Publié par Yves Mamou le 28 mai 2020

Vous pensez que The Lancet est une prestigieuse revue médicale ? Vous avez raison de le penser. Vous croyez qu’elle est animée par des scientifiques de haut niveau qui n’œuvrent qu’à la progression des connaissances ? Alors là, la réalité devient plus complexe. The Lancet n’est pas seulement une revue scientifique, c’est aussi un media qui, comme tous les médias, peut partir en campagne et défendre des causes et des intérêts qui n’ont pas forcément à voir avec les intérêts du patient.

La méta-analyse que The Lancet vient de publier sur l’hydroxy-chloroquine a de quoi surprendre. Les données hospitalières recueillies sur cinq continents sont présentées comme homogènes alors qu’il est impossible qu’elles le soient ; les patients hospitalisés pris en considération étaient forcément dans un état avancé de la maladie alors que le Pr Raoult a toujours indiqué clairement que son traitement n’était efficace qu’aux début des symptômes ; enfin l’étude du Lancet compile des données sur des patients atteints aussi de cardiopathie et chacun sait que le professeur Raoult prend des précautions particulières avec ce type de patients en réalisant des électrocardiogrammes de contrôle.

Se peut-il qu’un journal scientifique publie des résultats biaisés en toute connaissance de cause ? Impossible, direz-vous ! Sauf qu’il y a des précédents. Cela fait vingt ans que The Lancet diffame la politique de santé israélienne et soutient aveuglément les organisations palestiniennes les plus extrémistes.

La chose n’est pas très connue, mais le secteur de la santé a été investi de longue date comme un terrain de guerre par les organisations palestiniennes. Pas question en effet de laisser les 120 000 à 180 000 Palestiniens qui reçoivent chaque année un traitement médical en Israel nouer des liens d’amitiés et de reconnaissance avec le personnel soignant israélien. Pas question que les Israéliens se construisent une image positive dans l’opinion publique mondiale en soignant des Arabes qui ne leur veulent pas toujours du bien.

En juillet 2014, à l’occasion de la guerre entre le Hamas et Israël, l’hostilité jusque-là insidieuse de The Lancet envers Israël et le secteur médical israélien est devenue une malveillance ouverte. The Lancet a publié une “Lettre ouverte au peuple de Gaza“ (“Open Letter to the People of Gaza,”) signée par des médecins de plusieurs continents  et accusant Israel de commettre des massacres injustifiés, des crimes de guerre, puis de mentir pour dissimuler ses crimes.

Cette Lettre Ouverte a suscité une immense protestation tant dans la communauté médicale israélienne qu’à l’étranger. Au point que le Prof. Richard Horton, directeur de la publication, a éprouvé le besoin de venir en Israël faire amende honorable en présentant pour la première fois un numéro spécial de The Lancet à peu près conforme aux canons de la déontologie médicale et journalistique sur les questions de santé en Israël et dans les territoires palestiniens.

“Comme l’a dit le Pr Horton lundi (Horton est venu en Israel le 8 mai 2017, pour présenter le dernier numéro de The Lancet lors de la conférence annuelle de l’Institut national israélien de recherche sur les politiques de santé), il a été accusé d’antisémitisme, une photo de lui a été publiée en uniforme nazi, sa femme a été agressée verbalement et sa fille s’est entendu dire à l’école que son père était un antisémite. C’était, dit-il, une période très difficile tant sur le plan personnel que professionnel”,  écrit le journal israélien Haaretz.

Mais il est difficile de présenter le Pr Horton comme une victime. Non seulement sa “Lettre Ouverte” est toujours en ligne sur le site Internet du Lancet, mais cette publication n’a en rien été un accident. Une étude de Janvier 2015 publiée par le site israélien NGO Monitor révèle que sur une période de quinze ans, les publications du Lancet ont révélé un parti pris certain chaque fois qu’il était question d’Israël et des Palestiniens.

« En 2001-2014, The Lancet a publié un total de 264 articles sur diverses questions de santé liées aux Palestiniens et aux Israéliens. Sur ce nombre, presque deux articles sur trois (58,3%) pourraient être définis comme des articles d’opinion ou des commentaires politiques tandis que 41,7 % des articles publiés avaient un fondement médical. Sur une base annuelle, nous avons comptabilisé 11 opinions ou commentaires politiques et 7,9 articles de santé.

Au cours de cette période (2001-2014), les articles que The Lancet a consacré uniquement aux questions de santé palestiniennes étaient à 64,7% des tribunes politiques ou des commentaires et seulement 35,3% portaient sur des sujets proprement médicaux. Sur la même période, The Lancet a publié 43 articles sur les soins de santé israéliens ; un quart (25,6 %) étaient des opinions ou des commentaires politiques et le reste (74,4 %) étaient consacrés à des sujets médicaux.

« Cette disparité révèle  un agenda politique très affirmé dès qu’il est question des problèmes de santé des Palestiniens » écrit NGO Monitor.

Les thèmes couverts par The Lancet étaient d’une grande monotonie.  Presque toujours, les problèmes de santé des Palestiniens étaient présentés à travers un prisme de violence politique et le cadre de cette violence était systématiquement celui “ des actions militaires israéliennes”. Presque rien n’était jamais écrit sur les causes de cette violence, c’est à dire les “attaques de Palestiniens contre des civils israéliens”. Quant aux déficiences des infrastructures de santé palestiniennes, les causes réelles – à savoir les conflits « entre factions politiques palestiniennes, la mauvaise gestion et la corruption » –  n’étaient jamais examinées.

Cette présentation erronée des problèmes de santé des Palestiniens tenait avant tout au partenariat noué entre The Lancet et les plus politisées des ONG palestiniennes.

Sous la direction de Horton, The Lancet s’est associé à l’Aide médicale pour les Palestiniens (MAP), une ONG palestinienne basée au Royaume-Uni, et le Pr Horton lui-même « a joué un rôle clé dans le lancement d’une plateforme très politisée appelée Alliance de santé Lancet-Palestine (Lancet-Palestinian Health Alliance – LPHA), dont le PAM est également un participant clé »,  écrit  NGO Monitor.

Sur la base de ce partenariat, les activistes palestiniens ont utilisé The Lancet pour diffuser tous les clichés victimaires traditionnels comme celui de la pauvre Palestinienne enceinte obligée d’accoucher à un check point militaire. Jamais Horton n’a laissé The Lancet suggérer que la violence des Palestiniens pouvait jouer un rôle dans leurs problèmes de santé.

En 2012, lors d’un évènement du mouvement Aide médicale pour les Palestiniens (MAP), Horton a pris la parole personnellement pour se lancer dans un vaste délire sur la situation sanitaire des Palestiniens affirmant qu’ils n’ont aucun accès à un système de santé, rejetant cette carence sur Israël et appelant à un soulèvement Mondial contre Israel. Le célèbre professeur Horton a ainsi « affirmé que si des caméras filmaient un village palestinien 24 heures sur 24, il serait possible de voir que quand un enfant palestinien développe une pneumonie, la mère n’ a pas accès à des antibiotiques ; que quand un homme se fracture un bras ou une jambe, il n’a pas accès aux soins de traumatologie ; que quand un jeune couple se marie, ils ne sont pas en mesure de construire une maison parce que les autorisations leur seront refusées ; que quand un village veut construire une clinique ou une école les permis systématiquement refusée. » 

Si The Lancet avait correctement fait son travail, il aurait constaté que la mortalité infantile palestinienne a décru considérablement depuis la création de l’Etat d’Israel et que les soins dispensés par les hôpitaux israéliens aux Palestiniens avaient fait reculer les maladies liées à la pauvreté et la malnutrition au profit des maladies “modernes” comme le diabète ou les maladies cardiovasculaires.

Mais surtout The Lancet aurait pu jouer un rôle qui favorise la paix et permette de jeter un pont entre deux populations, l’une juive, l’autre arabe, qui ne se connaissent pas et ont peur l’une de l’autre.

Mais parce qu’il est un media puissant et qu’il dispose d’une aura considérable, The Lancet trouve sans doute plus jouissif de mener des croisades qui ne sont pas toujours dans l’intérêt de son lectorat. L’affaire de l’hydroxy-chloroquine pourrait bien être l’une d’elles. The Lancet pourrait avoir choisi de défendre les intérêts des multinationales du médicament qui n’ont pas intérêt à ce qu’un médicament générique devienne le traitement officiel d’une maladie planétaire.

Le problème est qu’à force de mener des opérations de propagande, c’est la crédibilité globale du média lui-même que l’on épuise. The Lancet là encore, sous la houlette du même professeur Horton, s’est positionné comme un média sous influence.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Yves Mamou pour Dreuz.info.

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