Publié par Jean-Patrick Grumberg le 29 juin 2020
The Quiet Man (l’homme tranquille), mon film culte avec John Wayne et Maureen O’Hara

Les Démocrates californiens du comté d’Orange exigent que l’aéroport John Wayne soit renommé, et que toutes les photos de Wayne soient retirées de l’aéroport, en raison des “déclarations racistes” faites par la star il y a 50 ans dans Playboy.

Le Conseil des superviseurs du comté d’Orange a été prié de revenir sur le nom initial, et cite des remarques qu’il a faites dans une interview de Playboy en 1971.

“Le Parti Démocrate du comté d’Orange condamne les déclarations racistes de John Wayne, et demande que le nom et l’image de John Wayne soient retirés de l’aéroport du comté d’Orange, et demande au Conseil des superviseurs du comté de rétablir son nom original : “aéroport du comté d’Orange”, indique la résolution, adoptée vendredi.

Il est reproché à Wayne d’avoir dit :

“Je crois en la suprématie des Blancs jusqu’à ce que les Noirs soient éduqués jusqu’à un certain point à la responsabilité.”

  • Oui, John Wayne a vraiment dit ça dans l’interview.

    Je ne sais pas s’il était raciste et si cette phrase reflète pleinement sa pensée, mais cette phrase est sans aucun doute raciste, et au sens strict du terme. Non pas pour l’emploi du mot suprématie, qui n’avait pas à l’époque le sens péjoratif qu’il a acquis depuis, qui veut dire “raciste de droite et néo-nazi”, mais parce qu’elle exprimait l’idée que les blancs sont supérieurs aux noirs, que c’est à eux de décider si et quand les noirs seront assez responsables pour prendre des responsabilités.

    Je ne suis pas noir, je ne peux pas me mettre à la place de ce que ressentent les noirs, mais il n’est pas difficile de voir que c’est choquant. Je n’aimerais pas qu’on baptise un aéroport “Ilhan Omar airport”.

Wayne ajoute :

Je ne crois pas qu’il faille donner de l’autorité et des postes de direction et de jugement à des personnes irresponsables.

Cependant, en lisant le reste de l’interview, je constate qu’il dit à plusieurs moments l’inverse et qu’il faille, comme toujours, nuancer.

Intégrale de sa déclaration

Playboy : Angela Davis [une activiste communiste qui enseignait à San Francisco] affirme que ceux qui lui retireraient son diplôme d’enseignante pour des raisons idéologiques sont en fait en train de la discriminer parce qu’elle est noire. Pensez-vous que c’est vrai ?

Wayne : Avec beaucoup de Noirs, il y a beaucoup de ressentiment et de dissidence, et peut-être même à juste titre. Mais nous ne pouvons pas tout d’un coup nous mettre à genoux et tout remettre entre les mains des dirigeants noirs. Je crois en la suprématie des Blancs tant que les Noirs ne sont pas éduqués jusqu’à un certain point à la responsabilité. Je ne crois pas qu’il faille donner l’autorité et des postes de direction et de jugement à des personnes irresponsables.

Playboy : Mais n’est-il pas vrai que nous ne corrigerons jamais les inégalités de notre système éducatif tant que les groupes minoritaires défavorisés ne bénéficieront pas d’un enseignement correctif ?

À quoi bon inscrire quelqu’un dans une classe d’algèbre ou de calcul supérieur s’il n’a pas appris à compter ? Il faut qu’il y ait une norme. Je ne me sens pas coupable du fait qu’il y a cinq ou dix générations, ces gens étaient des esclaves. Maintenant, je ne cautionne pas l’esclavage. C’est juste un fait de la vie, comme le gamin qui a une paralysie infantile et qui doit porter un appareil dentaire et qui ne pourra pas jouer au football américain avec le reste d’entre nous. Je dirai cependant ceci : je pense que tout noir qui peut rivaliser avec un blanc aujourd’hui peut obtenir un meilleur résultat qu’un blanc. J’aimerais bien qu’ils me disent où dans le monde ils sont mieux qu’ici en Amérique.

Beaucoup de militants noirs soutiennent que c’est mieux à peu près n’importe où ailleurs. Même à Hollywood, ils estiment que la barrière de la couleur est toujours en place pour de nombreux types d’emplois. Limitez-vous le nombre de noirs que vous utilisez dans vos films ?

Oh, mon Dieu, non. J’ai réalisé deux films et j’ai donné aux Noirs la position qui leur convenait. J’ai eu un esclave noir dans The Alamo, et j’ai eu un nombre correct de noirs dans The Green Berets. Si c’est censé être un personnage noir, naturellement j’utilise un acteur noir. Mais je ne vais pas jusqu’à chercher des positions pour eux. Je pense que les studios d’Hollywood vont un peu trop loin dans leur symbolique. Il ne fait aucun doute que 10 % de la population est noire, ou de couleur, ou quel que soit le nom qu’ils veulent se donner ; ils ne sont certainement pas caucasiens. De toute façon, je suppose qu’il devrait y avoir le même pourcentage de personnes de couleur dans les films que dans la société. Mais cela ne peut pas toujours être ainsi. Il n’y aura pas forcément 10 % des machinistes ou des ingénieurs du son qui sont noirs, parce qu’il est plus que probable que 10 % d’entre eux ne se sont pas formés pour ce type de travail.

Analyse

  • John Wayne a fait ce commentaire à propos d’une communiste. Comprenons bien qu’aux Etats-Unis, on savait à l’époque que le communisme, c’était comme le nazisme. Un communiste, c’est un nazi et rien d’autre : il soumet les autres à son idéologie par la force et la terreur, et la mort est la réponse à toute désobéissance.
  • Wayne explique que la souffrance des Noirs à cause de l’esclavage est légitime, mais “nous ne pouvons pas tout d’un coup nous mettre à genoux et tout remettre entre les mains des dirigeants noirs”. A ce titre, il reflète la majorité écrasante de la population américaine, qui ne croit pas à l’idée de réparations.
  • Lorsqu’il dit : “Je ne crois pas qu’il faille donner l’autorité et des postes de direction et de jugement à des personnes irresponsables”, il parle d’une communiste, comment ne pas applaudir. Regardez comment les syndicats communistes ont miné l’industrie française. Regardez le désastre du Venezuela ou de la Corée du Nord, ou de la Chine où les gens crevaient de faim avant qu’elle adopte une économie capitaliste.
  • Sur la discrimination positive : “À quoi bon inscrire quelqu’un dans une classe d’algèbre ou de calcul supérieur s’il n’a pas appris à compter ?” Rien à redire, l’argument est solide, et d’avoir mis en place une discrimination positive a en partie plombé la jeunesse noire.
  • Sur l’esclavage et les réparations, là encore, une remarque de pur bon sens : “Je ne me sens pas coupable du fait qu’il y a cinq ou dix générations, ces gens étaient des esclaves. Maintenant, je ne cautionne pas l’esclavage”.
  • Et encore ceci, résolument politiquement incorrect, mais l’élection d’Obama lui donne raison : “je pense que tout noir qui peut rivaliser avec un blanc aujourd’hui peut obtenir un meilleur résultat qu’un blanc. J’aimerais bien qu’ils me disent où dans le monde ils sont mieux qu’ici en Amérique”.
  • Sur la parité imposée : “J’ai réalisé deux films et j’ai donné aux Noirs la position qui leur convenait. Si c’est censé être un personnage noir, naturellement j’utilise un acteur noir. Mais je ne vais pas jusqu’à chercher des positions pour eux”.

Comme vous le voyez, la position de Wayne est bien plus nuancée que la caricature présentée par la culture “Woke” de l’effacement total du passé, même si la phrase reprochée me reste sur l’estomac.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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