Publié par H16 le 25 mars 2020

Début mars, les choses étaient à peu près claires : comme il n’y a pas de masques, il semble évident que ceux-ci ne servent à rien. De la même façon, comme il n’y a guère de possibilités de tester, limitons ceux-ci aux patients pour lesquels le doute est extrêmement faible. C’est implacable.

Partant de là, la subtile stratégie française s’est mise en place rapidement : pendant que des factotums débiles se relayent devant les caméras pour expliquer en quoi le port du masque est compliqué et ne résout rien, d’autres s’emploient à limiter tant que faire se peut les tests afin officiellement de n’encombrer aucun service de dépistage ce qui, de façon collatérale bien pratique, limitera artificiellement le nombre de cas découverts dans l’Hexagone.

Tout le monde est content ou presque.

Malheureusement, la doctrine étatique se fissure : de plus en plus, tout indique que non seulement, les tests permettent d’avoir une bien meilleure idée de l’extension de l’épidémie, mais permettent en plus de piloter efficacement les ressources limitées et de ralentir les contaminations.

Le cas de Vò en Italie illustre assez bien le propos : les tests menés de façon systématique ont permis d’y éradiquer le virus.

Quant aux techniques de tests, elles se multiplient à mesure que l’épidémie prend de l’ampleur. Depuis les tests génétiques Biomérieux ou Cepheid, jusqu’à l’utilisation de scanners, on commence à disposer progressivement d’outils efficaces.

Et pendant que le gouvernement français s’agite d’EHPAD en EHPAD heu non pardon de plateau télé en plateau télé, les initiatives privées s’accumulent, depuis un drive-in de test à l’image de ceux de la Corée du Sud où les tests y ont été organisés afin de passer une grande partie de la population au crible, jusqu’aux propositions de respirateurs automatiques à 40€ en impression 3D en passant par les bricolages astucieux permettant par exemple de brancher plusieurs patients sur le même appareil.

De façon pragmatique, tester permet aussi de repérer les populations qui sont maintenant immunisées et qui peuvent donc reprendre une activité normale, ce qui, à l’heure où l’économie s’effondre, n’est pas une mince contribution.

C’est d’ailleurs le principal avantage de tests extensifs : en permettant de resserrer le confinement sur les seules personnes à risques, contaminantes ou malades, cela permet d’éviter le confinement total d’un pays qui se traduit rapidement par la mise en bière rapide de son économie.

En réalité, ce principe est fort bien compris de nos élites qui, pour elles-mêmes, ont bien vite trouvé les opportunités de se faire correctement tester.

On comprend, dans ce contexte, le changement très progressif, millimétrique même, de la stratégie gouvernementale qui évoque maintenant l’extension des tests, alors que les moyens étatiques ne sont bien évidemment toujours pas en place.

Si tout ceci ressemble à s’y méprendre à une grosse improvisation mal foutue, ce n’est pas fortuit puisqu’il s’agit effectivement d’improvisation mal foutue : alors qu’il est aussi évident que logique que les tests sont réellement un outil indispensable dans la panoplie des réponses à une pandémie, le gouvernement a, jusqu’à présent, multiplié les mesures qui s’en éloignent.

Il surnage même l’impression que tout a été fait, au-delà des impréparations évidentes, pour freiner, partout et à chaque fois que possible, les initiatives privées.

À cette lumière, la prudence que nos politiciens et autres comités scientifiques affichent avec une ostentation appuyée ressemble trop souvent à l’étouffoir des bonnes volontés derrière la bureaucratie, les normes, les protocoles soudainement les plus pointilleux possibles. En somme, si l’État, l’administration et les élites qui nous gouvernent ne sont pas l’instigateur de telle ou telle méthode, de tel ou tel protocole, de telle ou telle idée, si l’imprimatur républicain n’y est pas apposé, alors ce sera immédiatement taxé de dangereux, de voué à l’échec et sera réservé aux cas désespérés (précisément parce qu’alors, on sait que ça ne sert plus à rien).

Tout se passe comme si l’État, devenu le Papa et la Maman de tous les petits citoyens de la République du Bisounoursland, ne voulait surtout pas que les uns et les autres prennent leurs responsabilités : cette liberté s’accompagne de celle de prendre des risques, donc de se tromper, de se faire mal. C’est un danger ! Et l’échec, possible, devient rédhibitoire.

Dans ce cadre, tester tout le monde revient à ne confiner que la part congrue des gens qui doivent l’être, et seulement ceux-là. Fini le confinement général, la démonstration de muscles et la distribution de libertés au compte-goutte dûment autorisé par un petit cerfa 123456 tamponné du sceau républicain et de son numéro de décret.

Dans ce cadre, il est insupportable qu’un médecin prenne l’initiative de distribuer un traitement qu’il juge approprié et que des malades prennent leur responsabilité en l’acceptant voire en faisant directement confiance au praticien, sans en passer ni par les autorités de tutelles, ni par l’État et ses autorisations administratives, ses cerfas et ses petits formulaires bien remplis et bien tamponnés.

Non, vraiment, oubliez ceci, petits moutons, et revenez vite dans le giron protecteur de notre grande et belle République ! Oubliez ce nouvel épisode pourtant crucial d’une bataille entre d’un côté l’initiative privée avec ce qu’elle comporte évidemment d’audace, de prise de risque et de dangers évidents mais surtout de responsabilisation des différents acteurs, et de l’autre côté, la démonstration flagrante que non seulement l’État ne peut pas tout, mais qu’il est plus souvent néfaste que bénéfique dans son action.

Non, oubliez ça. Et surtout, surtout, restez chez vous.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © H16. Publié avec l’aimable autorisation de l’auteur (son site)

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