Publié par Jean-Patrick Grumberg le 29 juin 2020

Un lecteur, puis un autre, puis encore un autre, et encore une lectrice, nous ont contacté un peu en panique, suite aux gros titres tapageurs et inquiétants de certains confrères : “Au vu des sondages, Trump pourrait ne pas se présenter aux élections présidentielles”.

Pour tout dire, lorsque j’ai reçu le premier message, j’ai souri, haussé les épaules, et pensé à autre chose tellement c’était idiot : Trump n’a jamais eu confiance dans les sondages et il abandonnerait parce qu’ils sont mauvais ? En 2016, les sondages disaient 3 jours avant le vote qu’Hillary avait 93 % de chances d’être élue ! On connaît la suite, et les journalistes voudraient nous faire croire que Trump aurait oublié ce détail ? Laissez-moi sourire…

Puis m’est parvenu le message ci-dessous, qui m’a fait prendre la mesure de l’urgence à en parler.

J’ai senti l’inquiétude dans les propos de cette lectrice : même si l’on ne fait pas confiance aux médias, on ne peut pas rester totalement indifférent.

Voici ce qu’écrit H.A. :

Je suis avec un immense intérêt vos articles et voulais avoir votre avis car je lisais sur des infos françaises que Trump penserait à ne pas se représenter, vu les mauvais sondages.

Je prie que cela ne se passe pas et qu’il soit réélu, pour tous ce serait mieux, je pense, mais ça m’a contrariée d’autant que vivant en Israël, ça n’augure pas de bonnes nouvelles.

Je voulais avoir votre sentiment qui pour moi est plus objectif.

Chère madame, d’abord, je veux vous remercier de votre confiance. Vous avez raison, la propagande est partout, et il n’y a que sur Dreuz que vous lirez des informations honnêtes sur le président Trump. Pourquoi ? Parce que je ne suis pas là pour endoctriner ou désinformer, mais tout simplement pour rapporter la vérité, les faits, la réalité, et je la puise à la source, avant qu’elle soit polluée par les médias.

Non, Trump ne “songe pas” à se retirer !

Dire que Trump pense abandonner la course est à des années-lumière de la réalité, rien n’est plus facile à démontrer. Les rédactions qui ont accepté de publier ces boniments ont cédé à la facilité : faire du clic et du buzz. Tout le monde dans le métier, même les journalistes qui le détestent profondément, sait que l’info n’est pas vraie.

  • Pour commencer, abandonner est diamétralement à l’opposé de la personnalité de Donald Trump. Trump est immensément combatif. Il n’aime pas le challenge, il le recherche. Il ne se contente pas de vouloir gagner, il veut écraser son opposant.
  • Ensuite, si vous lisez bien le communiqué : la source qui annonce son retrait est anonyme – elle n’existe peut-être même pas et a été inventée. Il est écrit : “D’éminents militants républicains ont pour la première fois évoqué la possibilité que le président Donald Trump ne se présente pas pour un second mandat, “si les sondages ne s’améliorent pas”.
    • “D’éminents militants républicains” ? Qui sont-ils ? On ne le saura pas mais on s’en doute : ce sont les “never-Trumper” comme Mitt Romney ou Dick Cheney qui ont déclaré qu’ils voteront pour Joe Biden.
    • Trump n’a confiance en personne, et il a raison puisque pendant 3 ans chacune de ses paroles était immédiatement fuitée à la presse. Et il aurait fait des confidences aussi dommageables à “d’éminents militants républicains” ?
    • Supposons un instant que ce soit le cas, et que Trump ait fait cette improbable confidence, je sens que vous savez où je veux en venir : c’est une nouvelle manœuvre du président pour déstabiliser le camp adverse, conserver la main haute sur les médias comme il l’a fait pendant toute la campagne précédente, et jeter les journalistes dans le désarroi.
  • En regardant d’encore plus près, il est écrit qu’en réalité, il ne s’agit même pas d’une confidence entendue, mais d’une hypothèse, une simple hypothèse ! Tout ce bruit a été écrit à partir d’une supposition : “Mon pari ? Il abandonnera s’il croit qu’il n’a aucune chance de gagner”, dit l’article, montrant bien qu’il s’agit d’un simple avis. Et comme disait Pierre Dac, “faire des prévisions est difficile, surtout lorsque ça concerne l’avenir”.

“Si les sondages ne s’améliorent pas”

La source anonyme affirme que “si les sondages ne s’améliorent pas, Trump pourrait ne pas se présenter aux élections présidentielles”.

Vous le savez, je suis un homme simple. Et j’ai fait ce que tout journaliste honnête doit faire : j’ai regardé ce que disaient les sondages de 2016 à la même période.

  • En juin 2016, Hillary Clinton avait 7 points d’avance sur Donald Trump. A peu près autant que Biden en juin 2020.
Juin 2016 : Clinton 46,4% – Trump 39,3%
Juin 2020 : Biden 49% – Trump 40%
  1. Trump abandonnerait en 2020 avec des sondages négatifs et pas en 2016 ?
  2. En 2016, ces sondages qui le donnaient perdant lui ont apporté la victoire.
  3. Soyons logiques jusqu’au bout : l’énorme différence, c’est qu’en 2016, Trump ne savait pas que les sondages étaient faux. Mais en 2020, il le sait, il l’a vécu : il abandonnerait en 2020 pour des chiffres qui lui ont donné la victoire en 2016 ? Qui va croire ça !

Nous sommes à 5 mois de l’élection

Lorsque l’on voit qu’en l’espace de quatre mois,

  • le monde a basculé avec un virus chinois,
  • les Black Lives Matter font trembler les villes (ce que détestent les Américains), appellent à démanteler la police (une majorité écrasante est contre), détruisent les statues, et
  • Joe Biden ne sait plus tout à fait ce qu’il dit – il y a quatre jours, il a annoncé que “120 millions de personnes sont mortes aux Etats-Unis du virus”,

Il est facile d’imaginer qu’il peut – qu’il va – s’en passer des choses, d’ici novembre. Qui serait assez bête pour penser que Trump va abandonner maintenant ? Je veux dire : qui à part la source anonyme des journaux ?

Et d’ailleurs, pourquoi anonyme ? Quel est le motif de cette personne si elle existe ? Ce n’est certainement pas un allié, ce n’est certainement pas pour soutenir le président, qu’il a déclaré cela. Alors pourquoi ? Pour lui nuire. Et l’on devrait croire les yeux fermés quelqu’un qui avance sans preuve quelque chose d’aussi négatif ?

Trump n’abandonne jamais

Souvenez-vous. Nous sommes le 8 octobre 2016, à un mois de l’élection. Le Washington Post se procure un enregistrement vieux d’il y a dix ans, où Trump se vante de toutes les choses qu’il peut faire à une groupie quand on est une star, avec des détails crus digne d’une salle de garde, et dont je vous fais grâce des détails.

Le scandale est instantané. Trump est frappé de plein fouet par une immense réaction de rejet de ses alliés scandalisés, et de ses opposants.

Une véritable tempête de condamnations et de désaveux de la part des Républicains s’abat sur lui. C’est un tremblement de terre politique majeur. Un scandale de ceux dont on ne se remet pas.

Le fameux consultant politique Républicain Karl Rove, qui a été le directeur de campagne de George Bush, s’écroule en direct sur Fox News. Il confesse à Megyn Kelly que la campagne de Trump est morte et qu’il ne s’en remettra pas.

“Je ne le vois pas y arriver”, déclare le stratège républicain, ajoutant que “Trump est VOUÉ à perdre l’élection car sa propre campagne admet “nous sommes derrière”.

En réalité, les excuses font place à l’attaque, car Trump ne renonce jamais, n’accepte jamais la défaite, et ne s’avoue jamais vaincu

Trump ne dit rien pendant 48 heures. Tout le monde retient son souffle, et s’attend à ce qu’il se retire de la campagne, qu’il jette l’éponge.

Le lundi suivant, Trump enregistre une déclaration vidéo dans laquelle il “présente des excuses” – notez mes guillemets.

En réalité, les excuses font surtout une grande place à l’attaque, car Trump ne renonce jamais, n’accepte jamais la défaite, ne s’avoue jamais vaincu, et n’excuse jamais (ou presque).

Passant à l’offensive, il déclare :

“J’ai dit des choses stupides, mais il y a une grande différence entre les paroles et les actes des autres personnes. Bill Clinton a abusé des femmes et Hillary a intimidé, attaqué, humilié et fait honte à ses victimes.”

Taux d’approbation auprès des Républicains : 95%

Trump “abandonnera s’il croit qu’il n’a aucune chance de gagner”.

Rappelez-moi : qui vote pour le président Trump ? Les Démocrates ? Les journalistes ? Ou les électeurs Républicains ? C’est une question rhétorique, mais elle semble avoir échappé à mes collègues.

Et que disent les Républicains ? Regardons de près…

Trump vient de traverser :

  • La pire crise économique depuis la Grande Dépression,
  • La pire crise de santé publique depuis la grippe espagnole,
  • Le plus grand mouvement de protestation de l’histoire américaine.

Et Trump continue de jouir d’un taux d’approbation sans précédent parmi les Républicains, ses électeurs. En fait, son taux d’approbation est supérieur à celui de Bush, avec 91% en moyenne contre 69% pour Bush. Et il atteint aujourd’hui à 95%, du jamais vu.

Trois débats présidentiels

Les Républicains ont demandé qu’il y ait quatre débats pré-électoraux. Les Démocrates en voulaient zéro. Ils ont tranché à trois.

Je vous laisse imaginer comment Biden va réagir lorsque le président va lui demander :

  • Comment se fait-il que votre fils Hunter ait été embauché pendant 5 ans par une entreprise ukrainienne de gaz universellement considérée comme corrompue, et ce immédiatement après votre voyage en Ukraine pour discuter sur la production de gaz ? Alors que votre fils n’a aucune connaissance dans le secteur du gaz, et qu’en plus il ne parle pas ukrainien ?
  • Joe Biden, parlez-nous de Tara Reade, votre collaboratrice qui vous accuse de l’avoir violée en 1993, vous qui avez dit qu’il “fallait croire toutes les femmes” pendant la campagne du mouvement #MeToo.
  • Joe Biden, votre fils Hunter, toujours lui, a hérité d’un portefeuille d’un milliard de dollars de la Chine 10 jours après être revenu d’un voyage officiel en Chine où il vous accompagnait. Un contrat que même Goldman Sachs n’a pas réussi à décrocher. Expliquez-nous…

Je vous laisse imaginer l’effet sur le public très peu informé – la majorité – quand il va découvrir ces sujets, et la façon dont Biden va s’en dépêtrer.

Conclusion

  • Le président Trump a affronté trois ans d’enquête sur une collusion avec la Russie qui aurait pu, s’il avait été jugé coupable, l’envoyer à la chaine électrique pour haute trahison.
  • Il a fait l’objet d’une mesure d’impeachment en vue de le faire destituer de son poste.
  • Il a eu à gérer la crise du coronavirus.
  • Il devait, pour ramener l’ordre dans le pays, affronter la passivité des gouverneurs à qui revient l’autorité de le faire dans chaque Etat.

Et il renoncerait à sa campagne présidentielle pour des sondages volatiles, faux, et en qui personne n’a confiance ?

Et ma grand-tante vend des tenues de cosmonautes pour le prochain voyage sur Mars. Je peux vous avoir une ristourne.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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