Publié par Jean-Patrick Grumberg le 24 mai 2020

Dimanche 24 mai. Premier jour du procès du Premier ministre Benjamin Netanyahou.

Netanyahou, qui a déjà marqué l’histoire en étant le Premier ministre d’Israël élu pour le mandat le plus long, entre une seconde fois dans l’histoire en étant le premier dirigeant à être jugé* pour fraude, abus de confiance et acceptation de pots-de-vin alors qu’il est en exercice, et son procès pourrait durer des années.

Et son procès ne sera pas équitable. Loin de là même. Il ne peut pas l’être, c’est impossible.

Pourquoi ? Parce que son procès a déjà eu lieu sur la place publique, dans les médias, qui l’ont condamné sans le bénéfice d’aucune circonstance atténuante, ont passé plus de temps à parler de sa culpabilité que de ses fautes supposées, et ont très largement ignoré ses arguments en défense parce qu’ils le détestent au moins autant que les médias américains détestent le président Trump.

Et les juges ne vivent pas dans une bulle. Ils sont influencés par ce que les médias leur ont martelé pendant des mois. Ils sont influencés par l’opinion publique, ils sont influencés par la présomption de culpabilité que les journalistes ont cherché à planter dans le cerveau des gens.

Quiconque peut croire que les juges peuvent aborder l’affaire en toute sérénité, dans une parfaite indépendance d’esprit, d’après les preuves factuelles présentées devant eux et seulement les preuves, oublie un facteur essentiel : les juges sont des êtres humains comme tout le monde.

Ils rentrent chez eux à la fin d’une journée de travail, allument la télé, regardent le journal télévisé, et se forgent leur opinion, influencée par l’angle que choisissent les journalistes.

* Netanyahou est accusé d’avoir accepté des cadeaux tels que des bouteilles de champagne et des cigares de la part d’amis fortunés, d’avoir offert des faveurs à des magnats des médias en échange d’une couverture médiatique favorable pour sa famille et lui-même et d’avoir promu une législation qui a rapporté des centaines de millions de dollars au propriétaire d’une grande entreprise de télécommunications, tout en exerçant une influence éditoriale en coulisse sur le site web d’information de l’entreprise.

Netanyahu nie les accusations, affirmant qu’il est victime d’une “tentative de coup d’État” de la part d’une police agressive, de procureurs partiaux et des médias hostiles.

“C’est l’argument classique de l’État profond”, a déclaré Gayil Talshir, politologue à l’Université hébraïque d’Israël. Netanyahu affirme qu'”un mouvement non élu tente de le destituer du pouvoir simplement parce qu’il est un représentant de la droite”, a-t-elle déclaré.

Le pouvoir des juges est problématique. La justice a toujours fait tremper la société dans son péché premier, la protection des riches, des copains et des puissants. Elle nous fait désormais patauger dans un marécage plus puant encore : la protection des riches, des copains et des puissants seulement s’ils penchent à gauche, et pour les idées de la gauche.

La gauche avide du pouvoir a du mépris pour la séparation des pouvoirs. Trois juges non élus démocratiquement, qui ne rendent aucun compte à personne, qui peuvent être médiocres ou lumineux, pervers ou droits, corrompus ou éthiques, politiquement militants ou indifférents, qui aiment ou détestent Netanyahou, auront plus de poids, et pourront annuler le vote démocratique des citoyens de tout un pays.

C’est le combat des médias contre le peuple. S’ils gagnent, ils diront que c’est la démocratie. Démocratie mon œil. S’ils perdent, ils diront que le tribunal se trompe, parce qu’ils ont déjà jugé Netanyahou coupable.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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