Publié par Jean-Patrick Grumberg le 9 juin 2020

Neuf membres du conseil municipal de Minneapolis ont annoncé leur intention de démanteler la police de la ville après la mort de George Floyd.

S’exprimant lors d’un rassemblement communautaire dimanche dernier, une majorité des membres du conseil, avec une majorité suffisante pour opposer un veto, ont déclaré leur intention de “démanteler” et “d’abolir” le département de la police – et de construire un “modèle alternatif de sécurité communautaire”.

“Nous reconnaissons que nous n’avons pas toutes les réponses à la question de savoir à quoi ressemble un avenir sans police, mais notre communauté les a”, ont-ils déclaré en lisant un texte préparé à l’avance.

“Nous nous engageons à nous engager avec tous les membres de la communauté de Minneapolis qui le souhaitent au cours de l’année prochaine afin de déterminer à quoi ressemble la sécurité pour vous”.

Le monde entier les regarde, et les dirigeants de la ville sont en lice pour une réélection l’année prochaine, les enjeux sont donc particulièrement élevés quoi qu’ils fassent.

“Des décennies d’efforts de réforme de la police ont prouvé que le département de la police de Minneapolis ne peut pas être réformé et ne sera jamais responsable de ses actions”, ont-ils déclaré.

“Nous sommes ici aujourd’hui pour commencer le processus de suppression du département de police de Minneapolis et pour créer un nouveau modèle pour développer la sécurité à Minneapolis”.

Ce que signifie exactement “abolir la police”

Les manifestants ont qualifié la déclaration des membres du conseil d'”historique” et les ont ovationnés. C’est le début du processus de mise en place d’un “avenir sans police”. Mais qu’est ce qu’un avenir sans police ?

Ils n’en savent strictement rien, c’est une utopie. Lisez donc leur déclaration de principe, ce sont des mots creux, vide de sens qui trahissent le fait qu’ils n’ont absolument aucune idée, aucune solution, aucune proposition autres qu’une poussée idéologique qui cache leur désir de détruire la société américaine que l’environnement de l’Etat, du gouvernement local, de la mairie, des administrations Démocratiques leur a appris à détester.

Le groupe MPD150, qui dit “travailler pour un Minneapolis sans police”, affirme qu’une telle action consisterait davantage à “réaffecter stratégiquement les ressources, le financement et la responsabilité de la police vers des modèles de sécurité, de soutien et de prévention basés sur la communauté”.

“Les personnes qui répondent aux crises dans notre communauté devraient être les mieux équipées pour faire face à ces crises”, a écrit le groupe sur son site web.

Au lieu d’être des “étrangers armés de fusils, qui ne vivent très probablement pas dans les quartiers où ils patrouillent”, ce sont les travailleurs sociaux, les prestataires de soins de santé mentale et les défenseurs des victimes ou des survivants, entre autres, qui s’occuperont des problèmes que la police est appelée à traiter.

  • Ils parlent d’envoyer des professionnels de la santé mentale ou des travailleurs sociaux pour répondre à certaines situations d’urgence.
  • Ils veulent investir dans davantage d’initiatives communautaires comme la santé mentale et faire en sorte que les membres de la communauté répondent aux problèmes de sécurité publique.

Quelles conséquences

  1. La première conséquence, la plus attendue par l’auteur de ces lignes, qui rêve que les Démocrates aient le courage d’aller au bout de leur folie, c’est une plus grande chance que Donald Trump soit réélu en novembre : les Américains n’aiment pas les émeutes (71% ont réclamé la Garde nationale pour arrêter les émeutes suite à la mort de Goerge Floyd), ils aiment l’ordre (ils ont élu Richard Nixon, que les médias vomissaient, pour qu’il mette fin aux émeutes contre la guerre du Vietnam) et la police est l’institution la plus appréciée des Américains, à 44% de taux de popularité, malgré le portrait horrible qu’en font les journalistes.

    La victoire de Trump en 2016 a été en partie construite sur la promesse de garantir l’ordre public. Trump se prépare à déployer à nouveau le même argument – et cette fois, l’appel à “démanteler la police” aura un écho plus puissant encore.
  2. En jetant aux orties le système de police actuel, les Démocrates montrent qu’ils n’ont aucune préoccupation pour la sécurité publique, et même s’ils ne mettent pas cette fois en pratique le démantèlement de la police, beaucoup d’électeurs modérés craindront que cela arrive un jour.
  3. La police est présente dans les écoles, elle intervient souvent en cas d’overdose de drogue ou de crise de santé mentale, elle déblaie les campements de sans-abri dans les villes. Sans elle, vous pouvez dire au revoir à tout ça.
  4. Le chef de la police de Washington DC., Peter Newsham, a averti que le sous-financement d’un service de police pourrait entraîner une augmentation de l’excès de force des agents de police.

    “La première chose qui contribue à l’excès de force dans un service de police est le sous-financement de celui-ci. Si vous sous-financez un service de police, cela a un impact sur la formation, sur l’embauche, sur votre capacité à développer de bons leaders”.
  5. Nous sommes une nation avec des lois, les lois doivent être appliquées, et quelqu’un doit les faire respecter. Sans police, qui le fera ?

    On entend souvent cette anecdote : “ce qui est interdit, ce n’est pas de s’arrêter au feu rouge, mais de se faire prendre”. S’il n’y a pas de police, on ne peut pas se faire prendre, alors pourquoi s’arrêter ? Pourquoi ? Parce que l’anecdote oublie un petit détail : les feux rouges sont là pour éviter les voitures d’entrer en collision, ils sont là pour protéger les vies humaines.

    “Plus de police, c’est moins d’arrêts au feu rouge, et plus de monde dans les cimetières.”
  6. Spécifiquement à Minneapolis, où le projet semble avancer, le démantelant la police aura pour résultat, dans les zones à forte criminalité, la mise en danger des citoyens.

    Les communautés seront beaucoup moins sûres, et cela entraînera un déclin important de l’économie locale.

    Les entreprises et les touristes ne voudront plus investir dans la communauté ni la visiter.

    Les criminels profiteront de la faiblesse des infrastructures policières et prendront le dessus.

    Des années s’écouleront avec cette terrible mise en œuvre du nouveau système de sécurité publique, et les citoyens subiront les conséquences.

    Toute personne intelligente déménagera. Les entreprises fermeront.

    Les citoyens et les entreprises qui resteront devront faire face à des coûts d’assurance en forte hausse.

    D’abord, les supérettes, les pharmacies et les petites épiceries partiront. Ensuite, les citoyens se plaindront du racisme systémique parce qu’ils n’ont pas accès aux produits de première nécessité dans leurs quartiers.

    Alors les autorités devront offrir des incitations financières, c’est-à-dire l’argent des contribuables, pour encourager les entreprises à revenir.

    Il pourrait y avoir une avancée de la charia dans cette région où la population somalienne est très concentrée.
  7. Les gens qui ne sont pas armés, qui n’ont pas de formation d’auto-défense ou les ressources financières pour se payer une sécurité électronique ou physique, seront les plus victimes : l’écart de richesse creusera l’injustice sécuritaire au détriment des plus pauvres que le nouveau système entendait protéger.
  8. Les personnes travaillant dans la sécurité verront un boom de la sécurité privée armée.
  9. La décision affectera une génération tout entière.
  10. Enfin, si les gens sont choqués par la brutalité de quelques mauvais flics, ils vont avoir un réel difficile lorsqu’ils seront confrontés aux meutes de criminels incontrôlés. Il y aura des meurtres et des viols dans les rues en plein jour.
  11. La vérité désagréable sera l’anarchie, les gangs règneront en maître, il y aura plus de meurtres et moins d’investissements économiques. C’est la désagréable vérité.

Bonne chance avec leur monde imaginaire.

“Réduire le budget de la police signifie que les réponses aux appels d’urgence 911 seront plus longues, que les officiers appelant des renforts ne les recevront pas, et que les enquêtes sur les viols, les meurtres et les agressions ne se produiront pas ou prendront une éternité, et les coupables seront moins souvent attrapés”, a expliqué de manière concrète un syndicat policier de Los Angeles.

Et Ilhan Omar, qui hait l’Amérique et les Américains, soutient cette décision aussi irréfléchie que monumentale, cela devrait suffire à comprendre.

Comme une traînée de poudre

  • La semaine dernière, le maire de Los Angeles, Eric Garcetti, a déclaré que la ville chercherait à réduire de 100 à 150 millions de dollars son budget annuel de près de 2 milliards de dollars consacré à la police pour le réorienter vers les communautés noires.
  • Le maire Bill de Blasio s’est engagé pour la première fois à réduire le financement de la police de New York après dix nuits de manifestations de masse contre la violence policière.

Conclusion

Je suis trop optimiste en imaginant qu’ils vont mettre leur projet à exécution. Ils ne vont pas démanteler la police. Mais qu’ils le fassent ou non, les gens normaux, les gens qui ont du bon sens et la tête sur les épaules ont pris peur. Ils savent que cela arrivera un jour. Pas cette fois, mais dans le futur, dans le futur dirigé par les Démocrates.

Ils savent et ils ont peur.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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