Publié par Magali Marc le 6 juillet 2020

Certains islamistes considèrent que l’oppression des Noirs et le conflit israélo-arabe sont indissociables. Certains en profitent même pour promouvoir une conspiration antisémite selon laquelle Israël serait responsable de la formation de la police raciste qui utilise la violence contre les Noirs américains.

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit l’article de Hesham Shebab et Benjamin Baird*, paru sur le site de Middle East Forum et celui de Jewish News Syndicate, le 2 juillet.

**********************

Des Islamistes s’approprient le mouvement Black Lives Matter, malgré leur passé de sectarisme anti-noir

Après l’assassinat de George Floyd, un résident de Minneapolis, plusieurs organisations musulmanes américaines radicales se sont jointes aux protestations nationales pour manifester leur solidarité avec les manifestations des droits civils des Noirs.

Cependant, la mort de M. Floyd a suscité des échanges difficiles sur les relations entre Noirs et musulmans et sur les préjugés raciaux implicites que l’on trouve dans certaines communautés arabes et sud-asiatiques.

Plutôt que de reconnaître ce fanatisme, les islamistes de Chicago – dont beaucoup ont un passé de discrimination contre les Noirs – ont minimisé et excusé ce comportement odieux tout en exploitant la mort de M. Floyd pour promouvoir leur propre programme anti-Israël.

Après que certains militants aient injustement reproché au propriétaire du dépanneur palestinien d’avoir appelé la police parce que M. Floyd a payé avec un faux billet de 20 dollars, les musulmans non noirs ont été contraints de s’attaquer à la discrimination anti-noirs qui persiste au sein de leurs communautés.

Ce comportement est sans aucun doute une importation culturelle du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, où les descendants d’esclaves continuent de subir un racisme systémique.

À Chicago, les mosquées sont principalement organisées selon des lignes ethnocentriques, et une querelle vieille de plusieurs décennies entre les propriétaires de magasins musulmans non noirs et leurs clients afro-américains a parfois donné lieu à des actes de violence.

En dépit de ces préjugés, les islamistes qui soutiennent les causes pro-palestiniennes ont utilisé le mouvement Black Lives Matter (BLM) afin de diaboliser Israël et promouvoir la résistance palestinienne.

Basée à Chicago, American Muslims for Palestine (AMP) est une organisation que l’Anti-Defamation League accuse d’être une plate-forme destinée à promouvoir l’antisémitisme.

Depuis la mort de George Floyd, l’AMP a publicisé les manifestations contre le racisme et a organisé une nouvelle série de webinaires mensuels intitulée « Parlons de BLM », qui offre une tribune aux Noirs américains d’accord avec la vision du monde anti-juive de l’AMP.

  • 1. Pourtant, le tout nouveau coordinateur du développement national de l’AMP, Mohammed Habehh, a, à plusieurs reprises fait référence aux Noirs en utilisant le mot arabe «Abeed» qui signifie «esclaves».
    « (Je suis) fier de ma famille et de mes amis dans tout le pays qui se battent pour les vies noires et demandent justice », a écrit Habehh le 6 juin dernier. Mais en 2014, il faisait des blagues racistes sur l’apparence physique des Somaliens. Plus tard, il a tweeté que sa mère penserait qu’il a le virus du Sida si jamais il sortait avec une «fille noire».
  • 2. Samer Alhato (alias Samer Owaida), membre de l’organisation anti-Israël, Students for Justice in Palestine (Étudiants pour la justice en Palestine), représente la prochaine génération de militants musulmans palestiniens à Chicago qui considèrent que l’oppression des Noirs et le conflit israélo-arabe sont indissociables.
    M. Alhato appelle à «abolir la police», tout en exhortant à «haïr la notion d’Israël» et à remettre en question son «droit d’exister». Le 5 juin dernier, M. Alhato, invité à prendre la parole lors d’une manifestation de BLM à Chicago, en a profité pour promouvoir la conspiration antisémite selon laquelle Israël serait responsable de la formation de la police raciste, exerçant de la violence contre les Noirs américains.
    Non seulement M. Alhato a coopté le mouvement de libération des Noirs pour cibler Israël, mais ses messages dans les médias sociaux regorgent d’exemples choquants de fanatisme anti-noirs, comme le fait de traiter les Afro-Américains de «singes» et de les accuser de manquer de « cellules cérébrales en état de fonctionnement ».
    «[Comment se fait-il] que les Noirs adorent élever le toit mais sont incapables d’élever leurs propres fils? » a-t-il demandé dans un tweet de 2014 documenté par Canary Mission, un organisme de surveillance de l’antisémitisme. « Une fois que vous devenez noir, vous ne trouvez jamais de travail » peut-on lire dans un autre tweet, datant de 2013.Si les militants pro-palestiniens se sont joints de mauvaise foi aux manifestations des noirs pour la justice, d’autres islamistes de Chicago ont plutôt minimisé et justifié la haine des Noirs.
  • 3. Jamal Said, imam de la Mosque Foundation à Bridgeview (Illinois), a abordé les tensions arabo-noires dans un message sur vidéo du 30 mai à la communauté palestino-américaine de Chicago. Il a conseillé aux téléspectateurs de « ne pas dire: je travaille avec al-Abeed », une insulte raciste couramment utilisée dans les communautés musulmanes. « Je sais que vous ne le pensez pas », a ajouté M. Said, excusant ce comportement et le qualifiant de «sale habitude».
    Néanmoins, l’actrice palestinienne noire Maryam Abu Khaled a récemment diffusé une vidéo insistant sur le fait qu’il n’y a rien d’«inoffensif» dans la discrimination envers les Noirs parmi les Arabes, même lorsque ces insultes raciales sont « bien intentionnées » et qu’ils « ne le pensent pas », comme l’a suggéré M. Said.

La discrimination intraconfessionnelle est également un problème au sein des communautés musulmanes, et puisque Chicago est une ville qui pratique la ségrégation, les mosquées locales sont divisées en fonction de la classe, de la race et de la langue. En fait, la Mosque Foundation où prêche M. Said, s’adresse à une congrégation majoritairement palestinienne. Ses religieux prêchent des sermons pro-palestiniens et pratiquent « une version stricte de l’Islam », d’après le Chicago Tribune.

Par conséquent, les résidents noirs de Chicago pourraient avoir été intimidés après que la Mosque Foundation ait mobilisé des véhicules de sécurité privés pour patrouiller dans les quartiers sud de Chicago et protéger les maisons, les mosquées et les entreprises palestiniennes des émeutiers.

« Ils sont prêts à nous tuer si nous décidons de piller [leur] magasin », a expliqué une femme noire en enregistrant ce qu’elle a déclaré être trois hommes musulmans armés qui surveillaient un magasin de téléphonie mobile dans le sud de Chicago, notant que l’un des hommes était en position sur le toit et armé d’un fusil d’assaut.

Les Américains d’origine arabe et sud-asiatique ont deux fois plus de chances que l’Américain moyen de détenir un diplôme universitaire, et ils sont historiquement propriétaires d’un grand nombre de stations d’essence, de magasins de proximité et de magasins d’alcool à Chicago.

« Il y a des histoires d’horreur sur la façon dont les membres de la communauté noire sont traités par nos propriétaires d’entreprises [arabes] et par les services de sécurité qu’ils engagent », a déclaré Hatem Abudayyeh, directeur exécutif de l’Arab American Action Network, basé à Chicago.

Apparemment inspiré par les manifestations concernant l’Affaire Floyd, le fondateur et président de l’AMP, Hatem Bazian, a abordé cette question dans un message Facebook diffusé en streaming le 29 mai.

M. Bazian a admis que les magasins d’alcool appartenant à des Arabes jouent un rôle destructeur dans les quartiers afro-américains, mais il a attribué les préjugés arabes à une « vision du monde eurocentrique et suprémaciste véhiculée par la race blanche ».

Pourtant, l’Arabie Saoudite – qui n’a jamais été colonisée par l’Occident et reste relativement libre de ses influences culturelles – a un horrible bilan en matière de discrimination envers ses citoyens noirs, qui, selon le Centre pour la démocratie et les droits de l’homme en Arabie Saoudite, sont « traités comme des esclaves par les membres de la famille royale et le reste de la société ».

Les islamistes se servent de la tragédie entourant l’Affaire Floyd pour faire avancer une vision du monde intersectionniste qui présente les États-Unis et Israël comme étant les ennemis communs de tous les peuples opprimés.
Ce faisant, les militants pro-palestiniens s’exonèrent de la haine anti-noir courante au sein de leurs propres communautés, tout en s’engageant du bout des lèvres pour la cause de la justice et de l’égalité raciale.

Ces motifs d’exploitation complètement transparente causent des torts au mouvement des droits civils des Noirs et nuisent à la réconciliation raciale.

* Hesham Shehab est associé au Counter-Islamist Grid de Chicago, un projet du Middle East Forum. Benjamin Baird est le directeur du Counter-Islamist Grid.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Source :

https://www.meforum.org/61181/islamists-appropriate-blm-despite-history-of-racism

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous