Publié par Gilles William Goldnadel le 26 mai 2020

La nouvelle revue de Michel Onfray a été accusée par certains de séduire un public d’«extrême droite». Pour l’essayiste Gilles-William Goldnadel, l’emploi intempestif de cette épithète la vide de son sens.

J’ai souvent été conduit dans ces colonnes à décrire de manière critique l’obsession de la gauche médiatique de vouloir décrédibiliser ses adversaires en les accusant de flirter peu ou prou avec le fascisme. L’accusation, fantasmatique voire névrotique, reproche à l’un d’être vichyssois, à l’autre d’appartenir à une «fachosphère» (notez le rapprochement historique audacieux), à tous d’être d’ «extrême droite». S’agissant de l’accusation, nul besoin de l’étayer, l’épithète censée être infamante, valant preuve.

Ces dernières années, la gauche médiatique a commencé à renoncer au lien direct avec la Seconde Guerre mondiale, ayant fini par comprendre à quel point le fameux point Godwin était devenu un boomerang violent. Reste l’insulte d’appartenir à l’extrême droite censée encore disqualifier. Cette extrémité reposait principalement sur l’antisémitisme, le racisme, l’usage de la violence, l’intolérance et la détestation de la démocratie. Force est de constater qu’il est difficile de trouver dans les partis politiques de droite représentés à l’Assemblée nationale ou chez les personnalités médiatiques de premier plan classées à droite des individus cochant plusieurs des cases de la définition précitée.

Le simple fait de regarder avec inquiétude le phénomène migratoire illégal donne la certitude de pouvoir postuler à l’étiquetage « extrême droite  ».

Mais aujourd’hui, le simple fait de regarder avec inquiétude le phénomène migratoire illégal et ses effets sur les banlieues, se plaindre du laxisme judiciaire, ou encore protester contre le traitement particulier réservé au président des États-Unis honni, donne la certitude de pouvoir postuler à l’étiquetage «extrême droite».

C’est dans ces conditions, exemple le plus récent, que le journal Le Monde a manifestement espéré décrédibiliser l’initiative de Michel Onfray de créer la revue «Front Populaire» autour de souverainistes de droite et de gauche en accusant celle-ci le 19 mai «de séduire les milieux d’extrême droite». La lecture de l’article confirmait la règle habituelle de ce que le journal vespéral de la gauche s’attribuait un droit d’appellation contrôlée sans autre nécessité de démonstration.

L’un des moyens qui permet le plus sûrement aux candidats d’entrer dans le club est d’énoncer des vérités urticantes pour l’épiderme sensible à l’idéologie gauchisante.

Démonstration par l’actualité de la semaine: un jeune homme de 18 ans prénommé Sabri est décédé dans un accident de motocross nocturne à Argenteuil. Ce motard, non casqué, a heurté un poteau électrique à proximité d’une voiture de police. S’en sont suivies des émeutes tristement classiques et une marche blanche très médiatisée en souvenir du malheureux jeune homme. Pour tenter de calmer la révolte qui couvait, il a fallu que les forces de police certifient n’avoir pas exercé leur office.

Si j’écris à présent que la mort récente de Valentin, un petit gamin rémois de 12 ans, fauché sur un passage clouté par un délinquant multirécidiviste conduisant sans permis de conduire, n’avait pas donné lieu aux mêmes déferlements médiatiques. Si j’ajoute que ne peut espérer cette compassion médiatique qu’un jeune des quartiers, victime avant tout de sa témérité. Et que si d’aventure, un policier peut être impliqué, l’on passe alors de la compassion au martyrologe, je ne fais que constater une triste réalité.

Mais ma hardiesse à dénoncer tant cette dilection pour l’altérité que cette détestation suspicieuse des forces de police me vaut à coup sûr un droit d’entrée dans la catégorie à stigmatiser, pour employer un mot cher au stigmatisant.

Deuxième exemple: le vendredi 22 mai, dans un entretien accordé à une radio new-yorkaise, Joe Biden, candidat démocrate à la présidence des USA, déclarait à un interlocuteur de couleur: «Je vais vous dire que si vous avez un problème pour décider si vous êtes pour moi ou pour Trump, alors vous n’êtes pas noir.»

Si j’écris à présent que réduire un être humain à sa couleur de peau relève de l’obsession racialiste. Si je constate que les habituels contempteurs de Donald Trump en France sont demeurés très discrets sur cette sortie de son rival qui l’a obligé à faire amende honorable, je ne fais que constater une amère vérité.

Mais le fait de critiquer l’occultation d’information par le courant mainstream de la presse française et de pouvoir faire le jeu par contrecoup du président des États-Unis honni, me donne un bon supplémentaire pour mon passeport pour l’enfer.

Troisième et dernier exemple: une affiche sur le site du Guide Suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, chef de la République Islamique d’Iran, appelait cette semaine «à la Solution Finale pour détruire Israël». Alors que l’ensemble des faits sociétaux, des migrants au climat, font l’objet de comparaisons obscènes sauce Shoah, la presse française est demeurée mutique. Au rebours de la classe médiatique et politique allemande et américaine, notamment.

Ici encore mes affirmations factuelles et mes constatations sont exclusives de toute approximation. Mais le simple fait de défendre un État-nation occidental en lutte contre un état oriental et musulman, fût-il autocratique et théocratique, n’est pas de nature à améliorer mon dossier.

Reste à savoir, pour conclure, si aujourd’hui être étiqueté arbitrairement à l’extrême droite par la gauche serait disqualifiant. Ou pour le dire autrement l’épouvantail est-il encore «épeurant», comme on dit au Québec?

L’extrême-gauche utilise trop souvent l’imprécation plutôt que le raisonnement.

J’ai aujourd’hui acquis la conviction que non. Les Français ne sont plus des buses qu’on affole avec des mannequins que grossièrement l’on bricole. Ou plus exactement le bricoleur a perdu son droit unilatéral à l’injure à force de trop bricoler la vérité. Sur sa complaisance à l’égard du communisme totalitaire ; sur la banqueroute économique et politique de toutes ses expériences pratiques ; sur son regard extatique sur l’immigration incontrôlée ; sur la faillite d’une politique pénale par indulgence idéologique ; sur sa candeur xénophile et par contrecoup anti-française à l’égard de l’islam radical, souvent criminel.

Il apparaît également qu’aujourd’hui le portrait-robot de l’individu farouchement intolérant aux idées de l’adversaire, utilisant l’imprécation plutôt que le raisonnement, complaisant à l’égard de l’antisémitisme meurtrier, ne répugnant pas à la violence urbaine, refusant parfois le scrutin électoral, utilisant l’injure gratuite pour disqualifier du débat démocratique, ressemble bien davantage à un extrémiste de gauche.

Pour parler stupidement: le fascisme a changé de camp. Après tant d’erreurs et d’errements, appartenir à l’extrême gauche semble aujourd’hui autrement plus épouvantable sans qu’il soit besoin de fabriquer d’épouvantail. Mais ne le dites surtout pas à l’actuel fabriquant, il se croit irréprochable.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié dans Figaro Vox.

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