Publié par Mireille Vallette le 26 mai 2020

Les fidèles d’Allah sont privés d’avion pour envoyer les dépouilles de leurs proches «au pays ». Mais pourquoi ne veulent-ils pas être enterrés avec nous ? Rappel.

«A la peine de perdre un être cher s’ajoute aujourd’hui, pour certaines familles, l’angoisse de leur trouver une dernière demeure.» Le 18 mai, la Télévision suisse relaie la détresse des musulmans de France qui ne peuvent plus envoyer dans leur pays d’origine (le plus souvent celui de leurs ancêtres) les dépouilles de leurs proches. Un reportage repris le 25 mai par «Courrier international».

Normalement, «80% des défunts musulmans de France sont rapatriés dans un pays tier», nous dit la TV, ce qui est interprété comme le signe d’un manque trop injuste d’emplacements. Les maires français s’activent pour faire de la place, alors que les autorités religieuses musulmanes planchent sur des «solutions pérennes».

Je voudrais rendre attentif nos amis français sur le fait que la Suisse s’est beaucoup préoccupée du sujet. Quelques années après avoir accordé moult carrés musulmans, elle a fait un amer constat.

Commençons par le commencement : lorsque la polémique battait son plein en Suisse, je m’étais demandé pourquoi les musulmans ne veulent pas nous côtoyer dans la mort.

Pourquoi les musulmans veulent-ils des cimetières séparés ?

(2 mai 2016)

Il n’existe aucune injonction dans le Coran ou les Hadiths qui exige que les musulmans soient enterrés entre eux. Mais l’envie de séparation et «la vie» dans la tombe expliquent cette revendication.

Priver les musulmans de leur propre cimetière est, selon Farahd Afshar, président de la Coordination des organisations islamiques de Suisse (COIS), leur refuser de reposer «dans la dignité». Ce traitement est tellement «inhumain» que le responsable a eu quelque velléité de saisir les tribunaux afin de faire respecter cette demande dans toute la Suisse. Et ceci au nom de la liberté religieuse. Celle que l’islam respecte si fidèlement partout où il est majoritaire.

«En général, les musulmans savent seulement qu’il leur est interdit de partager le cimetière avec des non musulmans, mais ils n’en connaissent pas la raison», observe Mark A. Gabriel, qui fut enseignant à l’université d’Al-Azhar avant de se convertir au christianisme. (“Swisslam”)

Nos requérants de cimetières invoquent une raison religieuse. Il n’en existe pas. Ni Coran, ni Hadiths n’en font mention. Du temps de la révélation, comme l’observe Sami Aldeeb, on enterrait les défunts dans les maisons, comme l’a été Mahomet selon le récit musulman.

La question s’est posée au XXème siècle avec l’affluence de musulmans en Occident. Cette émigration volontaire était nouvelle dans l’histoire musulmane. Des légistes ont alors émis des avis et fatwas ad hoc imposant comme une nécessité des des carrés séparés.

Divers mouvements religieux –dont la Fondation des cimetières islamiques suisses, la Fondation culturelle islamique de Genève (grande mosquée) et des commissions de fatwas détaillent les exigences religieuses que nos pays sont censés respecter.

Trois rituels mortuaires sont précisés dans la Tradition: la toilette du mort, la mise en terre et le visage tourné vers La Mecque, toutes pratiques déjà possibles. Pourquoi tenir tellement, en plus, à des cimetières réservés ?

Deux hypothèses contraires sont avancées par les analystes: une volonté de séparation ou une envie d’intégration.

Début 2001, Sarah Burkhalter fait le point sur la question dans les Archives de sciences sociales des religions Elle se base sur les propos d’une vingtaine d’imams et de responsables de centres islamiques.

Hani Ramadan fait partie de cette majorité d’interlocuteurs qui ne cessent «de rappeler le caractère religieux du corps mort et l’impératif de respecter absolument son repos» (…) «Nous sommes une communauté jusque dans l’au-delà», affirme-t-il, ce que l’auteure considère comme un vocabulaire d’ordre affectif et non religieux.

Pour elle, il s’agit en fait d’«un début d’intégration socioculturelle réelle dans la société d’adoption, du moins du désir de cette intégration». Nadia Karmous est au diapason: «Même morts, ils ne se sentent pas acceptés.»

L’auteure de l’étude relève tout de même que le but ultime de ses interlocuteurs «serait de placer le religieux au centre de l’identité de la communauté et de l’argumentation afin de légitimer la revendication». Ce qui n’empêche pas cette déclaration finale :

«Nous concluons avec Tariq Ramadan: «Quand des individus ou des associations de «la communauté musulmane» interpellent les pouvoirs publics en vue de trouver des solutions aux divers problèmes qui sont les leurs, ils ne traduisent pas une volonté d’être traités différemment; bien plutôt -puisqu’ils vont vivre ici- ils demandent à ce qu’on prenne en considération leur présence et leur identité dans le cadre d’une législation qui a été élaborée en leur absence.»

Notons que renforcer la séparation en affirmant qu’on favorise l’intégration, c’est le mantra de tous ceux qui invitent à céder aux multiples revendications musulmanes.

Le châtiment de la tombe

Une facette de la Tradition n’est pas étrangère à la demande de cimetières.

Dans la vision musulmane, l’intermède entre la mort et le jugement dernier est très animé. Dans la tombe, les bons musulmans goûtent à des effluves de paradis, alors que les mauvais et l’ensemble des incrédules (ceux qui ne sont pas morts musulmans) expérimentent une partie des châtiments de l’enfer.

Pour décrire ces phénomènes souterrains, les grands muftis du savoir nous replongent dans la soupe rance des versets et des hadiths.

Il existe des approches un peu moins bas de gamme, mais une incursion dans les sites musulmans témoigne une fois encore que les dévots d’aujourd’hui et leurs cohortes de fidèles privilégient le littéralisme.

Les descriptions sont à peu près semblables, avec plus ou moins de détails. Récit d’Islamqa Info. Dès l’arrivée du défunt dans la tombe, deux anges procèdent à un interrogatoire. Celui qui exprime sa fidélité à Allah et à son prophète «vivra» heureux entre ses quatre murs, «on lui ouvrira une porte qui débouche sur le paradis et il en recevra le souffle et les bienfaits. Et puis on lui dira: tu resteras là jusqu’à ce qu’Allah te ressuscite.»

Quant au mécréant, «on lui assènera un coup avec une barre de fer et il lancera un cri que tout être entendra à l’exception des djinns et des hommes. Et puis on lui ouvrira une porte qui débouche sur l’enfer et on rendra sa tombe si étroite que ses côtés se croiseront. Sa tombe se transformera en une fosse infernale et on lui ouvrira une porte d’où viendra un vent de l’enfer en guise de châtiment.»

Version d’Islam de France: «… les deux anges frappent la tête du défunt avec de lourdes barres de fer, qui ont pour effet de lui exploser le crâne. Ce dernier se recompose à chaque fois, mais la douleur provoquée par les coups des deux Anges font hurler de douleur le mécréant, qui est entendu par tous ceux qui peuplent les alentours, excepté les Djinns et les Humains. Ensuite, la tombe se resserre au point que ses côtes s’entrecroisent, et divers châtiments lui sont ensuite infligés, suivant les diverses mauvaises actions qu’il aura commises durant sa vie.»(Hadith rapporté par Al Boukhari)

Sami Aldeeb rappelle que Mahomet prescrit aussi: «Si l’un de vous meurt, mettez-le dans un bon linceul, hâtez-vous d’exécuter son testament, faites-lui une tombe profonde et évitez qu’il soit près d’un mauvais voisin.» Et pour les légistes, les mécréants ne sont forcément pas de bons voisins.

Les fatwas et autres textes ne laissent rien au hasard. Il importe de savoir, par exemple, si l’on peut enterrer dans le cimetière musulman un apostat ou une chrétienne enceinte d’un musulman. La réponse est non.

Vu le nombre de mécréants que nos cimetières abritent, qui hurlent de douleur sous les coups et dont les cris sont entendus par les autres défunts (précise la Tradition), on imagine aisément l’inconfort des bons musulmans concentrés sur leur parfum de paradis.

Femmes interdites d’enterrement

Question connexe: les femmes sont-elles autorisées à participer à l’inhumation et à des visites au cimetière? Le débat fait toujours rage. On peut lire que «… dans les pays musulmans, il est défendu aux femmes de sortir le jour des funérailles, à l’exception des plus âgées».

L’année dernière, des femmes kabyles se sont mobilisées pour obtenir le droit d’assister aux enterrements. La partie n’est pas gagnée.

Certains au contraire sont pour, «tant que cela n’engendre pas un désordre émotionnel entraînant des débordements». Pour d’autres, ce caractère trop émotif des femmes ou le risque de séduction lié au mélange des sexes justifient l’interdiction.

La vie des savants de l’islam serait tellement plus simple si les femmes n’existaient pas !

Cimetières musulmans : l’offre dépasse largement la demande !

(24 novembre 2016)

De revendications en prières, les disciples d’Allah ont obtenu de multiples carrés confessionnels. Mais les dernières demeures helvétiques sont dédaignées.

Après avoir bassiné les communes suisses et énervé les citoyens laïcs pour obtenir leurs propres espaces d’inhumation, voici que les musulmans les boudent. Une trentaine leur ont été aimablement cédés. Ils manquent d’amateurs. Au top de l’indifférence, celui de Saint-Gall dont 12 places sont utilisées sur 500. A Lugano, seul un petit tiers du carré confessionnel -accordé il y a 15 ans- est occupé.

Que n’a-t-on pas entendu pourtant à l’appui de cette revendication! «Les musulmans ressentent le refus de cimetière comme un rejet. Même morts, ils ne se sentent pas acceptés.» «De la naissance à la mort, les musulmans sont attachés à ce canton et pourront y être inhumés».

Les autorités se sont empressées de faire cesser cette terrible injustice. Au point qu’aujourd’hui, «l’offre dépasse largement la demande». Ce qui n’empêche pas les autorités communales de céder encore et toujours aux requêtes des associations.

En 2012 déjà, des médias alémaniques avaient pointé la faible utilisation des carrés musulmans dans les cimetières municipaux. Il y en avait à l’époque une quinzaine. L’Union démocratique du centre (UDC) de Lucerne avait même demandé qu’un carré ouvert en 2008 soit supprimé, car seuls 10 ensevelissements avaient eu lieu. Au cimetière de Witikon (Zurich), après huit ans, 131 personnes sur 320 places ont choisi le repos éternel en Helvétie. Ce qui n’a pas empêché Bienne de créer un carré pouvant accueillir 800 tombes et Winterthur de prévoir 380 places.

Les défenseurs compulsifs de l’intégration, musulmans sont pourtant sûrs que tout va changer. C’est le cas de Pascal Gemperli, président de l’Union vaudoise des associations musulmanes: «Si on pense à la nouvelle génération qui est maintenant ici avec sa famille, cela va aller très vite !»

Mais quel meilleur lieu pour reposer jusqu’au jugement dernier qu’un pays musulman qui ignore la liberté religieuse? Quel excellent moyen de montrer combien on a apprécié la Suisse, ses libertés, son bien-être, ses cimetières et toutes ses concessions…

Mondialisation et concurrence se conjuguent pour faciliter l’ultime retour au pays (ou à celui des ancêtres). En Suisse, les enterrements comme le reste sont chers. Or, « pour quelques dizaines de francs de cotisation par année, une famille entière peut s’assurer pour la couverture intégrale des frais liés au rapatriement. C’est la possibilité donnée aux Turcs de Suisse », indique Enver Fazliji, co-propriétaire de la plus grande entreprise de pompes funèbres islamique de Suisse à la radio romande.

«Ils versent 65 à 70 francs par année et par famille dans un fonds. Si un décès survient, l’assurance me contacte. Je vais chercher le défunt, je le lave, je prépare les papiers, organise le transport et réserve le vol, jusqu’à la prise en charge en Turquie. Les proches n’ont plus rien à faire.» Sauf à accompagner le défunt, le package comprenant deux billets d’avion.
La RTS a ouï-dire que l’opportunité turque va être étendue aux musulmans de toutes les nationalités dès l’an prochain. La jeune génération résistera-t-elle ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Mireille Vallette pour Dreuz.info.

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