Publié par Gilles William Goldnadel le 9 juin 2020

La gauche extrême, si prompte à vitupérer l’«instrumentalisation d’un drame» après chaque attentat islamiste en France, aura instrumentalisé sans vergogne l’insoutenable drame de Minneapolis. Ainsi et surtout que les images planétarisées de l’interminable calvaire du malheureux George Floyd.

Une idéologie névrotique a pu se donner libre cours à travers ce que j’appelle la foule médiatique déchaînée, qui a tous les attributs de la foule décrite jadis par Gustave Le Bon et Freud: hystérie, puérilité et religiosité. La religion idéologique actuelle qui interdit tout raisonnement, c’est ce racialisme sélectif et victimaire qui exalte passionnément les différences. Il est l’exact contraire du raisonnement non raciste de bon aloi.

Voyez le contraste: en France, après les massacres perpétrés par des terroristes islamistes, l’heure était à Charlie et aux «marches blanches dignes et silencieuses». Et surtout au «pas d’amalgame» avec l’ensemble de la population musulmane. Cette crainte légitime de l’amalgame entraîne souvent la censure de vérités taxées arbitrairement d’«islamophobes» par un clergé médiatique sourcilleux et son Église cathodique.

La «colère noire» américaine et ses avocats, en revanche, prônent ouvertement l’amalgame obligatoire. Des policiers américains sont racistes? Ceux-ci doivent être sanctionnés? Bien davantage: les policiers blancs sont racistes et leur racisme est systémique de par le pseudo-«privilège blanc». Quant aux débordements violents, aux agressions de passants et aux pillages, ils sont inévitables, sinon compréhensibles, voire légitimes.

Les théories «racisées»

Il existe des informations interdites: si les médias montrent la souffrance noire, la grande majorité d’entre eux évitent d’exposer crûment le lynchage d’un Blanc, de peur d’être accusés de racisme.

L’intellectuel américain – de gauche – Mark Lilla a déploré combien le racialisme obsessionnel et les théories «racisées» ont redonné, sous couleur d’antiracisme, aux Blancs américains une conscience chromatique qu’ils avaient heureusement perdue. Sauf pour ces nombreux Blancs que la religion nouvelle, culpabilisatrice, psalmodiée soir et matin dans les universités, aura décérébrés jusqu’à leur inculquer une culture de la repentance qui leur impose en ce moment la génuflexion plutôt que la réflexion.

Or, dans notre village-monde à l’heure américaine, l’idéologie racialiste a traversé l’Atlantique à la vitesse électronique. Son pouvoir d’abolition du raisonnement et d’interdiction de l’objection lui a permis d’amalgamer impudiquement un détestable scandale Floyd, indiscutable à l’œil nu, avec une affaire Traoré qui incarne son exact contraire quand on regarde l’état du dossier judiciaire ainsi que la personnalité pour le moins controversée des intéressés. Qu’importe, la religion nouvelle commande le réquisitoire du prêcheur sur le parvis du tribunal et recommande de porter atteinte à la présomption d’innocence des gendarmes.

Car la foule médiatique déchaînée rend fou: un ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, célèbre une manifestation interdite par son gouvernement, au mépris des règles sanitaires et surtout de l’État de droit, dernier rempart contre la barbarie à visage urbain, qu’il contribue ainsi à démolir.

Un artiste blanc gâté par la vie, Mathieu Kassovitz, pérore, affirme avoir peur de la police et se déclare courageusement du côté des casseurs. Une «radio de service public» interroge des personnalités expressément «racisées» en leur demandant leur opinion ès qualités sur la prétendue violence raciste de la police française. Ce samedi matin à 9 heures, cette même radio ouvrait sans précaution son antenne à cette Ligue de défense noire africaine qui appelait l’après-midi à la manifestation interdite. Cette ligue avait applaudi la destruction des statues de Victor Schoelcher en Martinique, abolitionniste, mais qui avait l’immense défaut d’être blanc. Le samedi soir, son porte-parole déclarait devant une foule ravie que «la France est un pays totalitaire, terroriste, colonialiste, esclavagiste» (sic).

Crime pervers contre la vérité

Je tiens à écrire avec solennité que peindre la société et le peuple français, qui, pour ne pas être parfaits, ont accueilli tant d’étrangers avec hospitalité, comme consubstantiellement racistes, est un crime pervers contre la vérité. Le Covid-19 semble avoir plié bagage, au moins pour l’été. Dans une chronique sur FigaroVox, j’avais parié que l’après ne ressemblerait pas vraiment à ce que mes amis espéraient. J’ai le déplaisir de leur annoncer que j’ai gagné mon pari au-delà de toute désespérance.

Ces esprits trop rationnels espéraient voir nos idées définitivement triompher après qu’on a vu combien les frontières de l’État-nation protégeaient ses habitants. Avec toutes les conséquences sociétales que cette constatation entraînerait en matière de respect légal des flux migratoires ou plus généralement d’exercice de la souveraineté nationale.

Il fallait compter avec cette formidable machine médiatique à décérébrer qui n’était pas dans leur main droite. La main gauche et surtout son extrémité, toujours si habile à gagner la bataille de l’émotion grâce à son entregent et à sa maîtrise de la rue, s’est refait prestement une santé au détriment d’une bataille des idées gagnée par la partie dextre.

Le monde d’après risque d’être celui de l’a priori recommandé et de la suspicion obligatoire à l’égard des policiers français dans leur combat périlleux et ingrat contre la violence criminelle ou terroriste. Au fait: cet a priori négatif et ce soupçon généralisé, ne sont-ce pas très exactement les attributs du racisme ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié dans Figaro Vox.

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* Auteur de «Névroses médiatiques*. Comment le monde est devenu une foule déchainée» (Plon, 2019).

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