Publié par Gaia - Dreuz le 30 mars 2020

Source : Swissinfo

Les appareils d’assistance respiratoire font actuellement partie des produits qui peuvent décider de la vie ou de la mort de milliers de patients.

L’entreprise suisse Hamilton est le leader mondial du secteur. Elle met tout en œuvre pour répondre à la demande, au moins là où c’est le plus urgent, affirme son directeur général.

L’entreprise d’appareils médicaux Hamilton Bonaduz SA installée aux Grisons produit des respirateurs artificiels que les hôpitaux utilisent pour les soins intensifs. La dernière génération de ces appareils était déjà particulièrement recherchée avant la pandémie de coronavirus. Mais la demande a maintenant explosé et, bien que l’entreprise grisonne mette tout en œuvre pour augmenter ses capacités, elle ne parvient pas à la satisfaire, nous explique son patron Andreas Wieland.

swissinfo.ch: De combien la demande a-t-elle augmenté en raison du coronavirus?

Andreas Wieland : Notre entreprise avait déjà connu une forte croissance avant la pandémie. La progression était de 20% l’an dernier et de 30% l’année précédente. Mais maintenant, cette demande est encore bien plus forte, énormément. Nous pourrions largement vendre de nombreuses fois ce que nous sommes en mesure de produire. Le monde entier réclame ces appareils.

Combien d’appareils produisiez-vous avant le début de la pandémie et combien pourriez-vous en vendre maintenant ?

Nous pourrions actuellement vendre en un mois autant d’appareils que nous en avons vendus durant toute l’année dernière, soit de 1500 à 2000 pièces.

Qu’est-ce qui distingue vos respirateurs?

La nouvelle génération d’appareils assure ce qu’on nomme une closed-loop ventilation. Cela signifie qu’il n’y a presque rien d’autre à faire que de placer le masque sur le patient ou de l’intuber. Ensuite, l’appareil fait tout ce qui est nécessaire de manière totalement automatique en se basant sur la pression, le volume, la mécanique pulmonaire et d’autres paramètres, par exemple la mesure des fonctions cardiaque et pulmonaire.

Le médecin n’a donc plus besoin de contrôler régulièrement si l’appareil est bien réglé ou s’il faut le réajuster. Et cela représente une sécurité supplémentaire, en particulier dans les pays où le savoir-faire du personnel médical n’est pas au même niveau qu’ici.

«Nous travaillons jour et nuit, également le samedi et le dimanche.»

Contrairement à des idées largement répandues, mourir des suites de cette maladie est très pénible. Les patients pourraient peut-être s’en aller en paix s’ils n’étaient pas sous respiration artificielle ?

Non. Ce virus provoque tant de mucus dans les poumons que les patients étouffent lentement. Mais quand ils sont intubés et placés sous ventilation mécanique, beaucoup d’entre eux peuvent être sauvés. Pas tous, naturellement.

Comment gérez-vous le fait que des personnes meurent parce que vous ne parvenez pas à produire suffisamment d’appareils ?

Nous en sommes pleinement conscients et nous travaillons jour et nuit, également le samedi et le dimanche. J’ai maintenant demandé au canton une autorisation de travailler le dimanche.

Dans quelle mesure pouvez-vous augmenter la production à court terme ?

Avant la pandémie, nous comptions sur une augmentation des ventes de 20%. Mais maintenant, nous augmentons la production de 50% supplémentaires.

Et vos fournisseurs ?

Cela devient de plus en plus difficile. Chaque pays se préoccupe de lui-même et cela a aussi une influence sur la livraison de nos composants.

Les autorités roumaines ont par exemple décidé qu’une de ces pièces était un «medical device» et empêchent son exportation vers la Suisse. Nous nous efforçons de leur expliquer que ces éléments ne suffisent pas à aider quelqu’un à respirer.

Est-ce que Hamilton Bonaduz SA continue de livrer à l’étranger ?

Nous livrons en Suisse et à l’étranger. En Suisse, nous sommes actuellement en discussion avec certains hôpitaux, avec des hôpitaux universitaires, avec de nombreux services de la santé et avec l’armée pour répondre autant que possible à leurs besoins.

«Nous essayons de livrer là où les besoins sont les plus urgents.»

Mais qui peut encore obtenir vos appareils et à qui devez-vous dire non?

Nous essayons de livrer là où les besoins sont les plus urgents.

Concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ?

Un exemple : l’armée américaine en a commandé une énorme quantité. Mais nous ne leur livrons pas tout. Nous constatons que le problème est plus grave en Italie. Nous fixons nos priorités en conséquence.

Estimez-vous que la situation dans notre pays risque d’empirer de manière si dramatique qu’il n’y ait plus assez d’appareils pour tous les patients qui en auraient besoin ?

Il y a actuellement de 1000 à 1200 appareils au total en Suisse. Je pense que cela ne sera jamais suffisant si la pandémie progresse de manière aussi brutale qu’en Italie.

Qu’en est-il de vos livraisons vers l’Italie ? Avez-vous suffisamment d’appareils pour les patients de ce pays qui en ont besoin ?

Les gens en Italie sont aussi très importants pour nous, c’est pourquoi nous faisons tout pour leur assurer des soins.

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