Le retrait de Bernie Sanders de la course à la présidence n’aidera pas Joe Biden

Publié par Magali Marc le 10 avril 2020

L’abandon de la course à l’investiture par Bernie Sanders qui néanmoins persiste à vouloir envoyer un maximum de délégués gauchistes à la Convention démocrate, fait couler beaucoup d’encre. Certains commentateurs estiment que Sanders a gagné quand même parce qu’il a réussi à gauchiser le Parti Démocrate, dont il n’est toujours pas membre, et que Biden s’est senti obligé de mettre de côté ses prises de position jugées «centristes» pour faire plaisir aux supporters de Sanders, à présent ouvertement socialistes. Sanders lui-même a déclaré avoir gagné la «bataille idéologique». Mais d’autres pensent que Sanders se fait des illusions et que ses adeptes ne voteront pas démocrate en novembre.

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit l’article de Matt Vespa*, paru sur le site de Townhall, le 8 avril.

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Avec le départ de Bernie Sanders, les Démocrates vont-ils admettre que Joe Biden est une «cause perdue» ?

Das vidania, Bernie Sanders !

Il est parti. Le Socialiste a suspendu sa campagne après qu’il soit devenu évident qu’il n’allait pas remporter l’investiture, ce qui est devenu clair le jour suivant les primaires du Super Tuesday. Le calcul des délégués n’a pas donné les résultats voulus. Après qu’il ait été éliminé lors des primaires tenues au nord de la ligne Mason-Dixon** – le Super Tuesday II – c’était vraiment fini. Une fois de plus, les Démocrates noirs ont fait dérailler le train Sanders – et il ne s’en est pas remis.

La quasi-totalité de la nation était bloquée en raison de l’épidémie de coronavirus de Wuhan. Aujourd’hui, Joe Biden est forcément le candidat démocrate pour 2020, ce qui a pour effet de dégonfler l’enthousiasme des gauchistes.

De plus, Joe Biden, qui n’est pas un grand communicateur, doit faire face à l’aile «Never Biden» du mouvement progressiste.

Il semble que les gouverneurs démocrates pensent que sa candidature pour 2020 est une cause perdue. Le Comité national républicain n’a pas tardé à s’en apercevoir, puisque Politico a fait un reportage sur la façon dont la liste actuelle des gouverneurs démocrates pourrait façonner la course de… 2024. Serait-ce qu’ils pensent déjà à l’avenir ?

L’article de Politico (2 avril) s’est principalement concentré sur la façon dont les gouverneurs gèrent l’actuelle épidémie de coronavirus de Wuhan:

« Les sondages d’Andrew Cuomo montent en flèche. Jay Inslee attire plus d’attention que sa campagne présidentielle ratée ne l’a jamais fait. Gretchen Whitmer se prépare à devenir la colistière de Joe Biden.
L’écran partagé quotidien entre le président Donald Trump et les gouverneurs de la nation sur la pandémie de coronavirus fait avancer la situation politique d’une poignée de dirigeants d’États démocrates en opposant leur gestion d’une crise à la réaction incohérente (sic) du président.
Mais les gouverneurs démocrates ne se contentent pas d’un simple moment. Certains signes indiquent qu’ils pourraient remodeler la liste des candidats potentiels du parti à la présidence pour les années à venir.
Dans leur réponse à la propagation du virus, les gouverneurs de tout le pays émettent des ordonnances de maintien à domicile, ferment des entreprises et mobilisent des efforts considérables en matière de soins de santé dans leurs États. Les personnes qui ne suivent pas la politique se mettent pour la première fois au diapason de leurs gouverneurs et apprennent le nom des gouverneurs d’autres États.
Le nouveau coronavirus « met vraiment en scène le rôle de premier plan joué par les gouverneurs». … C’est un domaine où ils sont au centre de l’attention, et il n’est pas surprenant de voir de bon commentaires affluer vers eux, car c’est ce qu’ils font tous les jours », a déclaré Jim Hodges, ancien gouverneur démocrate de Caroline du Sud.
« Ce genre de choses leur donne une chance de se faire valoir et de devenir des personnalités connues (…) Je pense que c’est un moment où un certain nombre de personnes font un pas en avant et saisissent l’occasion de se donner des références en tant que dirigeants nationaux. »

Soit, mais la plupart des gens sensés sauraient qu’ils doivent ordonner le maintien à domicile, fermer les écoles, limiter les rassemblements publics et travailler aussi dur que possible pour établir des sites de dépistage et faire circuler les fournitures médicales.

Si on laisse de côté les considérations politiques, New York et la Californie ont été très bien notées pour leur façon de gérer la crise. La Ville de New York a été particulièrement touchée, avec près de la moitié des cas américains de la zone des trois États (New York, le New Jersey et le Connecticut ).

Mais pourquoi cela s’apparente-t-il à un moment de reconstruction d’une équipe de la NFL ?

Je pense qu’il y a eu plus de discussions parmi les Démocrates sur le fait que Biden est le meilleur gars pour battre Trump, mais il n’y a rien de plus.
Biden ne suscite pas d’enthousiasme, il ne se souvient pas du nombre de ses petits-enfants, et il a maintenant besoin que Jill, sa femme, soit à ses côtés pour réduire au minimum les gaffes pendant les douloureuses et courtes vidéos que sa campagne diffuse.

Ce n’est pas un candidat pour les médias sociaux. Et son programme ne sera pas le sien, mais celui de l’extrême gauche (extrait d’un article de The Hill du 8 avril) :

« Huit groupes progressistes ont déclaré dans une lettre commune publiée mercredi qu’ils craignaient que la politique centriste de Biden n’aliène les jeunes électeurs, qui ont tendance à être plus à gauche, et n’entrave les efforts des Démocrates afin de battre le Président Trump en novembre. Ces groupes ont noté que si M. Biden a gagné des délégués en mars, il a systématiquement cédé les électeurs de moins de 45 ans à M. Sanders lors des primaires.
[…]
…la lettre de la cohorte progressiste indique que certains des partisans du groupe ont peu d’appétit pour un retour à la politique traditionnelle qui, selon eux, a causé « une guerre sans fin, des inégalités qui montent en flèche, la dette écrasante des prêts étudiants, des déportations massives, des meurtres de Noirs américains par la police et des incarcérations massives, des écoles qui sont devenues des champs de bataille » et plus encore. «Les messages sur le «retour à la normale» n’ont pas gagné le soutien et la confiance des électeurs de notre génération. Pour de nombreux jeunes, le retour à la situation d’avant l’arrivée de Trump n’est pas une raison suffisante pour voter en novembre », ont-ils écrit.
« Pourquoi voudrions-nous un retour à la normale ? Nous avons besoin d’une vision pour l’avenir, pas d’un retour au passé ».
Les groupes ont fait pression sur Biden pour qu’il adopte une longue liste de politiques, notamment en s’engageant à passer à une énergie 100 % propre d’ici 2030 pour l’électricité, les bâtiments et les transports, en réduisant de 50 % en dix ans les décès par arme à feu, en protégeant les immigrants sans statut légal contre l’expulsion, en soutenant le programme Medicare for All et en appuyant une taxe annuelle pour l’ «extrême richesse» des 180 000 ménages les plus riches d’Amérique.
Ils ont également demandé à l’ancien Vice-Président de nommer des élus de premier plan, qui ont soutenu soit Sanders, soit la sénatrice Elizabeth Warren, en tant que co-présidents d’un éventuel comité de transition. »

Aucune chance que ça se produise!

Promettre « 100 % d’énergie propre en une décennie…»? C’est une blague.

C’est risible. Et cela garantira presque une victoire de Trump en 2020 ; les États de la «Rust Belt»*** ne vont pas dans ce sens, montrant une fois de plus que les jeunes gauchistes ne comprennent toujours pas la Constitution, le Collège électoral, ou les mathématiques que cela implique.

L’Amérique n’est pas limité aux États du Nord-Est et à la Californie !

Nous vivons dans un système où le candidat qui obtient des votes représentants une diversité géographique gagne, et non les snobs régionaux et côtiers, imbus de leur supériorité, qui pensent que leur façon de faire est la meilleure parce qu’ils ont obtenu un diplôme d’études anglaises de merde pour le coût d’un prêt hypothécaire assez important et s’attendent ensuite à recevoir de l’argent de Bill Gates pour nous faire la leçon sur les problèmes que pose le paradigme du politiquement correct. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne.

En 2012, les Républicains ont été confrontés au même problème.

Les quatre derniers candidats du camp du GOP étaient Mitt Romney, Rick Santorum, Newt Gingrich et Ron Paul. Romney était sans doute le meilleur pour battre Obama, mais ce n’était pas suffisant. Pourtant, contrairement à Biden, Romney pouvait prononcer un discours sans avoir l’air de quelqu’un qui a de multiples courants d’air dans le cerveau.

Aujourd’hui, les Démocrates sont confrontés à ce dilemme.
Biden est peut-être le meilleur candidat pour battre Trump sur le terrain de 2020. C’est pourquoi il est monté telle une fusée au moment du Super Tuesday.

Des dizaines de Démocrates aiment bien Bernie, mais Biden était le meilleur pari.

De plus, l’hésitation de Bernie à condamner les gouvernements autoritaires de gauche, comme Cuba et la Chine, a été une grave erreur. Et non, vous ne pouvez pas dire « ce que Cuba a fait en matière de droits civils était mauvais, mais bon, au moins tout le monde peut lire maintenant! ».

Ce n’est pas cela condamner une dictature. C’est une méconnaissance de l’histoire. Tout le monde peut lire parce qu’on leur a fait un lavage de cerveau.

Biden a bénéficié du fait que son nom était déjà connu et du fait que les Démocrates ne voulaient pas que ces primaires se prolongent jusqu’à la veille de la Convention. C’est la seule raison.

Il est vieux, lent, et il ne sait pas où il est la plupart du temps. Il n’arrivera jamais à convaincre les plus ardents défenseurs de la gauche du parti qu’il est un disciple d’Alexandria Ocasio-Cortez.

Ensuite, il devra adopter certaines de ces idées folles pour tenter d’enthousiasmer les Démocrates, mais cela signifie aliéner les électeurs des États qu’il doit gagner, comme la Pennsylvanie, l’Ohio et le Michigan. Il est impossible que les gens dans ces États soient en faveur du Green New Deal. Donc, oui, si j’étais Démocrate, je suppose que je regarderais aussi vers 2024 parce que, étant donné ce que nous savons maintenant de Joe Biden, la course est terminée.

* Matt Vespa est le rédacteur en chef de Townhall.com.
** La Ligne Mason-Dixon est la ligne de démarcation entre les États abolitionnistes du Nord et les États esclavagistes du Sud lors de la Guerre d’Indépendance. Elle est devenue la démarcation formelle entre le Nord et le Sud des États-Unis.
*** La Rust Belt comprend les États industriels: Le Centre de l’État de New York, la Pennsylvanie, l’Ohio, l’Indiana, la Péninsule inférieure du Michigan, le nord de l’Illinois, l’Est de l’Iowa, et le Sud du Wisconsin.

Sources :

Avec le départ de Bernie Sanders, les Démocrates vont-ils admettre que Joe Biden est une «cause perdue» ?

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