Certes, le déconfinement va bon train, mais pour le gouvernement, ce n’est certainement pas une raison pour ne pas enfiler quelques humiliations routinières sur celles qu’il a déjà accumulées les deux mois passés.
Plages dites « dynamiques » (y poser ses fesses constituerait une atteinte certaine à la sûreté sanitaire hexagonale), parcs toujours fermés, bars et restos qu’on continue de laisser faire faillite en chantant les louanges d’un système social dont tout montre qu’il fait agoniser le pays dans des prélèvements pharaoniques, le gouvernement, contre le peuple, semble choisir la mollesse et le retour à la normale le plus lent possible, le tout décoré de ces inévitables vexations procédurières histoire d’en grever encore la productivité, des fois qu’une reprise économique se pointerait au dépourvu.
Heureusement, les petites et grosses saloperies légales ont eu deux mois pour s’épanouir et le gouvernement, focalisant habilement l’attention des citoyens sur sa fine gestion, son discours solide et son équipe d’experts au taquet, a pu passer quelques décrets dont les conséquences ne se feront sentir que très progressivement mais qui n’en demeurent pas moins parfaitement iniques.
J’en veux pour preuve la récente parution au Journal officiel du décret n°2020-487 du 28 avril dernier dans lequel le gouvernement s’est attelé à créer une base de données pour recenser les armes à feu dans le pays. La création d’un tel fichier ne surprendra évidemment personne, tant il apparaît indispensable de savoir qui, parmi nos concitoyens, peut bien posséder des armes diverses et variées : il est, après tout, grand temps qu’on fasse un petit recensement de toutes ces pétoires plus ou moins légales que certains semblent se procurer avec tant de facilité, notamment dans certains quartiers émotifs.
Gageons donc que cette nouvelle base de données permettra enfin de savoir à qui peuvent bien appartenir les kalachnikovs et autres mitraillettes qui permettent à notre presse de ne pas relever le niveau alarmant des fusillades françaises, confinement ou non.
Malheureusement, il ne faudrait pas se réjouir trop vite : même si on se doute que, devant la reprise de ces fusillades, les autorités sauront se montrer à la hauteur comme elles l’ont toujours été avant et pendant la crise, le décret comporte quelques aspects troublants qui laissent perplexe sur les intentions réelles qui ont motivé sa production.
Sa lecture attentive, exercice délicieux qui vaut assurément les meilleures pages de notre grande littérature, permet de découvrir (article 1, portant sur la révision de l’article R. 312-85) que la création de cette base de données permettra notamment la collecte de données à caractère personnel. Par caractère personnel, on peut ici lire, en détails, qu’on pourra recueillir les opinions politiques, les convictions religieuses, l’appartenance syndicale ou la santé de la personne faisant l’objet de l’enquête administrative menant à son inscription dans la base, ainsi que sa prétendue origine raciale ou ethnique, sa vie ou son orientation sexuelles. Mieux encore, l’autorisation de cette collecte vaudra aussi pour une personne autre que celle faisant l’objet de l’enquête administrative, sous réserve que « ces données se rapportent à une procédure dans laquelle la personne faisant l’objet de l’enquête administrative est mise en cause ».
Si l’on pourrait comprendre qu’il peut être intéressant de ficher une personne potentiellement dangereuse lorsqu’elle viendrait à posséder des armes (fichage dont on se doute, sans grande difficulté, qu’il se pratique déjà de façon moyennement officielle), on se demande exactement ce qui a poussé le législateur a donner ainsi une telle largesse dans la collecte de données personnelles dans ce nouveau cadre.
Certes, le fichage existant est mal boutiqué et peu dématérialisé au point que les différents services de l’État s’emmêlent régulièrement les pinceaux dans les déclarations d’armes et la petite paperasserie accompagnant (toute ressemblance avec d’autres administrations en charge, au hasard, de l’importation de masques sanitaires ou de gérer les EHPAD est évidemment pure coïncidence). Certes, la numérisation et la dématérialisation complète de ces données étaient réclamées par certains possesseurs d’armes qui peuvent espérer, au bout, une simplification administrative (ce qui montre un optimisme étonnant, si on se réfère par exemple aux cartes grises automobiles).
Il n’en reste pas moins que ce nouveau fichier accorde une invraisemblable largesse dans la collecte des données. Consultée, la CNIL a immédiatement fait son travail de rempart de nos libertés et de nos droits fondamentaux… en s’aplatissant à peu près complètement, ce qui permettra aux autorités de mener leur projet exactement comme elles l’entendaient.
Le décret est paru, les nombreux rouages de l’administration sont déjà en marche et petit-à-petit, la nouvelle base de données va se mettre en place.
On imagine sans mal les prochaines étapes : comme pour la carte grise, après l’inévitable mise en route pénible, les bugs, les ratés et les délais qui calmeront les ardeurs de beaucoup de détenteurs d’armes à vouloir se déclarer, on se doute que le fichier sera rapidement utilisé pour conserver des données de plus en plus personnelles sur ces individus qui, s’ils sont détenteurs d’armes respectueux des lois, n’en constituent pas moins une menace claire pour la sécurité de l’État, surtout le jour où il faudra s’en passer, ce dernier étant devenu complètement fou en plus d’être nocif.
Enfin, gageons que jamais ce fichier ne poussera l’État à imposer un quota maximum d’armes par détenteur, à diminuer ce quota d’année en année jusqu’à arriver à zéro. D’ailleurs, les autorités ont juré, promis-craché, que cette idée ne leur avait jamais traversé la tête.
Dès lors, ira-t-on jusqu’à dire qu’une bonne partie de ces individus est issue de la France rurale, celle qui ne vote pas vraiment ni pour Macron ni pour les autres socialistes ? Ira-t-on jusqu’à imaginer que l’actuel pouvoir en place se donnerait ainsi les moyens d’établir un fichage discret mais précis de cette France périphérique qui, possédant des armes, pourrait constituer un vivier de séditieux lorsque viendra le moment où il faudra donner quelques coups de pelle dans des nuques pas trop citoyennes afin de remettre le pays dans le droit chemin de la richesse perpétuelle et collective ?
Non, assurément, il ne s’agit absolument pas de ça.
De même que le traçage (à des fins sanitaires, voyons, seulement sanitaires !) ne peut absolument pas déboucher sur un pistage permanent du citoyen, de même que le croisement de tous les fichiers de toutes les administrations ne servira qu’à mieux simplifier la vie des perceptions et des organismes de collecte, ce fichier détaillé des détenteurs d’arme, de leurs orientations sexuelles et politiques, de leur état de santé n’amènera jamais l’État à étendre la notion d’arme pour y englober de plus en plus de citoyens dont, enfin, on pourra stocker les petits travers, les petites orientations, la religion ou l’ethnie.
Tout ceci n’arrivera jamais, parce que cela ne s’est jamais produit avant dans l’Histoire, bien sûr. Heureusement que nous avons évité le pire (sans cela, qu’aurions nous lu dans les journaux !) et que c’est un gouvernement responsable d’individus valeureux et à la morale d’airain qui s’occupe de mettre ce fichier en place.
Imaginez si, un jour, un parti populiste extrémiste venait à récupérer le pouvoir, légalement, par les urnes ! Peut-être trouverait-il là matière à honteusement détourner le sens de ces lois, ne croyez-vous pas ?
Oh. Non. J’exagère évidemment.
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Les Philistins faisaient pareil avec Israël humilié qui devait se rendre chez les philistins pour affûter son socle de charrues , Israël n’ayant plus le droit de forger des armes.
« Il n’y avait pas de forgeron dans tout le pays d’Israël, car les Philistins s’étaient dit : “Il faut éviter que les Hébreux ne fabriquent des épées ou des lances.”
20 Aussi tous les Israélites descendaient chez les Philistins pour reforger chacun son soc, sa hache, son herminette ou sa faucille.
21 Le prix était de deux tiers de sicle pour les socs et les haches, d’un tiers de sicle pour aiguiser les herminettes et redresser les aiguillons.
22 Aussi arriva-t-il qu’au jour de la bataille, dans l’armée qui était avec Saül et Jonathan, personne n’avait en main ni épée ni lance. Il y en avait cependant pour Saül et pour son fils Jonathan.
23 Un poste de Philistins partit pour la passe de Mikmas ». 1 Samuel 13/19.
On ne sait jamais.
N’appelle-t-on pas cela de la “soft dictature”? une dictature qui ne dit pas son nom mais qui agit bel et bien comme telle!
Bien sûr les urnes pourront changer les choses, mais c’est dans deux ans et d’ici là sûrement, la mémoire étant sélective, on court le risque d’oublier…..donc surtout gardons bien tout en tête !
Plutôt que l’anglicisme “soft dictature”, ne vaudrait-il pas mieux parler de démocrature ?
Fidèle lecteur de Dreuz , j’ai lu et relu cet article et je ne suis pas arrivé à faire la différence entre les passages ironiques et sérieux. Quand vous écrivez “La création d’un tel fichier ne surprendra évidemment personne, tant il apparaît indispensable de savoir qui, parmi nos concitoyens, peut bien posséder des armes diverses et variées”, si ce n’est pas de l’humour, je me permets d’apporter quelques précisions, à savoir que cela existe déjà depuis de nombreuses années années, tous les possesseurs légaux d’armes (tireurs et chasseurs) sont répertoriés et il est impossible d’acquérir une arme de catégorie B sans une enquête préalable poussée. Seules les notions de religion et orientation sexuelle sont actuellement absentes, un certificat médical est obligatoire et à renouveler tous les ans. Ceci pour les armes détenues légalement, pour les autres, leur déclaration volontaire a déjà été pratiquée il y a longtemps. Le pire ayant été fait sous Jospin, on demande de déclarer les armes et une fois les détenteurs identifiés, ils leur a été demandé de s’en dessaisir (sans dédommagement financier, bien sûr), ça marche une fois mais pas deux pour les gens honnêtes, quand aux kalachs des quartiers “d’avenir pour la France” faut pas rêver..
En tant que tireur sportif et président de club, je suis effectivement optimiste, depuis les éternelles et habituelles brimades de la gauche, la situation n’a fait que s’améliorer tant sur le nombre d’armes possiblement détenus que sur les procédures administratives. Quand une nouvelle personne (inconnue par définition) se présente pour adhérer à un club de tir, il est quand même intéressant de savoir à quel type d’individu on a a faire. Actuellement un fichier d’interdits d’armes est consultable par les présidents avant toute nouvelle inscription à un club.
Quand à la CNIL, rien d’étonnant vu son efficacité à géométrie variable.
En conclusion, rien de bien nouveau, quand on met les pieds dans le domaine des chasseurs et surtout tireurs, on sait très bien que l’on est fiché, c’est la condition obligatoire.
Ils n’ont pas encore capté qu’il existe un moyen de se protéger (il sont inaptes à comprendre quoi que ce soit) pour s’assoir sur une plage: LE STRING;;;;;;;; Vous avez la ficelle qui protège l’entrée
Ce qui est rassurant, c’est que tous les gentils musulmans peuplant les quartiers émotifs vont s’empresser d’aller déclarer leurs arsenaux personnels aux autorités bienveillantes, et ce avec la plus grande émotion…
Moi, je garde par devers moi mes jouets sans ne rien dire à personne. C’est ce que j’appelle de la “dissuasion personnelle”.
Non, il ne s’agit pas d’un recensement des armes à feu, comme vous l’écrivez.
Il s’agit d’enregistrer toutes les informations les plus personnelles concernant les personnes voulant légalement en détenir.
Cela est totalement différent.
” Enfin, gageons que jamais ce fichier ne poussera l’État à imposer un quota maximum d’armes par détenteur ”
Vous ne savez donc pas qu’un tel quota existe malheureusement depuis fort longtemps, contrairement aux autres pays européens, ce qui pose problème aux collectionneurs.