Publié par Eber Haddad le 28 avril 2020

Depuis le début de cette crise du Coronavirus, tragique pour des millions de personnes, et encore plus pour ceux qui ont perdu des proches, des parents, des frères et sœurs ou des amis chers, on se pose des questions, et on échange parfois brutalement sur « les pour et les contre » de tel ou tel traitement.

Le confinement aidant, les humeurs se sont aigries et on a l’impression qu’on est en train de commenter un match de foot alors qu’il s’agit de vies humaines, de nos vies et de ceux qu’on aime.

Hier, pour la septième fois, j’ai pleuré la mort d’un ami qui, lui aussi, a succombé à ce virus qu’on maîtrise mal, qu’on ne sait pas encore bien soigner, mais qu’on arrivera à vaincre, j’en suis convaincu.

Et d’ailleurs, toutes les controverses au sujet de la façon de traiter sont non seulement déplacées, mais indécentes, voire même obscènes dans certains cas. On tâtonne et on essaye, c’est normal que dans l’urgence on ne respecte pas les procédures traditionnelles, l’important n’est pas de pérorer mais de sauver des vies, et quand bien même le traitement préconisé n’a pas été expérimenté avant, il faut l’essayer si le patient ou sa famille le réclament et sont d’accord d’en faire l’usage, surtout quand on n’a pas vraiment le choix.

Ce n’est pas aux politiciens d’en décider, c’est aux médecins qui s’occupent de vous de le faire. Ça a toujours été comme ça, pourquoi cela devrait-il être diffèrent dans ce cas ?

Je ne rentrerai pas dans les détails parce que je n’ai pas envie de débattre avec des profanes, j’en suis un moi-même, qui vont me débiter leurs poncifs, leurs certitudes glanées sur un post Facebook, sur YouTube ou sur une rumeur qu’ils ont comprise de travers.

Dans ma vie de patient à plusieurs reprises, j’ai refusé des traitements recommandés par d’éminents spécialistes et en fin de compte j’avais eu raison. J’en ai pris la responsabilité, ça ne regardait que moi, et j’étais prêt à en assumer les conséquences. Nous sommes les maîtres de nous-mêmes et c’est à nous d’en décider et d’en débattre avec notre médecin traitant.

Aujourd’hui j’ai allumé une bougie à la mémoire de mes proches et de mes amis victimes du Coronavirus, et j’espère que ça s’arrêtera là.

C’était aussi une journée spéciale pour moi, qui marquait la date anniversaire de la mort de ma mère, à l’âge de 30 ans, d’un empoisonnement médicamenteux suite à une erreur de posologie, et à la toxicité de ce produit qui avait aussitôt été retiré de la vente. Un grand ponte de l’époque devait venir de France en Tunisie pour tenter de la soigner avec des médicaments qui n’étaient pas encore commercialisés et des traitements inédits pour l’époque, le Professeur Chevalier, mais la lenteur des transports l’a fait arriver trop tard. Il s’est avéré que si ces médicaments et ces traitements avaient été utilisés une semaine plus tôt, elle aurait survécu à cette agranulocytose qui l’a emportée. Depuis, je sais que dans certains cas, comme le dit James Sallis « À situation désespérée, mesures désespérées » et que nous, ses enfants, on aurait été bien contents de la voir s’en sortir.

Je pense à mes amis trop tôt partis et je sais que leur mémoire sera une bénédiction.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Eber Haddad

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