Publié par Jean-Patrick Grumberg le 21 juin 2020

Les derniers documents confidentiels déclassés de l’enquête du FBI sur Trump et la Russie pointaient déjà un doigt accusateur vers l’ex-président Obama. Maintenant, cela semble encore pire.

Lorsque Rod Rosenstein, l’ancien vice-procureur général des Etats-Unis qui a supervisé l’enquête sur la Russie, s’est présenté devant les sénateurs mercredi 3 juin pour défendre la nécessité de l’enquête, les choses ont empiré.

Il a reconnu pour la première fois les erreurs et fautes commises dans l’exécution de l’enquête par l’administration Obama.

Le président de la commission judiciaire Lindsey Graham et d’autres Républicains ont finalement reçu la preuve par ce témoignage, de ce qu’ils affirment depuis longtemps : Donald Trump a été victime des forces anti-Trump du FBI et du ministère de la Justice d’Obama il y a plus de trois ans, ce qui a fatalement entaché l’enquête sur l’ingérence russe dans les élections de 2016 et la collusion éventuelle de quelqu’un proche de Trump.

Pourtant, ils allaient plus tard en apprendre d’autres, encore plus dérangeantes.

Ce qui surprit les membres de la commission d’enquête, est que Rod Rosenstein déclara qu’il fut tenu dans l’ignorance de parties importantes de l’enquête contre Trump. La direction du FBI a court-circuité la hiérarchie du département de la Justice et obéissait à des ordres venus de plus haut.

Un sac de nœuds complexe

Les dessous de l’enquête du FBI sur l’ingérence de la Russie dans la campagne présidentielle de 2016 ont été détricotés au cours des six derniers mois.

  • A la fin de l’année dernière, l’inspecteur général du ministère de la Justice a constaté que la demande du FBI de mettre sur écoute un assistant du candidat Donald Trump était truffée d’erreurs intentionnelles et d’omissions. La mise sur écoute était illégale.
  • Le mois dernier, le ministère de la Justice a abandonné les poursuites contre l’ancien conseiller à la Sécurité nationale Michael Flynn, lorsque des notes d’agents du FBI ont révélé qu’ils avaient comploté pour le faire mentir et le faire jeter en prison.
  • En janvier 2017, Le FBI savait que le dossier sur lequel il s’appuyait pour espionner Trump n’était pas fiable. L’auteur du dossier, l’ancien espion britannique Christopher Steele, avait dit aux agents du FBI que les accusations les plus explosives étaient des rumeurs. L’inspecteur général du ministère de la Justice avait d’ailleurs conclu qu’aucune des informations uniques contenues dans le dossier, et dont Mueller s’est servi pendant ses trois ans d’enquête, était corroborée.
  • Ce fameux mercredi 3 juin, les choses ont empiré. Dans son témoignage devant la commission judiciaire du Sénat, l’ancien procureur général adjoint Rod Rosenstein a déclaré que toutes les irrégularités exposées dans les récentes enquêtes du ministère de la Justice lui avaient été cachées lorsqu’il a signé les demandes de mandat d’arrêt contre cet assistant de la campagne de Trump, Carter Page. S’il les avait connues à l’époque, a-t-il dit, il ne les aurait jamais signées.

    Rosenstein a même reconnu à contrecœur que sa propre note de service d’août 2017 précisant les paramètres de l’enquête du conseiller spécial Robert Mueller était profondément défectueuse.

Un aveu explosif passé inaperçu

En août 2017, il était clair qu’il n’y avait pas la moindre preuve pour soutenir l’idée que la campagne Trump était de connivence avec les Russes”, a déclaré le sénateur Lindsey Graham lors de l’audition. “Ca ne reposait sur rien.”

Et là, cet aveu explosif, improbable et inattendu du vice-ministre de la Justice, totalement occulté par les médias :

“Je suis d’accord avec cette déclaration générale”, lui a répondu M. Rosenstein.

Ici, je dois vous faire faire une pause

➡︎ Dans toute affaire judiciaire, il y a ce qu’on pense, ce qu’on croit, ce dont on est profondément convaincu, puis il y a les preuves, et enfin il y a quelques fois les aveux. Même si la plupart d’entre vous ne sont pas étonnés de cet aveu de Rosenstein, car cela fait longtemps que vous savez que toute cette affaire a été combinée par l’administration Obama, il est explosif.

En temps normal, cet aveu serait une bombe à neutron dans le paysage politique et médiatique. Je veux dire : si le président sortant était un Républicain. Mais nous ne sommes pas en temps normal, et l’ex-président était autant divinisé par les médias que l’actuel est détesté.

Fabriquer la paranoïa

Si l’on additionne tout cela, il est clair que l’enquête du FBI sur la coordination présumée de la campagne Trump avec la Russie échappait au contrôle du ministère.

Et Washington a vraiment fini par devenir obsédé par la perspective que le président était un traître.

James Comey, l’ancien directeur du FBI, savait donc que tout avait été inventé et qu’aucune preuve n’existait contre Trump, et il a laissé Washington tomber dans la paranoïa la plus totale : il y avait un agent de Poutine à la Maison-Blanche. C’était un abus flagrant de la confiance du public.

Jusque là, ceux de mes lecteurs qui ont suivi cette saga depuis le début n’ont pas été trop surpris. C’est maintenant que je vais les choquer.

Non pas une, mais quatre enquêtes pour trahison

Le FBI d’Obama n’enquêtait pas seulement pour trouver une collusion de Trump avec la Russie, c’était la partie visible de l’iceberg. Il cherchait aussi à voir s’il pouvait fabriquer une collusion avec l’Égypte, avec la Turquie, et avec Israël.

  • Le 31 juillet 2016, le FBI d’Obama a ouvert une enquête de contre-espionnage sur les liens présumés de la campagne Trump avec la Russie – nom de code, Crossfire Hurricane.
  • L’enquête n’a pas été ouverte en vertu des lois sur les complots d’espionnage, mais en vertu de FARA, la loi sur l’enregistrement des agents étrangers.

    David Laufman est le “cerveau” (1) de cette stratégie visant à poursuivre l’équipe Trump non pas pour conspiration avec la Russie, mais pour le prétexte de ne pas s’être enregistré en tant qu’agent étranger.
  • Fin août 2016, le FBI a ouvert quatre dossiers distincts de FARA concernant des personnes associées à la campagne Trump.
  • Puis deux autres affaires de FARA ont été ajoutées l’année suivante. Une seule concernait un individu ayant des liens avec la Russie : Carter Page.

Les documents récemment divulgués, qui ont fait surface grâce aux efforts de déclassification en vertu de la loi sur la liberté d’information, révèlent les faits suivants :

  1. La première cible de l’enquête du FBI était le conseiller en politique étrangère de Trump, George Papadopoulos. Le FBI tentait de fabriquer des preuves pour montrer qu’il travaillait pour Israël, et non pour la Russie.
  2. Puis le FBI a monté une autre affaire de FARA. Il a utilisé Michael Flynn, le conseiller à la Sécurité nationale de Trump, pour trouver des liens avec la Turquie, et est resté bredouille.
  3. Ensuite, ce fut l’Ukraine, avec Paul Manafort, le directeur de campagne de Trump, et son adjoint Rick Gates.
  4. Enfin, ce fut le tour de l’Égypte avec Walid Phares, conseiller de Trump pour le Moyen-Orient.

Le FBI a envoyé des agents pour les suivre, surveiller leurs maisons et fouiller leurs poubelles – aucune de ces mesures n’est généralement utilisée dans les enquêtes de FARA, qui d’ailleurs aboutissent même rarement à des amendes.

➡︎ Walid Phares, un ami de Dreuz que nos anciens lecteurs connaissent bien. Il vient de révéler qu’il a lui aussi été espionné par le FBI (2) et a apporté son témoignage sur l’affaire.

Phares est un universitaire et commentateur américain d’origine libanaise. Il est donc parfaitement francophone. Il a conseillé la campagne présidentielle de Mitt Romney en 2012 et de Trump en 2016. Il a confirmé dans une interview accordée à RealClearInvestigations le mois dernier (3) que lui aussi était visé par le FARA.

Phares a déclaré qu’il avait été interviewé par deux agents de Washington travaillant pour Mueller en 2017.

“Ils recherchaient des violations du FARA”, a déclaré Phares.

“Ils n’ont rien trouvé sur la Russie, alors ils ont commencé à me poser des questions sur l’Egypte”, a-t-il dit à RCI. “C’est risible.”

Bien qu’il ait fouillé dans ses relevés bancaires, il a dit qu’ils n’avaient jamais porté plainte contre lui. Phares s’est plaint que le FBI avait mené une expédition au hasard. Il pense que le FBI le surveillait également pendant la campagne de 2016.

“Mais pour des raisons différentes”, a-t-il noté. “Pas sur les Russes, parce que je n’ai pas de contacts ou de liens avec la Russie, mais sur mon travail avec l’Egypte.

Leur véritable objectif était d’espionner Trump et sa campagne. Certains experts juridiques affirment que la possibilité d’ouvrir une enquête sur Phares semblait mince.

Ces enquêtes bidons ont toutes été approuvées par la section de contre-espionnage et de contrôle des exportations du ministère de la Justice, dirigée à l’époque par l’ancien fonctionnaire de la justice d’Obama, David Laufman.

Notez ces pays sur lesquels le FBI a enquêté en vain : la Russie, la Turquie, l’Egypte, Israël.

De quel pays John Bolton a accusé le président Trump de chercher de l’aide pour se faire élire en 2020 ? De la Chine, un pays sur lequel le FBI n’a pas enquêté, ce qui ouvre la porte, croit probablement Bolton, à une nouvelle enquête de contre-espionnage, ce que veulent les Démocrates.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

  1. https://www.realclearinvestigations.com/articles/2020/06/23/no_evidence_needed_for_collusion_probe_just_an_obscure_pretext_spearheaded_by_this_man_124020.html
  2. https://www.nytimes.com/2020/05/28/us/politics/mueller-walid-phares.html
  3. https://www.realclearpolitics.com/2020/06/18/did_iran_deal_play_a_role_in_dems_false_russia_allegations_514622.html

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