Publié par Jean-Patrick Grumberg le 11 juin 2020

Un message de l’avocat Gilles-William Goldnadel sur la famille Traore a retenu mon attention.

En réaction à son tweet, plusieurs contacts m’ont interrogé sur cette famille dont j’ignore tout, et m’ont demandé de faire le point. Cet article n’est pas consacré à Adama Traoré, la presse ayant fait un travail extensif.

Le message de Goldnadel fait suite à un dépôt de plainte pour injures, diffamation, et incitation à la haine contre des politiques qui ont qualifié cette famille de “gang” et de “famille de délinquant”.

Une famille nombreuse

Dix-sept frères et sœurs, issus de quatre mères (dont Oumou Diawara et Hatouma Fofana), composent la famille Traoré. D’origine malienne, les Traoré ont grandi dans la cité de Boyenval à Beaumont-sur-Oise. Le père, Mara-Siré (Makan) Traoré, est né au Mali, et est décédé en 1999.

Revue de presse : ce que les médias ont écrit sur les membres de cette famille

Bagui

  • France soir, 2 mars 2017 : Bagui Traoré, 26 ans, a été extrait de la maison d’arrêt du Val-d’Oise, où il est incarcéré pour d’autres faits de violences, et placé en garde à vue mardi matin avec sa compagne et trois autres personnes, relâchées depuis. Trois armes longues ont été saisies lors de la perquisition [dont (un fusil de calibre 12 et un 22 long rifle].

    “La compagne de Bagui Traoré a été interpellée, séparée de son enfant, puis entendue menottée…”. Sa sœur et sa mère ont également été entendues dans le cadre de l’enquête pour “tentatives d’assassinat.”
  • France soir, 2 mars 2017 : En décembre 2016, Bagui Traoré a été condamné à huit mois de prison ferme pour outrages et violences à l’égard de policiers municipaux et gendarmes, lors d’un rassemblement organisé en marge d’un conseil municipal à Beaumont-sur-Oise en novembre.
  • Valeurs Actuelles, 3 juin 2020 : Bagui Traoré a fait l’objet de plusieurs procédures judiciaires pour « extorsion (en 2003 et 2005), détention non autorisée de stupéfiants en 2013 […], vol à l’aide d’une effraction, port prohibé d’une arme de 6e catégorie […] ».

    Il avait déjà 12 condamnations à son actif pour des vols avec violence et des extorsions, selon le procureur.
  • L’Obs, 17 mai 2017 : Bagui Traoré a été accusé d’outrages et de menaces de mort sur personnes dépositaires de l’autorité publique” en novembre 2016.
  • L’Obs, 17 mai 2017 : soupçonné d’avoir tiré sur les forces de l’ordre au cours des nuits de violences à Beaumont-sur-Oise, il est poursuivi pour tentative d’assassinat sur les forces de l’ordre en juillet 2016.
  • Le Figaro 15 décembre 2017 : condamné à six mois de prison ferme pour des échauffourées survenues en marge d’un conseil municipal en décembre 2016.
  • Le Figaro 15 décembre 2017 : Bagui Traoré purge une peine de prison pour des faits de violences et d’extorsion, notamment sur personnes vulnérables.
  • Le Parisien, 25 avril 2018 : Bagui Traoré, le frère d’Adama Traoré, a été condamné ce mercredi soir à 30 mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Pontoise. Il a été reconnu coupable d’une série d’extorsions et d’escroqueries sur des personnes vulnérables entre 2015 et 2016. Il comparaissait en état de récidive légale.

    Sa compagne, Sarah B., qui a reconnu à l’audience un rôle actif dans les extorsions, a été condamnée à 2 ans, dont 6 mois avec sursis et mise à l’épreuve.

    Un autre couple avait apporté son concours. Cédric T., a écopé de 30 mois ferme. Sa compagne, handicapée, qui a suivi le mouvement, a été condamnée à 8 mois avec sursis.

Yacouba

  • LCI, 16 mars 2017 : Yacouba Traoré a été condamné par le tribunal de Pontoise à 18 mois de prison ferme et interdiction de séjour dans le Val-d’Oise pour avoir tendu un guet-apens à un ancien codétenu de son frère Adama. Accusé de violences en réunion commises avec l’usage d’une arme, une planche en bois, et en état de récidive légale, il a violemment agressé l’ex-codétenu de son frère Adama, le 25 février 2017.

    Deux autres frères Traoré impliqués dans l’affaire ont été relâchés.
  • LCI, 16 mars 2017 : Yacouba a été condamné en mars 2016 pour violences.
  • Ouest France, 22 juin 2017 : Yacouba Traoré, 20 ans, a été placé en garde à vue et convoqué devant le tribunal correctionnel en avril pour « violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique ». Il est accusé d’avoir agressé dans la soirée du 19 juillet des membres de la brigade de gendarmerie de Persan, commune voisine de Beaumont.
  • Le Figaro, 17 novembre 2017 : Yacouba mis en examen et placé en détention provisoire jeudi, pour “destruction par moyen dangereux”, “violence aggravée” sur le chauffeur de bus, et “participation présumée à l’incendie d’un bus à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise)”. Il venait de sortir de prison.
  • 20 Minutes, 23 mars 2018 :  Yacouba Traoré doit comparaître à Pontoise pour « violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique ». Il lui est reproché d’avoir agressé dans la soirée du 19 juillet 2016 des gendarmes de la brigade de Persan (commune voisine de Beaumont).
  • Le Parisien, 2 avril 2019 : Yacouba est condamné à 3 ans de prison ferme pour l’incendie du bus. Le parquet fait appel, ayant requis six ans de prison, mais la peine de 3 ans est confirmée en appel le 2 avril 2019.

    Elton Borgès, 23 ans, considéré comme celui ayant eu un rôle prépondérant dans les faits, avait écopé de trois ans ferme en première instance. Il a été condamné ce mardi de quatre ans de prison ferme.

Assa ou Assia

  • Assa obtient un diplôme d’éducatrice spécialisée en 2007. Elle travaille à Sarcelles pour la protection judiciaire de la jeunesse. Elle est militante antiraciste spécialisée dans un seul racisme, elle ne dénonce pas le racisme contre les juifs, les Asiatiques ou les blancs.
  • Elle est la créatrice d’une ligne de vêtements sous la marque Wax, qui devient “Maison Kaye” en 2019.
  • France info, 30 septembre 2019 : Assa Traoré entendue par la police, après une plainte des gendarmes pour “diffamation publique” pour avoir publié sur Facebook, le 19 décembre 2018 et le 19 janvier dernier, les noms et prénoms des trois gendarmes ayant participé à l’interpellation d’Adama Traoré.
  • Le Parisien, 3 démembre 2019 : Assa Traoré fait l’objet d’une procédure est en cours à la suite d’une plainte déposée par la mairie de Beaumont-sur-Oise pour, entre autres, “détérioration de biens publics”.

Serene

Le Figaro, 19 avril 2018 : Serene Traoré : condamné à 4 mois fermes et 600 euros d’amende pour outrages envers le maire de Beaumont-sur-Oise

Ysoufou (ou Yssouphou) dit Youssouf

  • Le Figaro 15 décembre 2017 : Youssouf Traoré, 23 ans, un des organisateurs principaux d’un “vaste réseau de trafic de stupéfiants d’ampleur régionale”, a été placé en détention provisoire.
  • Le Figaro 15 décembre 2017 : Ysoufou dit Youssouf, condamné à six mois de prison, dont trois avec sursis, pour des échauffourées survenues en marge d’un conseil municipal en décembre 2016.

Samba

  • Actu.fr, 31 mai 2018 : Samba Traoré, 24 ans, a été condamné, mercredi 30 mai, par le tribunal correctionnel de Pontoise, à quatre ans de prison, dont 18 mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans, à la suite de violences avec arme à Beaumont-sur-Oise. Sa victime “a frôlé la mort” précise Le Parisien le 30 mai 2018.

Cheikné

  • L’Express, 13 mars 2017 : Trois frères d’Adama Traoré ont été placés en garde à vue ce lundi matin dans le Val-d’Oise. Ils sont soupçonnés d’avoir mené une expédition punitive contre un individu qui avait accusé le défunt jeune homme de viol à la prison d’Osny. 

    Mamadou Kanté, 22 ans, soupçonné lui aussi d’avoir participé à l’expédition punitive du 25 février, a été condamné à 15 mois de prison ferme.

    Selon nos informations, il s’agit d’Yssouphou (parfois orthographié Youssouf), 22 ans, et de Cheikne, 27 ans.

    Un troisième frère Traoré, Yacouba, s’est spontanément présenté à la gendarmerie dans l’après-midi.
  • Ouest France, 22 juin 2017 : Cheikne Traoré, né en 1989, comparaîtra devant la justice en avril 2018 pour « outrage à personne dépositaire de l’autorité publique ». Il est soupçonné d’avoir tenu des propos « insultants et intimidants » à l’encontre de Nathalie Groux, maire UDI de Beaumont-sur-Oise. Il a reconnu les faits, indique le parquet de Pontoise, et comparaîtra le 17 avril 2018.
  • Le Figaro, 11 avril 2019 : Un jeune frère d’Adama Traoré, Cheikné, va être jugé aujourd’hui à Versailles après avoir été interpellé à la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy (Yvelines), où il rendait visite à l’un de ses frères, en possession de plus de 100 grammes de cannabis. 138 grammes répartis en quatre morceaux dissimulés dans les chaussettes et le caleçon, précise actu.fr.

Adama : plainte pour viol contre un co-détenu

L’Express, 13 mars 2017 :

Un homme de L’Isle-Adam, une commune du même département, âgé de 23 ans, aurait déposé plainte pour viol, en mai 2016 au commissariat de Cergy-Pontoise, soit deux mois avant le décès d’Adama Traoré.  

Selon son récit, le viol présumé a eu lieu entre la fin de l’année 2015 et le début de l’année 2016. Période durant laquelle la victime est incarcérée à la prison d’Osny, en même temps qu’Adama Traoré.

“S’ils sont avérés, les faits ne viseraient pas seulement Adama Traoré mais aussi plusieurs autres détenus”, poursuit notre source. Raison pour laquelle l’enquête est toujours en cours, car la mort d’un mis en cause met normalement fin à l’action judiciaire. Contacté, le parquet de Pontoise n’a souhaité faire aucun commentaire, ni même confirmer le dépôt de cette plainte. 

JM Morandini.com : Le collectif “La Vérité pour Adama” a déposé plainte contre deux journalistes, Jean-Jacques Bourdin et Nicolas Poincaré, pour “diffamation à l’encontre d’Adama Traoré à qui ils ont attribué des faits de viol pour lesquels il n’a pourtant jamais été poursuivi et pour diffamation à l’encontre d’Assa Traoré qu’ils accusent d’avoir exercé des pressions contre une victime pour qu’elle retire sa plainte. Assa Traoré n’a jamais été poursuivie ou même auditionnée sur ces faits”.

Conclusion

La famille Traoré voit toutes ces affaires comme la suite logique de la politique de criminalisation et d’intimidation menée contre chacun de ses membres.

C’est factuellement faux.

Il y a 17 frères et sœurs Traoré, seuls 7 figurent dans la liste de ceux qui ont eu affaire à la police. 7 sur 17. Ce que dit Assa Traoré, la militante politique, n’est donc pas exact : il n’existe aucune politique d’intimidation menée contre la famille Traoré.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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