Publié par Jean-Patrick Grumberg le 20 juin 2020

Beaucoup sont tombés de haut en prenant connaissance des bassesses de John Bolton, qui s’est lâché sur le président Trump lors d’une émission d’une heure consacrée à son livre.

Ses amis, ses partenaires, les gens qui le connaissent sont stupéfaits, médusés, de cette trahison, car cela ne ressemble pas à l’idée qu’ils se sont faite de lui.

Nina Rosenwald, qui dirige le Gatestone Institute dont Bolton était le président de 2013 jusqu’à sa nomination au poste de conseiller à la Sécurité nationale du président Trump, en mars 2018, a discrètement poussé son nom sous le tapis. Guy Millière, qui le connaissait bien, m’a exprimé sa perplexité, pareil pour l’écrivain et journaliste de guerre Pierre Rehov. Karen Siegemund, la présidente de l’American Freedom Alliance, un groupe conservateur de Los Angeles, a effacé toutes les photos de lui sur sa page Facebook. Je n’ai rencontré Bolton qu’une fois ou deux, et n’aie pas pu me faire d’opinion sur l’homme derrière le personnage politique – car je fais une distinction.

Et le président Trump l’a déchiré dans un tweet :

Le livre du dingo John Bolton, “extrêmement fastidieux” (selon le New York Times), est composé de mensonges et de fausses histoires. Il a dit du bien de moi, par écrit, jusqu’au jour où je l’ai renvoyé. Un imbécile ennuyeux et mécontent qui ne voulait qu’aller à la guerre. N’a jamais eu la moindre idée, a été ostracisé et heureusement jeté. Quel idiot !

Mike Pompeo qualifie Bolton de traître

Le secrétaire d’État Mike Pompeo a accusé l’ancien conseiller à la Sécurité nationale John Bolton, tard jeudi, de “répandre des mensonges, des demi-vérités et de faussetés” dans son livre à paraître pour lequel il a touché une avance de 2 millions de dollars.

“Je n’ai pas lu le livre, mais d’après les extraits que j’ai vus publiés, John Bolton répand un certain nombre de mensonges, de demi-vérités et de mensonges purs et simples.

Il est à la fois triste et dangereux que le dernier rôle public de John Bolton soit celui d’un traître qui a fait du tort à l’Amérique en violant sa confiance sacrée envers son peuple.

À nos amis du monde entier : vous savez que l’Amérique du président Trump est une force pour le bien dans le monde”.

Pourquoi Bolton a-t-il ainsi déballé sa rancune ?

Il n’est pas aisé de lire dans la pensée des gens, et il n’est pas dans mon habitude de le faire. Il faut comprendre que Bolton est un vieux de la vieille, en politique. C’est un des piliers de Washington. Trump est un petit nouveau, il n’est pas du sérail. Bolton a très bien pu penser qu’il allait expliquer à Trump une chose ou deux, et Trump, qui n’écoute que lui-même après avoir sollicité les avis pour et contre, n’a pas suivi les recommandations de Bolton.

Bolton en a pris ombrage. Amour-propre démesuré ? Probablement. Sentiment de supériorité ? Peut-être aussi. Toujours est-il que la réaction de Bolton est psychologiquement cohérente. C’est celle d’un homme profondément humilié d’avoir été écarté d’un poste pour lequel il pense être plus qualifié que le président pour décider. Sur le plan politique, c’est criminel. Sur le plan humain, c’est banal.

D’ailleurs Adam Schiff, qui a président à l’enquête sur l’Ukraine et trafiqué les témoignages pour obtenir l’impeachment de Trump à la Chambre – rejeté par le Sénat qui statue en tribunal – a déclaré être tenté par une nouvelle procédure d’impeachment. Une journaliste de CBS l’a même incité, en direct – bonjour la neutralité – à le faire.

Attaqué par la gauche, rejeté par la droite

John Bolton est un néoconservateur, il incarne ce que la gauche déteste le plus, et elle ne s’est jamais gênée de le traîner dans la boue. Il est intéressant de voir comment elle parvient aujourd’hui à la fois à le détester et à l’encenser.

Sur MSNBC, le journaliste Chris Hayes a décrit Bolton comme “fourbe, indigne de confiance, extrêmement militariste” dans une longue diatribe mardi soir contre Bolton, tout en déclarant que les Américains devaient faire confiance à ce que Bolton dit dans son nouveau livre.

Hayes a également qualifié Bolton de “moralement odieux” et dans la même phrase, encouragé les auditeurs à croire ce qui est écrit dans le livre. Très fort.

Hayes :

Plus que quiconque, Bolton est une figure parfaitement représentative du Parti Républicain contemporain, voire du mouvement conservateur.

Il a occupé des postes importants dans les deux dernières administrations Républicaines. C’est un vicieux combattant bureaucratique. Il est fourbe, indigne de confiance, et extrêmement militariste.

Il n’a jamais été tenu responsable de toutes les choses terribles qu’il a faites au cours de sa longue carrière publique, et elles sont nombreuses.

C’est un individu totalement odieux sur le plan moral, dont vous ne voudriez pas dans votre organisation, ou n’importe où autour de vous.

Le lecteur de Dreuz ne sera pas surpris que Chris Hayes fasse une analogie entre Bolton et Trump, alors que ce dernier a clairement exprimé à maintes reprises son hostilité à la guerre en Irak dans laquelle Bolton a été fortement impliqué, et qu’il précise que Bolton est un bureaucrate de carrière, ce qui est exactement ce que Trump n’est pas.

L’affaire est cousue d’un fil trop blanc pour être invisible – sauf de celui qui ne veut pas voir. La question clé étant : pourquoi les médias de gauche croiraient Bolton maintenant, la réponse est : parce qu’il correspond à leurs vœux que Trump soit de nouveau mis en accusation et démit de ses fonctions.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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