Publié par Jean-Patrick Grumberg le 24 avril 2020

Le monde se réveille avec la gueule de bois, et se rend compte des vrais dangers de dépendre de la Chine, parce qu’il a oublié qu’elle est communiste.

Préambule : en général, lorsque je traite d’économie, mes lecteurs s’endorment au second paragraphe. Et pourtant, je m’obstine, car certaines choses, si je ne les dis pas, qui va le faire ?

Avec le coronavirus chinois, de nombreuses voix se lèvent et réclament l’arrêt du mondialisme et des importations de Chine. Ils sont évidemment dans l’excès, car ils ne voient que les inconvénients. Et oublient que le problème, ce n’est pas tant la Chine que son idéologie communiste. Le made in India soulève rarement les passions.

Le mondialisme avec intelligence est une aubaine, une opportunité. Le mondialisme des stupides fonctionnaires qui ne comprennent pas ce qu’est une entreprise, qui signent des accords commerciaux sans queue ni tête, et reçoivent ensuite des tapes sur l’épaule des grands groupes industriels qui bénéficient des mannes et largesses de l’Etat, voilà le danger.

A qui la France vendrait-elle ses Renault, ses Airbus, son champagne, ses parfums et ses pneus Michelin, si le mondialisme disparaissait ? Et toutes ces petites et moyennes entreprises qui pèsent 13% du montant total des exportations françaises ?

La question n’est pas posée, elle dérange.

« Le plus gros fabricant de popcorn européen se trouve dans le Gers », indiquait la journaliste Justine Weyl sur le plateau de France 2.

« Il fournit 55 pays dans le monde, jusqu’aux pays du Golfe, et l’Asie du Sud-Est.

« …Le leader des herbes aromatiques surgelées se trouve en région parisienne. Il réalise 70% de son chiffre d’affaires à l’export dans 50 pays ».

https://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-2/13-heures/economie-les-entreprises-francaises-championnes-des-exportations_2591162.html

Protectionnisme, mondialisation, finance internationale, ultra-libéralisme : personne ne sait plus ce que les mots veulent dire, et ce que les concepts recouvrent. Après tout, on demande aux gens de voter sans trop poser de questions. Après tout, Emmanuel Macron est un beau gosse, c’est bien assez pour se qualifier et diriger le pays. Après tout, Marine Le Pen veut défendre les valeurs françaises – et la majorité des Français ne semble plus en être très friande, puisque son Parti perd toutes les élections.

Quand le monde va comprendre qu’il faut éradiquer le made in China ?

Voilà la question qui revient régulièrement, avec la pandémie du virus chinois. Mais elle n’est pas nouvelle. Je me souviens l’avoir entendue dans la bouche de Marine Le Pen et Arnaud Montebourg, qui réclament un protectionnisme sans mesurer le retour de bâton des pays concernés.

Il existe trois moyens de réduire les importations de Chine et d’ailleurs. Deux sont pour les fainéants, le troisième demande courage et intelligence.

  1. Imposer des droits de douane élevés,
  2. Bloquer les importations (pudiquement appelé protectionnisme) en déguisant cela sous des tracasseries administratives. Je l’ai connu avec les magnétoscopes japonais bloqués à Soissons pour protéger ceux de Thomson. On connaît le résultat.
  3. Rendre la compétitivité à son industrie – c’est la méthode appliquée par Trump qui a fait ses preuves, mais qui est aussi la méthode suisse, israélienne, sud-coréenne et de tous les pays qui gagnent.

Cependant, les fonctionnaires médiocres et les gouvernements idiots prennent toujours les décisions les plus stupides. C’est ce qu’ils ont appris à l’ENA où l’on n’enseigne pas à réfléchir, mais apprendre et répéter.

Appliquez le protectionnisme, et soyez assuré que les pays que vous visez vous rendront la pareille. Et bye bye votre fabricant de popcorn et d’herbes aromatiques surgelées…

Les politiques y pensent toujours trop tard. Alors les entreprises font faillite, alors les gens se retrouvent au chômage, alors il faut donner de l’argent à ces chômeurs (pendant qu’on laisse entrer des centaines de milliers d’immigrants sans travail), alors il faut beaucoup d’impôts pour financer cela, alors le coût du travail devient très élevé – le bon vieux cercle vicieux quoi.

  • Le made in China, c’est le made in « pays à faible coût et haut rendement », et lorsque les experts évoquent cette notion de faible coût, ils oublient toujours de regarder la situation de leur pays dans un miroir, alors que c’est une notion relative. Relative à leurs coûts élevés.
  • Ce que les politiques et les experts ne disent pas, que l’Education nationale n’enseigne pas, et les médias se gardent bien de révéler (pourquoi alors le public le saurait-il ?), c’est que le problème n’est pas tellement en Chine, mais chez eux. Dans leur pays à très forte fiscalité et faible rendement. Et ils ne voient pas que sans la mondialisation, leur économie à l’export s’écroule, donc leur pays s’écroule.
  • Eradiquer le made in China crée des défis auxquels les gens ne pensent pas, et les politiques, dont le RN qui prône cette stratégie, font mine de ne pas le savoir, ou pire, ils ne comprennent pas de quoi ils parlent – ce dont je les soupçonne fortement, car ils n’ont aucune expérience commerciale, et n’ont pas travaillé dans le monde de l’entreprise.

En élargissant encore votre regard, vous voyez aussi que le made in China fait baisser le prix au détail de beaucoup de produits de consommation, ce qui permet aux gouvernements mal gérés de maintenir artificiellement l’illusion que le coût de la vie est sous contrôle. Le made in China compense leurs erreurs qui appauvrissent la population en maintenant bas le prix de vente de produits qui couteraient hors de prix à fabriquer dans leur enfer fiscal et administratif.

Aucun changement vis-à-vis de la Chine

Et c’est pourquoi demain, l’après-coronavirus chinois ne verra aucun changement de politique économique avec la Chine.

Peut-être – il le faudrait – que certains secteurs essentiels à la sécurité nationale bénéficieront d’avantages fiscaux et règlementaires pour être rapatriés des usines chinoises et relocalisés. Peut-être, ce n’est pas certain. Ca n’ira guère plus loin.

Selon moi – je peux me tromper – seul quelques rares dirigeants politiques courageux oseront réclamer à la Chine des compensations financières pour le désastre humanitaire et économique qu’elle a provoqué en cachant au monde la pandémie, ce qui a permis au coronavirus de contaminer la planète – et pour plus longtemps que vous l’imaginez.

Poursuivre la Chine en justice, rêve ou réalité ?

Je l’ai déjà vu à l’œuvre : il ne se passe pas un jour sans que je reçoive une demande de signer une pétition pour réclamer au gouvernement ceci ou cela. Peine perdue. Les pétitions finissent toutes à la poubelle.

Je n’ai pas en revanche encore vu de pétitions venant de France et proposant une Class Action de citoyens pour poursuivre la Chine en justice. C’est pourtant un beau moyen de mettre un frein au made in China.

Heureusement, aux Etats-Unis, quelques-uns sauvent l’honneur.

  • Les gouverneurs du Mississippi et du Missouri poursuivent la Chine en justice au nom de leurs Etats.
  • Un groupe de petites entreprises californiennes – dont Cardiff Prestige Property, la Chambre de commerce de Little Saigon et d’autres – viennent d’engager des poursuites contre la République populaire de Chine, la ville de Wuhan et la Commission de la santé de ce pays et réclament 8 billions (millions de millions) de dommages et intérêts.
  • Des milliers d’Américains de Floride se sont engagés dans une action collective pour obtenir du gouvernement chinois une compensation pour les dommages causés par COVID-19. Selon une déclaration du Berman Law Group, basé à Miami, le procès « vise à obtenir des milliards de dollars de dommages compensatoires pour ceux qui ont subi des blessures corporelles, des morts injustifiées, des dommages matériels et d’autres dommages ».
  • Et des membres du Congrès ont présenté un projet de loi qui permettrait aux Américains de poursuivre la Chine en justice pour le virus de Wuhan.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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