Il va ainsi mobiliser toutes les forces de l’organisme et dans les cas limites, va tuer l’être humain qu’il voulait protéger. L’asthmatique refusant d’avaler un air pollué, bloque le processus respiratoire, s’étouffe et sans le secours de la médecine, meurt.
Les politiques confrontés au problème du coronavirus réagissent comme des allergiques. Le danger, la gestion des risques, y compris le risque de mort, n’est pas dans l’ADN des biocrates. Ils ont évacué la mort. La Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par les Nations Unies après la deuxième guerre mondiale « déclare que le « droit à la vie » est la valeur la plus fondamentale de l’humanité. Puisque la mort viole clairement ce droit, la mort est un crime contre l’humanité. »[3]
(l’ONU baigne dans la confusion la plus totale. Rappelons que la vie n’est pas une valeur. La vie est un fait, la vie nous est donnée. La liberté est une valeur, la valeur suprême sans laquelle la vie perd son sens)
Confontrés à un problème de santé publique, les biocrates mobilisent tout le corps social, et vont jusqu’à bloquer les mécanismes vitaux de la société. Pour lutter contre cette forme de grippe qui ne met réellement en péril qu’une catégorie très ciblée de la population (les vieux et certains malades), les biocrates qui, rappelons-le, n’administrent pas des êtres libres et responsables mais gèrent une masse, se fixent comme objectif la protection totale du « troupeau humain », y compris ceux pour qui cette maladie serait bénigne. Mais, dramatique revers de la médaille : en voulant protéger à tout prix les vivants, les biocrates mettent en péril ce qui les fait vivre : l’économie, la production, les échanges. Les biocrates répandent la peur qui induit des réactions irrationnelles et de véritables crises de paniques.
Si la crise perdure, ces adeptes de la nouvelle idole, la vie, (sans la mort) mettront l’économie mondiale par terre et provoqueront des souffrances et des maux incalculables.
Il faut arrêter cette destruction aussi absurde que dangereuse, tant qu’il est encore temps. Il faut revenir au gouvernement des hommes et abandonner la gestion des vivants qui conduit directement l’humanité à la catastrophe.
Juste une petite remarque
Les Français sont appelés à voter dimanche. Mais on ordonne aux « vieux » et aux malades, de rester confinés dans leurs établissements, ou chez eux. Les vieux et les malades exclus du scrutin ? Par ailleurs, l’isoloir, n’est-il pas un lieu privilégié de contamination ? Toutes les écoles communales contaminées ? Qui va oser braver le danger de la contamination en allant voter ?
Voltaire, réveille-toi, ils sont devenus fous !
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Sidney Touati pour Dreuz.info.
- [1] Hypothèse examinée dans mon livre « De Voltaire à Badinter » qui doit être publié prochainement.
- [2] Charte sociale européenne du 3 mai 1996, partie V, article E
- [3] Yuval Noah Harari, Homo Deus, Une brève histoire de l’avenir*, Albin Michel, 2017, p.32
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Remarquable article !
Le problème …. c’est justement le caractère intolérable et inadmissible de la mort !
Dans l’Humanité …. il y a plus de morts que de vivants !
Et constatons combien la logique, la vérité du “passé” ( comprendre la logique, la vérité des morts ! ) influencent et interfèrent notre Présent !
Nous sommes complètement “soumis” au “passé” plus ou moins proche (voir les préceptes et obligations religieuses, les lois du passé, les explications du passé, la logique du passé !) …
L’erreur c’est lorsque la ou les “vérité(s) du passé” sont érigées en “Vérité du Présent” sans le moindre “esprit critique”!
Finalement sur Terre…. il y a plus de morts … que de Vivants ….
Et les “morts” n’ont pas le droit de gêner les Vivants … “ils” ne doivent laisser que de bons souvenirs et/ou de bons conseils !
Nous savons tous que le “but de la Vie” …. c’est tout simplement la Vie !
Et le seul moyen que la Vie a trouvé pour échapper à la mort … c’est la descendance !
Lorsque je visite un musée …. je n’oublie pas que l’étincelle de Vie qui est en moi existait déjà à l’époque des objets qui y sont exposés !
C’est aussi vrai pour les dinosaures ….. époque où notre étincelle de Vie a été, me semble-t-il, singulièrement menacée ! (et ce n’est pas la seule “époque difficile” !)
Nous n’avons pas le droit de nous plaindre …
“le caractère intolérable et inadmissible de la mort !” : le religieux a disparu de notre société.
Le religieux permet justement de transcender la mort. C’est particulièrement vrai pour les chrétiens.
Intéressante méditation. A bien y réfléchir, la vie humaine est fort semblable à un virus. Son temps d’incubation dure 9 mois. Il provoque une maladie mortelle sexuellement transmissible et très contagieuse et sa létalité statistique est de 100%. Actuellement, environ 7 milliards d’humains sont affectés par cette pandémie.
Excellent!
gigobleu
Votre billet est VRAI, on ne peut logiquement le contredire, mais dans quel monde de fou nous vivons.
En passant, la CHINE COMMUNISTE DOMINERA LE MONDE, elle est dans une montée en puissance vertigineuse. 2049 sera leur 100e anniversaire,
A remarquer que presque tout ce que nous consommons provient de la Chine, les chinois achètent tout, ici au Canada L’ouest du pays est déjà chinois.
Définiton de la biocratie : “réactif à base d’anticorps monoclonaux couplés à des enzymes” permettez-moi donc de ne pas comprendre votre discourrs. Pourquoi ne pas faire simple quand on peut faire compliqué
Respectueusement
La définition que vous citez est celle d’un bioréactif et non d’une biocratie. Voir le lien suivant: https://www.universalis.fr/dictionnaire/bioreactif/
Superbement expliquée cette “biocratie” qui hélas, ne nous libère toujours pas de la ploutocratie ! ou Plutocratie ( Pluto dans le dessin animé)
Tout est inversé et les intentions produisent les effets inverses de ceux recherchés. La lutte contre les discriminations crée une contre société de plus en plus inégalitaire. L’obsession de la vie produit la dévirilisation de la société qui la rend faible et perméable à l’ensauvagement. Comme disait Zemmour, le “en même temps” macronien est un oxymore permanent.
Quelle bêtise ! bien sur qu’il faut privilégier la vie ! Nous ne sommes pas des musulmans qui disent aimer la mort !
Merci Monsieur Touati. Cette dictature biocrate, qui ne dit pas son nom, nous prive tous de notre première mort (qui nous attend tous) et qui fait partie intégrante de la vie.
D’où cet acharnement imbécile de prolonger l’agonie des mourants en les maintenant dans un état qu’on ne souhaiterait pas à son pite ennemi.
Et Dieu dans tout ce foutoir ? Dit autrement : et la Vérité dans tout çà, avec la liberté qu’IL nous donne ?
M.Touati, je vous trouve un peu ” léger ” pour ne pas dire ” superficiel ” quand vous ecrivez que le Covid-19 ne tue qu’une catégorie très ciblée c.a.d des personnes agées . La vie vaut-elle moins parce qu’on est plus tout jeune ?
En Italie :
14% des déces sont dans la tranche 80/89 ans
42%……………………………………………70/80
32 % ………………………………………….60/70
8% …………………………………………….50/60
3%……………………………………………..sous les 60 ans
Quand les ” vieux ” auront succombé ce sera – peut etre le tour de votre tranche d’age ?
Etrange et contradictoire votre article : je ne vois pas qu’on exalte nulle part la vie mais une espece de concept remasterisé . Comment meme comparer avec une espece comme de retour et à quelles sources primitives qui sont eteintes de fait depuis combien de millenaires ou de siecles dans les endroits les plus eloignés a part pour une espece de feuilleton – Qui y croit le realisateur ou les spectateurs en buvant leur bibine 100% sans sucre naturelle pur sucrette ?
Ce qu’on constate c’est la sauce en boucle faire cesser des discriminations a la mode ? Lequelles il y a celles hypermediatisées et les autres plus nombreuses , pires a la fois mais interdites d’etre vues , parcequ’on a pretenduement sauvé le droit de telle minorité affirmant de se colorer une joue verte , celle qui hurle par porte voix que ses fondamentaux devant les autres – face rose sans teinte – sont donc bafoués quand pendant ce temps ceux de millions sans aucune couverture ni meme de face presentable – mais voyons il n’ont pas la bonne “face” elle est resté rose ? c’est indécent voyons non il ne plaignais pas mais de la faim ! faites les taire , mais comment ca n’existe pas voyons au XXI sauf avant l’heure de mon chariot de vromage pour mon minou !
La defense de la nature laquelle donnez donner a face bleu et la planete sera sauvée ? c’est fantastique comme une ile sauvage a envahir avec le must elle est belle la “vie” pour y faire venir tout le monde et remplacer les cocotier par des modeles en plastoc avec le distri de jus d’orange pur 100% reconstitué .
La nature on sais meme pas ce que c’est ou ce qu’elle a ete comme les vieux film sur les vahiné de tahiti pour la lotion pour la perruque du chat robot . Bio c’est une formidable industrie avec une valeur ajoutée qui n’a rien avoir avec la definition a part cette valeur phonetique alors qui peut donner billot c’est ca avec l’education “tai ou” avec le machin ?
Quand a la democra-quoi ? c’est la blague de coluche qui me revient en ce moment ou on conseille de rester chez soi quand on est vieux et en meme temps d’aller dans l’isoloir ou une autre personne vient de passer 5 minutes en toussant en ayant regardé le suivant sur la file il va y passer ( dans l’isoloir et on entend dans l’ombre a voté )
ce mythe a Platon sorti de sa caverne ( un concept aussi comme grand ancetres descendu de la chaise du cineaste ) l’avais deja parfaitement expliqué pour les nuls il y a deux milles ans comme elle cesse d’etre tres vite par les defauts d’une espece qui a cessé d’etre humaine mais meme pas animale non plus ? A ce qu’on voit (jamais ? ) elle produit des dechets mais rien d’autre en realité pour la plupart a part si on chinois dans une usine ? C’est pas le vrai retour a la nature dans une BD de dechets ultimes que la nature elle meme ne pourra pas digerer et le plus concentré aux deux extremes redistribués la ou on consomme le moins du mondialisés-les-poubelles c’est ca la billot-crassie sous cette orthographe ? Dans ce cas la promotion de ce film kult est excellente ca fera une excellente serie avec les recyclés des rescapés des iles tantantes et idylles mais THE must ! avec la realité de synthese ca fera encore plus vrai et la ca se vendra mieux encore ?
The new Kult mais avec la petite lame sur manche a balais sai-la vie bravo aux apotres de la confusion et merci encore j’ai failli m’etrangler de rire !
Et cette nature qui pretend la comprendre meme en soi meme pour commencer ?
j’ai fat quelques corrections minimes merci le moderateur !