Publié par Magali Marc le 16 mai 2020

Le président de la Commission judiciaire du Sénat, Lindsey Graham, a rejeté jeudi (le 14 mars) la demande du président Donald Trump de faire témoigner l’ancien président Barack Obama dans le cadre des audiences qu’il tiendra en juin.

Il est clair qu’Obama était au centre du stratagème visant à faire limoger Michael Flynn. Pourtant le fait de s’en prendre à Obama en pleine campagne électorale risque de faire oublier aux indécis (et aux Afro-Américains) que c’est l’inepte Joe Biden qui est l’adversaire de Trump en novembre.


Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit l’article paru le 13 mai, d’un chroniqueur écrivant sous le pseudonyme d’AllahPundit, pour le site Hot Air.



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Certains conseillers de la campagne Trump ne souhaitent pas qu’il attaque l’intégrité de Barack Obama



Je pense que s’inquiéter de cela (l’attaque à l’intégrité d’Obama) est stupide étant donné que Biden se prépare à matraquer le Président sortant avec l’exemple de la présidence d’Obama. En fait, il a déjà commencé.



Il y a quelques jours à peine, Obama a qualifié la réaction au virus de Wuhan du Président Trump de «désastre absolument chaotique» lors d’un appel téléphonique fait dans le cadre d’une collecte de fonds qui a mystérieusement abouti dans les médias. Obama sera impliqué dans la campagne présidentielle. Trump devra en tenir compte d’une façon ou d’une autre.



De plus, rien ne motive davantage les gens de droite à voter comme le fait de leur rappeler à quel point ils détestent Obama.



M. Trump a toujours imaginé que sa réélection passerait par une participation massive de sa base, et non par la conquête de nouveaux électeurs. Faire d’Obama sa principale cible est une façon logique de faciliter cela.


Pourtant, la stratégie qui consiste à parler d’«ObamaGate» comporte aussi des risques.



Certains des conseillers de M. Trump pensent qu’il n’y a pas d’inconvénient à s’attaquer à M. Obama, qui est bien plus populaire que M. Biden. Ils affirment que M. Trump a contesté le bilan de M. Obama tout au long de la campagne de 2016, et ils considèrent la victoire de M. Trump comme une confirmation du bien-fondé de cette approche.


Mais le Président s’attaque maintenant à l’intégrité de M. Obama, et pas seulement à son bilan, ce qui inquiète certains de ses conseillers.



Dans un sondage réalisé en mars dernier auprès des électeurs de 17 États incertains, commandé par le Comité National Républicain, M. Obama se révèle très populaire, surtout par rapport aux élus actuels. Soixante pour cent des personnes interrogées ont déclaré qu’elles voyaient M. Obama d’un bon œil, contre 36 % qui ont dit le voir de façon négative, selon une personne informée des données.



C’est vrai que M. Obama est populaire selon les sondages, mais il l’était également dans les derniers mois de sa présidence et cela n’a pas empêché M. Trump de remporter la présidence.


Donc il n’y a pas de risque de l’attaquer à nouveau, n’est-ce pas ?

Je n’en suis pas si sûr.

  1. Biden est un démocrate ordinaire; Hillary Clinton était … Hillary Clinton. La campagne électorale de Donald Trump contre Hillary était vraiment une campagne de Trump contre Hillary, même avec l’appui d’Obama, car les Clinton ont leur propre marque politique distinctive. Une campagne électorale de Donald Trump contre Joe Biden pourrait se transformer en une campagne de Trump contre Obama, car Biden n’a pas sa propre marque distinctive. Un match Trump contre Obama ne tournera pas nécessairement à l’avantage du GOP étant donné que les deux hommes bénéficient de sondages favorables.
  2. Deuxièmement, pour des raisons évidentes, Obama a une grande influence sur les électeurs noirs. Pas autant d’influence qu’il est censé en avoir, peut-être : il a appuyé Hillary en 2016, mais les Afro-Américains ont quand même voté pour elle à un moindre degré qu’ils ne l’avaient fait pour lui, ce qui a peut-être condamnée Hillary dans les États indécis. Mais plus la situation devient une confrontation personnelle entre le Président Trump et le premier président noir, plus les électeurs noirs risquent de prendre aussi cela personnellement, et pas seulement en termes de participation.



Les électeurs non blancs sont l’un des rares groupes avec lesquels M. Trump a fait quelques progrès dans les sondages cette année. S’il les aliène en s’en prenant à la personnalité d’Obama, ces gains pourraient être annulés. Et Trump a besoin de chaque nouvel électeur qu’il peut obtenir étant donné son glissement ces derniers temps parmi les personnes âgées.

Mais le principal risque de l’offensive «ObamaGate» n’est pas lié à la politique raciale. C’est le facteur « de quoi diable parle-t-il ? ».

La saga de Mike Flynn et de son changement de plaidoyer, du FBI et de l’ambassadeur russe, du «démasquage», etc., est suffisamment complexe pour que la plupart des électeurs soient incapables de la suivre.
Le cirque en folie de la tentative d’Impeachment – en dépit de toute l’attention qui lui a été accordée – était suffisamment emberlificoté et éloigné des préoccupations principales des électeurs pour que ceux-ci l’ignorent.

Les téléspectateurs de la chaîne Fox News vont sûrement s’investir massivement dans l’«ObamaGate», ainsi que le segment activiste des gens de droite branchés sur Internet, mais souvenez-vous que Trump a obtenu 63 millions de votes en 2016 et que dans ses meilleures soirées, il n’y a guère que quatre ou cinq millions de personnes qui regardent Fox News.

Pour la plupart des Républicains, a déclaré David Frum dans un article il y a quelques jours, ceux qui suivent l’affaire ObamaGate sont peut-être plus confus que galvanisés.


Ce genre de problème n’est pas ce que les Américains ont besoin de voir quand ils vivent une pandémie et un effondrement économique que les Démocrates utilisent déjà pour attaquer Trump, critiquant son soi disant manque de préoccupation à cet égard.


La chose la plus importante à remarquer dans ce blizzard concocté par M. Trump et Fox News est à quel point ils sont éloignés de ce qui intéresse réellement les électeurs.

En 2015, Trump a compris que la plupart des candidats républicains parlaient de choses dont les électeurs républicains ne se souciaient pas à l’époque : les déficits, les impôts, la productivité et le commerce.


En 2015, M. Trump craignait que personne ne parle de ce qui intéressait les électeurs républicains : l’immigration, la drogue, le déclin du statut des hommes blancs moins éduqués.


Ce Trump-là a disparu.


Le Trump d’aujourd’hui semble avoir perdu le fil de l’intrigue. Il parle de choses que la plupart des électeurs ne pourraient même pas comprendre, s’ils s’en souciaient le moindrement.

D’accord, Flynn a menti au FBI. Mais vous devez savoir que l’interview du FBI était un coup monté, bla, bla …

Entre-temps, le pays est en passe de perdre plus de personnes à cause du virus de Wuhan que l’Union n’en a perdu pendant la guerre civile.

Entre-temps, 33 millions d’Américains ont déposé des demandes d’assurance chômage.

On pourrait estimer que Trump fait preuve d’opportunisme en jouant la carte de l’«ObamaGate». Son département de la justice a abandonné les poursuites contre Flynn il y a quelques jours, ce qui a permis de relancer l’attention du public sur les circonstances de son procès. Le président en profite.


On pourrait aussi dire, à la manière d’Obama, que c’est un excellent moyen de faire participer les gens. Si vous voulez gagner avec votre base, donnez lui une bonne raison d’être en colère contre les Démocrates.


L’affaire Flynn réussit cela.


L’idée de Frum, cependant, c’est que l’ObamaGate est en mauvaise posture même selon les normes de «participation de la base». Ce ne sont pas les Républicains qui s’y intéressent particulièrement (Les Républicains au Sénat ne veulent même pas faire un suivi), ce sont les militants républicains, ceux qui sont si ardemment pro-Trump qu’ils voteraient vraiment pour lui, même s’il tirait sur quelqu’un sur la Cinquième Avenue de New York.

Ils vont le soutenir cet automne quoi qu’il arrive, auquel cas il n’a rien à gagner en y consacrant du temps.


Par contre, s’il semble oublier la pandémie, il pourrait perdre certains électeurs qui, autrement, envisageraient de le soutenir.

L’attaque bizarre qu’il a lancée contre Joe Scarborough il y a quelques jours est en partie responsable de cette situation.


Ce n’est pas que quelqu’un va voter pour Biden parce que Trump a été dur avec ce pauvre «Morning Joe».


C’est que les gens pourraient voter pour Biden parce qu’ils se demandent : «Où sont les priorités de Trump?»


Le Sénateur Mitch McConnell a rappelé, il y a quelques jours, à la belle-fille de Trump que c’est Obama qui a commencé (cette affaire contre Flynn). C’était peut-être tout ce que voulait Obama pour revenir à l’avant scène, évidemment.


Ce qu’il veut, c’est piéger Donald Trump pour le détourner de ce qui préoccupe le plus les Américains et ça marche.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.



Sources:
https://hotair.com/archives/allahpundit/2020/05/13/report-trump-advisors-anxious-attacking-obamas-integrity/

https://www.breitbart.com/politics/2020/05/14/lindsey-graham-rejects-trumps-call-for-obama-to-testify-not-a-good-idea/#

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