Le pionnier emblématique de l’alpinisme a été le Genevois Horace Bénédicte de Saussure, né en 1740, passionné par la science, grâce à l’influence de son oncle Charles Bonnet et de sa rencontre avec le physiologiste bernois Albrecht von Haller.
En 1760, il ressent depuis Chamonix le puissant appel des cimes en admirant le Mont Blanc, et se donne pour objectif d’en atteindre le sommet. Professeur de philosophie à l’Académie de Genève, il se spécialise également en botanique puis en glaciologie. En 1786, l’ascension du toit de l’Europe est réalisée par les chamoniards Balmat et Paccard, suivie peu après par le genevois De Saussure, lequel établit la première mesure du Mont Blanc avec une erreur minime d’altitude (2450 toises). Dans la poursuite de ses expériences scientifiques, il met au point l’hygromètre pour évaluer l’humidité de l’air et invente l’ancêtre du capteur solaire qu’il appelle « héliothermomètre ». De Saussure est un scientifique, mais c’est aussi un contemplatif dans l’esprit de Jean Jacques Rousseau, autre Genevois célèbre, avec son Vicaire savoyard éveillant l’esprit à la contemplation des sommets alpins (1762).
Autre exploit réalisé près du sommet du Mont Blanc, 250 plus tard, par deux Genevois : la construction à 3837 mètres du nouveau Refuge du Goûter. Mandatés par le Club alpin français, l’architecte Hervé Dessimoz et l’ingénieur Thomas Büchi réalisent un véritable tour de force. Après trois ans de chantier dans des conditions hors normes, un bâtiment innovant voit le jour, niché sur un rocher au bord du vide : le nouveau refuge du Goûter, avec son aspect d’ovoïde extraterrestre. Remplaçant l’ancien bâtiment devenu vieillissant et inapproprié, le nouveau refuge est un chantier de l’extrême réussi, grâce à toute une équipe d’intervenants suisses et français.
Le maître d’œuvre est l’atelier genevois « charpente concept », connu pour son professionnalisme, avec pour objectif une réalisation esthétique, mais dans l’esprit du développement durable. Le refuge est autonome en eau et en électricité, construit en bois plaqué d’aluminium, il résiste à de très basses températures et à des vents allant jusqu’à 300 km/heure. Sur 700m2 de surface habitable répartie sur 4 étages, le refuge peut accueillir 150 personnes. Il est situé sur la voie normale conduisant au Mont Blanc et offre d’excellentes conditions d’hospitalité.
Les ingénieurs disent s’être inspirés des bâtisseurs de cathédrale avec leurs techniques de levage pour édifier – compte tenu des difficultés – le corps de la construction (12 mètres de haut) par étapes progressives. Tous sont des passionnés de montagne, et ils ont su associer leur art aux conditions particulières du lieu.
Le Refuge du Goûter est le plus haut d’Europe, mais il est également dans son originalité un prototype écologique innovant. Construit durant trois années, il a été inauguré en septembre 2014.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.
Cher Abbe Arbez, Vous lire est toujours un plaisir, et on ressort plus informe de ces lectures. Pour une fois, force m’est d’etre en desaccord avec vous: le refuge Margherita au Mont Rose (certes moins splendide) depasse les 4500 metres d’altitude: on y a tres mal a la tete.
J’avoue que je ne suis jamais allé ni à l’un ni à l’autre! Je me suis fié aux coordonnées officielles françaises…
Merci, monsieur l’Abbé, une fois de plus, pour ce sublime article, qui permet d’élever notre âme au-dessus de nos habituels ” potins ” pour lui faire respirer l’air non toxique des montagnes.
Magnifique ! Je ne connaissais même pas l’existence du refuge Margherita perché à 4554m !!! Il faut que j’essaye !
Bonne course ! mais je suis serieux, avec le mal des 4000 !
pourquoi donner à un Refuge de montagne le nom d’une pizza?
Amusant !
Le refuge Margherita (Capanna Margherita) se trouve sur la Signalkuppe, près du Mont Rosa, en Italie, et fut inauguré par la Regina Margherita en 1893. J’ai hi séjourné 2 jours.
C’est la pizza la plus populaire du monde. Née à la fin du XIXe siècle, la Margherita tient son nom de la reine Marguerite de Savoie.
Elle et son époux, le roi Umberto 1er d’Italie, étaient alors en visite à Naples et s’étaient arrêtés dans un restaurant pour manger.
Pour rendre hommage au couple royal, le chef a alors imaginé une pizza aux couleurs du drapeau italien, le pays venant tout juste d’être unifié. Il a donc choisi des ingrédients de couleur verte (basilic), blanche (fromage) et rouge (sauce tomate).
La reine a particulièrement apprécié cette nouvelle création et le restaurateur l’a ainsi nommée pizza Margherita. La recette a ensuite été rapidement popularisée en Italie puis dans le reste du monde, notamment pour sa simplicité de préparation et son très faible coût.
Mont Blanc…ou mon blanc? Attention aux termes utilisés, Père Arberz, ils peuvent choquer. Idem pour les mariages dits “blancs”. Et à Rome, la fumée blanche pour l’Habemus Papam. On n’est pas dans la m’. Et vous parlez de maître d’œuvre. How daaaare you? Ben oui, un maître, ça rappelle l’esclavage. Et de cathédrales? On ne construit plus de cathédrales aujourd’hui, enfin. On ne construit que des mosquées. QUE-DES-MOSS-QUEES, vous comprenez. Des cathédrales? Et quoi encore? Et puis, vous terminez en parlant de “refuge” qui ne serait pas pour les migrants. M’enfin, ça ne va plus du tout 🙂
Patrick Boulechitey, amusant commentaire toujours d’actualité…..rires
… et que dire des “marches blanches” organisées quand un Noir se fait bastonner??? …
n’est-il pas préférable de tirer avec des balles à blanc…
et pourtant les noirs vous les aimez . Vous passez votre temps à les défendre et à cracher sur les Blancs
Oui Patrick, mais la neige elle est blanche ! Et là, personne n’y peut rien.
Dieu serait-il un de ces affreux racistes blancs ?
Merci, une bonne épisode alpiniste. Le Mont Rosa et sa cabane, je m’en rapelle bien.
Pour suivre ce que dit Patrick Boulechitey, il paraitrait qu’une association antiraciste fait actuellement signer une pétition pour que le Mont Blanc soit débaptisé, car son nom serait un symbole choquant de suprématisme blanc et une humiliation insupportable pour tous ceux dont la peau n’est pas “White Perfect”, comme disait la boîte de maquillage récemment déprogrammée par l’Oréal.
Dommage qu’il y ait déja un pays en Europe qui s’appelle le Montenegro; avec un tel nom, les Savoyards auraient été tranquilles…. Et pour rester en altitude, il parait que des jeunes scientifiques de la Zone Libre de Seattle ( qui vient malheureusement d’etre réoccupée par les troupes d’assaut fascistes de la police de la ville) étaient sur le point de trouver une formule chimique révolutionnaire qui, aspergée par avion sur la neige, lui ferait perdre sa couleur blanche tant haïe, et la rendrait multicolore, pour la rendre acceptable par tout le monde.
Greta Thunderberg-Ndiaye, la porte-parole du collectif qui a révélé cette information, a déclaré à ce propos: ” Vous ne pouvez pas imaginez ce que nous, les racisés opprimés, ressentons chaque début d’hiver, quand les premières neiges commencent à tomber, et que cette neige si horriblement blanche recouvre tout. C’est comme si le ciel nous tombait sur la tête:!”
“Purifie-moi, Seigneur, je serai pur,
je serai plus blanc que neige!” (psaume 50)
Pour les férus d’alpinisme de haute montagne je suppose…..ce qui n’est pas mon cas …..rires
J’ai vu un reportage sur le refuge du Goûter, c’est une merveille !
Le travail de tout ceux qui ont participé est juste grandiose.
J’ai travaillé avec Charpente Concept sur des projets à Genève. Ils sont installés à la Frontière suisse (douane de Bardonnex), côté français, Ce sont des Français. Ils sont en effet très pointus et ont la reconnaissance qui va avec.
Cela me rappelle mes souvenirs de jeunesse. Je suis monté pour la première fois au refuge du Goûter, à la mi-septembre en 1978. Très mauvaise nuit dans l’ancien refuge bondé où nous étions serrés comme des sardines : deux couchettes pour trois personnes. Lever à 2h du matin, mauvais temps au Dôme du Gouter à 4315m, arrivée au refuge-bivouac Vallot à 4365m avec neige et vent, demi-tour dans la vallée avec les mains gelées malgré les moufles et les gants.
La voie normale du Mont Blanc est trop encombrée par des touristes n’ayant pas le niveau. En 1991, parvenu presque au sommet du Mont Blanc, un Autrichien non encordé à la descente est tombé sous mes yeux dans la face nord. Il s’était emmêlé les crampons avec les guêtres.
Il vaut mieux passer par la voie des premiers ascensionnistes par le refuge des Grands Mulets à 3051m. C’est une rude journée le lendemain avec 1800 mètres de dénivellation mais on a la paix car peu de gens empruntent cette longue voie qui est exposée aux chutes de sérac entre le petit et le grand plateau.
En juillet 1992, j’ai effectué la traversée des trois Mont Blanc: Tacul (4248 m), Maudit (4465m) et Blanc (4807m ) C’est un régal mais réservé aux bons alpinistes car il faut tenir une cadence soutenue pour effectuer la trilogie et la descente dans la vallée dans la même journée.
J’ai fait la course dite des trois Monts Blancs en 1995: depart de Chamonix le matin, premiere benne pour l’Aiguille du Midi et, de la, la course que vous indiquez; sous la direction d’un guide, nous sommes redescendus en fin
d’apres-midi a Chamonix par la voie des Grands Mulets. Extenuant, et je n’aurais pas tente ce chemin dans l’autre sens. La montagne partage avec la peche a la ligne que, des annees apres, il reste le plaisir de raconter ses exploits passes.