Publié par Abbé Alain René Arbez le 31 mai 2020

Face aux tragédies multiples qui défraient chaque jour la chronique, un certain nombre d’intellectuels occidentaux continuent d’affirmer qu’islam et islamisme sont deux options différentes pour les musulmans, et que par conséquent, les Occidentaux ne doivent pas exagérer le danger de l’expansion de l’islam radical.

L’islamisme effraie ? Alors considérons l’islam, qui en est la version originelle « extrêmement modérée ». En d’autres termes, il suffirait de promouvoir l’islam pour fragiliser l’islamisme… 

Devant ce débat piégé qui revient sans cesse dans les discussions sur les plateaux de tv, il vaut la peine de se mettre  à l’écoute d’un expert égyptien renommé, le prêtre copte catholique Henri Boulad. Pour analyser en connaissance de cause les enjeux de cette pseudo alternative anesthésiante.

Lorsqu’il y a quelques années, un juriste, Saïd el Achmaoui, publie un ouvrage intitulé « L’islamisme contre l’islam », le père Boulad, résidant au Caire, réagit en affirmant : mais l’islamisme, c’est l’islam !

Simplement, parce que l’on n’a pas d’un côté l’islam, qui serait d’orientation religieuse, et de l’autre l’islamisme, qui en serait la déviation politique. Conscient de la variété des islams et arabisant, fin connaisseur du coran et des hadiths, le père Boulad proteste en constatant la naïveté des Occidentaux qui au nom du dialogue et de la tolérance refusent de voir la réalité en face.

Puisque dès l’origine, l’islam se veut à la fois religion, état et société : din wa dawla. En islam, religion et politique sont indissolublement liées. Le père Boulad insiste : « l’islamisme, c’est l’islam dans toute sa logique, l’islamisme est présent dans l’islam comme le poussin dans l’œuf, comme le fruit dans la fleur, comme l’arbre dans la graine ». L’islam ne peut que déboucher sur un état théocratique avec la charia comme inspiration juridique, seule loi légitime parce que consignée dans le coran et la sunna, révélation divine totalisante qui a réponse à tout.

Le père Boulad qui réside en Egypte, a vu la montée des Frères musulmans comme la traduction locale, dans le berceau de leur confrérie, de l’appel à une reconquête du monde par l’islam. Projet basique et salafiste que partagent d’ailleurs tous les islamistes, quel que soit leur particularisme.

Il s’agit bien ici du véritable islam, dit le père Boulad, celui qui a été défini et formaté au Xème siècle, en refusant la position des mutazilites. Inspirés par la philosophie grecque incluant la raison, ces derniers croyaient en un coran créé et non pas incréé, ils désacralisaient par là-même les sourates belliqueuses qui, selon le principe d’abrogation, remplacent les versets antérieurs plus paisibles. Or la fermeture des portes de l’ijtihad a verrouillé définitivement le statut de la révélation coranique : tout ce qui y est énoncé vient d’Allah, y compris les appels à la guerre permanente contre les impies (kouffar), l’hostilité foncière envers les juifs et les chrétiens. Et le père Boulad mentionne le rôle de la taqqya dans les médias :

« La tradition musulmane la plus pure encourage la ruse, le mensonge si c’est pour la cause de l’islam. Ce n’est pas une possibilité occasionnelle, mais un devoir, surtout en cas de prise de pouvoir ou de pénétration en terre infidèle ». Il voit cette stratégie se déployer partout, avec pour but de faire progresser l’islamisation du monde en passant par la séduction des opinions publiques.

Lorsque l’on demande au père Boulad pourquoi l’Occident est si perméable à ces stratégies, il répond que tout d’abord les Occidentaux sont culpabilisés par ce qu’on leur a inculqué idéologiquement de leur passé. Ils imaginent se racheter en faisant preuve de ce qu’ils croient être de la tolérance, et ils se retrouvent otages de l’accusation artificielle d’islamophobie. Face aux événements en cours et à la progression de l’islam sous ses formes diverses, l’Occident est totalement myope et naïf, insiste-t-il. Et le père Boulad avertit : « n’écoutez pas ce que racontent les dialogueurs de plateaux de TV à Londres, à Washington, ou à Paris. Ecoutez plutôt ce que clament partout les imams dans les mosquées chaque vendredi, ce que diffusent à longueur de temps les chaînes et radios islamiques : le projet des musulmans est de conquérir le monde par tous les moyens ».

Le prêtre égyptien est clair : les proclamations de démocratie par certains politiciens islamiques ne sont qu’un leurre opportuniste, car cette forme de gouvernance est absolument incompatible avec l’islam. Pour eux, il n’y a qu’une seule vraie gestion de la société, c’est celle que contrôle l’islam, comme aux origines : inna-din ‘ind Allah al islam.

Comme il l’écrivait à Alexandrie il y a plus de trente ans, le père Boulad souligne la détermination de l’islam à dominer le monde entier : rien ne l’arrêtera dans sa démarche, car, dit-il, « il est comme le bédouin qui suit sa caravane, il a le temps, ça prendra le temps que ça prendra, mais il est persuadé qu’il arrivera à destination… »

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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