Publié par Gaia - Dreuz le 21 mars 2020

Dreuz remercie ses amis d’InfoEquitable, qui font un travail exceptionnel de surveillance pour corriger les erreurs – qui vont toujours dans le même sens – des médias contre Israël. InfoEquitable mérite d’être soutenu, financièrement et moralement.

Source : Infoequitable

Dans un article malveillant, le correspondant du quotidien du soir accuse le Premier ministre israélien de profiter de la crise sanitaire pour attenter aux libertés publiques et mettre la population en coupes réglées. Explication de texte.

En cette période d’épidémie mondiale, ce n’est pas la bonne foi qui étouffe le correspondant du Monde en Israël.

On aurait pu penser que la crise sanitaire mondiale sans précédent qui se déroule sous nos yeux allait être l’occasion pour le journal de décrire avec objectivité et sans arrières pensées la manière dont chaque pays est confronté au coronavirus et les mesures prises pour le combattre.

On aurait pu espérer que Le Monde mette pour une fois de côté ses vieilles rancoeurs moyen-orientales et profite de ces circonstances pour se défaire de ses a priori anti-israéliens qui depuis des lustres ne l’ont conduit, de surcroit, que dans des ornières idéologiques.

Eh bien, non !

On en veut pour preuve cet article de Louis Imbert, le correspondant du journal à Jérusalem, dont presque chaque phrase est un tissu d’insinuations destinées à nous convaincre de la malfaisance et des mauvaises intentions de Benyamin Netanyahu, y compris à l’égard de sa propre population.

De quoi s’agit-il, en réalité ? L’affaire – pour être sans précédent – n’en est pas moins limpide : le gouvernement israélien va utiliser les banques de données téléphoniques du Shin Bet, l’un des services secrets du pays, pour localiser toute personne s’étant trouvée sans le savoir à proximité d’un patient infecté, dans les 14 jours précédent son diagnostic. 

Une fois localisée, cette personne reçoit un SMS du ministère de la Santé pour l’informer de la situation et lui demander de se mettre en quarantaine.

Voilà un exemple parfait du pragmatisme israélien : utiliser des banques de données archi-confidentielles, destinées originellement à la lutte anti-terroriste, dans le cadre d’une mesure de santé publique afin d’éviter la propagation de l’épidémie et sauver des vies.

Mais pour Le Monde l’occasion est trop belle pour tordre les motsdéformer la réalité et diaboliser Israël.

Malhonnête, l’article du Monde ? Rien que le titre et le sous-titre sont déjà un modèle du genre.

D’emblée, le dispositif est présenté comme un programme de « surveillance de masse ». Une expression ambiguë – très en vogue dans les ONG – qui évoque irrémédiablement la mise en place d’un système coercitif et inquiétant destiné à surveiller les populations pour mieux brider les libertés publiques.

Pour ceux qui n’auraient pas saisi l’allusion, Le Monde enfonce le clou dans son sous-titre.

Pour le journal français, c’est littéralement une « traque » qu’a lancée le gouvernement israélien contre les personnes infectées.

Selon le dictionnaire, une « traque » est bien une « activité de chasse » qui consiste à « rabattre le gibier vers une ligne de chasseurs » prêts à ouvrir le feu. Au figuré, cette expression  signifie « Poursuivre sans relâche une personne en fuite pour l’arrêter, la capturer ».

Le vocabulaire utilisé par le correspondant du Monde ne correspond en rien à ce qui a été mis en place par le gouvernement israélien. Qu’à cela ne tienne! Pour ajouter un peu de noirceur au tableau, le sous-titre précise que cette chasse à l’homme va se dérouler « sans autorisation préalable de la justice ».

Pourtant, dans le corps de l’article, on apprendra au détour d’une phrase que la décision a été prise « avec l’accord du procureur général Avichaï Mandelblit » – ce qui constitue tout de même une caution judiciaire significative.

Le procureur Avichaï Mandelblit

(Pour ceux qui l’ignoreraient, Avichaï Mandelblit n’est pas un affidé du pouvoir en place. C’est lui qui a mis en examen Benyamin Netanyahu pour corruption…).

Mais le mal est fait : annoncer d’emblée que le dispositif fonctionne « sans autorisation préalable de la justice » revient à suggérer au lecteur qu’Israël est un Etat voyou, où l’arbitraire règne et où les dirigeants font peu de cas des règles de droit censées protéger les citoyens.

Le journaliste Louis Imbert établit de manière explicite un lien avec le conflit israélo-palestinien, qui n’a cependant rien à voir avec le sujet : « Cela revient à appliquer en Israël des méthodes de surveillance comparables à celles employées dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, et dans les zones sous contrôle de l’Autorité palestinienne et du Hamas, à Gaza »écrit-il dès les premières lignes de son article.

Traduisez : de la même manière qu’il opprime les Palestiniens, le régime israélien asservit ces propres citoyens. Ce n’est pas une démocratie mais un régime illégitime.

De nombreuses insinuations et inexactitudes

Le reste de l’article est à l’avenant. Nous vous proposons de l’examiner point par point en démontant une à une les distorsions insidieuses opérées par Le Monde.

Il y est tout d’abord indiqué que « Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a autorisé l’usage de méthodes de surveillance électroniques de masse ».

C’est une demi-vérité qui confine au mensonge par omission.

Laisser entendre que c’est Benyamin Netanyahu, seul, qui aurait pris cette décision, c’est une fois de plus insinuer qu’Israël est un pays où le chef de l’exécutif édicterait les règles selon son bon vouloir, à la manière de ce qui se pratique dans les républiques bananières.

Nous ne croyons pas travestir la pensée de Louis Imbert.

« Face au virusNétanyahou est en roue libre », lâche le journaliste sur son compte Twitter en assurant la promotion de son article.

Un article du New York Times, consacré au même sujet, apporte un éclairage très différent de celui du Monde sur la manière dont la décision a été élaborée.

« La décision sans précédent d’utiliser les données secrètement collectées pour lutter contre le terrorisme pour les efforts de santé publique a été débattue pendant des heures dimanche par le cabinet de M. Netanyahu », indique le New York Times.

On le voit, il ne s’agit pas de la décision d’un homme seul mais d’une mesure décidée collectivement par les membres d’un gouvernement légitime qui en avait bien perçu le caractère sensible et complexe.

Haaretz, le grand journal de la gauche israélienne que Le Monde vénère tant, donne plus de précisions sur ce qui s’est tramé durant la réunion du cabinet.

« En raison des critiques publiques concernant la violation de la vie privée qu’entraine cette procédure inhabituelle, cinq ministres ont demandé au procureur général adjoint Raz Nizri d’imposer des restrictions supplémentaires sur son utilisation par le Shin Bet. Les cinq ministres qui ont demandé des limitations supplémentaires étaient Gilad Erdan, Amir Ohana, Bezalel Smotrich, Zeev Elkin et Tzipi Hotovely.

En vertu de ces restrictions, le permis de surveillance des données de localisation ne restera en vigueur que pendant la crise du coronavirus, et toutes les données collectées seront supprimées 30 jours après la fin de la crise. Le Shin Bet n’utilisera ces données que pour suivre la propagation du virus, et elles seront envoyées directement au ministère de la Santé, qui enverra les SMSLa violation de ces règles sera une infraction pénale ».

Sur ce dernier point, et après avoir rapporté ces restrictions de manière beaucoup moins détaillée, Le Monde indique : « Le Shin Bet ne serait pas autorisé à faire un autre usage de ces données ».

Pourquoi ce conditionnel qui semble jeter le doute de manière gratuite sur le système judiciaire israélien ?

Haaretz est pourtant très clair : les agents du Shin Bet ne sont pas autorisés à détourner à d’autres fins le dispositif mis en place. Ceux qui seraient tentés d’outrepasser cette limite encourent des poursuites devant les tribunaux.

Les propos de Benyamin Netanyahu tronqués

Le Monde rapporte ensuite les propos de Benyamin Netanyahu de manière fort partielle.

«M. Nétanyahou a reconnu samedi que ces mesures de surveillance électronique “impliquent un certain niveau d’atteinte à la vie privée des gens, lorsque nous vérifierons avec qui ils ont été en contact après être tombés malades, et ce qui a précédé et a suivi” ».

Ce court extrait de la déclaration du Premier ministre israélien n’apporte rien de plus qu’on ne savait déjà. Le Monde ne lui fait dire que ce qui abonde dans son sens.

Or Benyamin Netanyahu a été plus prolixe, expliquant de manière plus pédagogique l’esprit et les enjeux du dispositif.

Tout d’abord, la citation de Netanyahu retenue par Louis Imbert a été elle-même tronquée.

Nous avons retrouvé l’originale dans l’article de Haaretz :

« Ce n’est pas simple », a-t-il reconnu. « Cela implique une certaine violation de la vie privée de ces personnes, car nous allons vérifier avec qui elles sont entrées en contact une fois tombées malades et ce qui l’a précédé et ce qui a suivi ».

Pourquoi avoir supprimé cette introduction – « Ce n’est pas simple » – qui donne le ton et semble indiquer que le Premier ministre israélien a bien conscience de la complexité du problème ? Parce que cela risquerait d’estomper un tant soit peu la présentation sans nuance qui est systématiquement faite dans Le Monde de la politique de Benyamin Netanyahu ?

Netanyahu a poursuivi sa démonstration, ainsi que le rapporte le New York Times, en concluant :

« Israël est une démocratie. Nous devons maintenir l’équilibre entre les droits de l’individu et les besoins de la société en général, et nous le faisons. »

En réalité, les deux extraits son indissociables. La deuxième phrase vient en conclusion de la première. Ne rapporter que le début de la déclaration pourtant bien courte du Premier ministre israélien revient à trahir sa pensée… et à abuser le lecteur.

Le Monde ne cite que ceux qui sont opposés à la mesure…

C’est un grand classique du journalisme français et Le Monde y a recours plus souvent qu’à son tour : publier un florilège de réactions et d’avis, mais qui vont tous dans le même sens.

Louis Imbert rapporte ainsi que « l’implication du Shin Bet dans une crise civile (…) suscite des critiques au sein de l‘opposition de gauche, parmi des juristes et des organisations de défense des libertés ».

Il cite notamment Daniel Friedmann, ancien ministre de la justice et ex-doyen de la faculté  de droit de l’université de Tel Aviv qui estime que « cette législation représente une sérieuse atteinte à la vie privée des Israéliens », puis en reste là, estimant sans doute avoir rempli sa mission de correspondant et avoir exposé au lecteur du Monde un panorama suffisamment large de la société israélienne.

… Mais zappe ceux qui la soutiennent

Le New York Times a poussé l’enquête un peu plus loin. Certes, il donne la parole à toute une série de responsables politiques et de militants opposés à l’utilisation des ordinateurs du Shin Bet dans la lutte contre le coronavirus.

Puis, après avoir souligné que l’annonce du projet est « plutôt bien accepté » et ne suscite guère de remous dans l’opinion publique, le journal américain rapporte des avis favorables.

Ran Sa’ar, directeur général de Maccabi Health Services, le deuxième plus grand fonds de santé d’Israël, avec 2,4 millions de membres, craint qu’il y ait encore de nombreux porteurs du virus non-identifiés en Israël. Le pays pourrait être submergé si on les identifie pas avant qu’ils ne soient des dizaines de milliers. « Si nous pouvons les localiser, cela aidera. Comme dans tous les pays, il y a un certain nombre de choses qui relèvent du secret, et c’est une bonne chose tant que cela reste sous contrôle », a déclaré le responsable de santé au New York Times.

Pour Lior Akerman, un ancien officier du Shin Bet, les services secrets israéliens sont bien entraînés à faire la distinction entre les cibles appropriées – celles soupçonnées de nuire à la sécurité nationale – et les civils innocents. « Dans ce cas », explique Lior Akerman, « il ne s’agit pas de suivre des innocents ou d’envahir leur vie privée, mais d’utiliser les technologies existantes pour identifier et localiser les personnes malades et les porteurs qui pourraient infecter des milliers de personnes ».

La Corée du Sud opte pour le même système… sans subir les foudres du Monde

En fait, Israël n’est pas le seul pays à avoir opté pour un tel dispositif de surveillance téléphonique dans la lutte contre le Covid-19.

La Corée du Sud a mis en place – avec succès – un système analogue, suscitant l’admiration de la communauté internationale.

L’Agence France-Presse (AFP) y a consacré une dépêche élogieuse qui a été reprise par une bonne partie des journaux français (ici dans La Croix).

Le Monde n’a pas publié cette dépêche. Il a encore moins rédigé d’article pour s’inquiéter des pratiques mises en place par les autorités sanitaires sud-coréennes pour protéger leur population.

La Cour suprême a le dernier mot

Preuve, s’il en était besoin, que Benyamin Netanyahu n’est pas « en roue libre », les opposants sont allés immédiatement contester la légalité du projet devant la Cour suprême, comme cela se passe dans tous les pays démocratiques.

Jeudi, les magistrats israéliens ont fait connaître leur décision : la Cour suprême a exigé un contrôle parlementaire du dispositif et donne cinq jours au gouvernement pour s’accorder sur ce point avec la Knesset.

Louis Imbert a eu cette information puisque il a retweeté jeudi en début de soirée le tweet de son confrère Guilhem Delteil, correspondant de Radio France internationale (RFI) à Jérusalem. 

En revanche il n’a pas jugé nécessaire d’informer les lecteurs du Monde de cette évolution.

A l’heure où nous mettons en ligne, ce vendredi, l’article de Louis Imbert n’avait pas été réactualisé.

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