Publié par Alain Rubin le 11 juillet 2020

Ce matin, j’ai appris avec stupeur qu’un nouvel « antiracisme » établit une liste noire et que le roman et le film « autant en emporte le vent » y figurent.

Un film, montrant la société sudiste et la guerre de sécession, vue et vécue par des sudistes, devrait être censuré, interdit.

C’est une pure logique totalitaire. C’est une logique polpopiste.

Si les autorités de ce pays passaient sous ces fanatiques fourches caudines, la culture passée, le travail littéraire d’intellectuels de valeur -nobles et/ou bourgeois- devrait être traqué et effacé des mémoires.

Le passé culturel du pays devrait être déclarée coupable : pour certaines œuvres, on le déclarerait coupable de « racisme biologique» et, pour d’autres, coupable de « racisme de classe ».

Toutes ces œuvres seraient condamnées, toutes qualifiées de point de vue d’une classe exploiteuse et de cause d’inégalité. On se retrouverait plongés en pleine révolution culturelle maoïste ; sauf qu’au lieu d’être qualifiée de prolétarienne, cette « révolution » la relèverait de la censure et des autodafés racialistes noiristes…

Le « réalisme socialiste » et le jdanovisme seraient de retour

Le mur de Berlin serait tombé pour rien. Une nouvelle saison s’ouvrirait : ce serait un terrible hiver mental, une glaciation mentale propice à l’émergence d’une nouvelle Stasi bien plus féroce que l’originale, sous le prétexte totalitaire d’expurger la société de survivances intellectuelles facteurs d’inégalités raciales et sociales.

J’ai entendu, -ce matin, sur l’antenne de Pascal Braud- un « antiraciste » affirmer, sans rire, que, je le cite, « tous les problèmes actuels provenaient du film tiré du roman (de Margaret Mitchell) ».

Conclusion sinistre découlant de tout cela : pour combattre le racisme, rééduquons ! Rééduquons les blancs racistes indécrottables ! Faisons-leur ployer le genou ! Et pour ce noble but, aller : hardi petit, censurons ! censurons ! censurons ! interdisons, interdisons, interdisons. Au bûcher, le roman de Margaret Mitchell, pour commencer. Vive les autodafés « antiracistes » !

Rappelons que les commandos de tueurs des Vtchekas, qui entre 1918 et 1924 enverront à la mort, dans le goulag, deux millions d’ouvriers et de paysans, emprisonnaient, fusillaient, déportaient, organisaient un féroce travail forcé, au nom du « pouvoir ouvrier et paysan ». L’enfer est pavé de bonnes intentions.

En écoutant ce triste sire, je pensais à mon père et à sa famille, invités le 10 juillet 1935 à une cérémonie clôturant l’année scolaire 1934-1935, pour recevoir en récompense du travail fourni pendant sa première année de classe de fin d’étude, un imposant livre -Hector Servadac de Jules Verne- à la couverture et aux pages dorées à l’or fin.

Mon grand-père, Idel Lejbus Rubin, était un homme cultivé ; il possédait huit langues, hébreu, araméen, yiddish, polonais, russe, allemand, anglais ainsi que le français appris sur le tas à partir de 1931.

Ce livre, reçu par son fils, mon grand-père le lira ; il livre échappera au pillage de l’appartement familial, vidé de ses occupants à la suite de la grande rafle des 16 et 17 juillet 1942.

Je m’étends sur cet ouvrage de Jules Verne, et pourtant…et pourtant en effet.

Le Juif Isaac, un des personnages principaux de ce roman de science-fiction ou d’anticipation écrit par Jules Verne était, comme une sorte d’antithèse du héros, Hector Servadac. Le Juif Isaac -outre des traits physiques sémitiques caricaturaux montrés par les gravures accompagnant le texte de Verne- présentait tous les défauts moraux qu’on prêtait au Juif, au 19ème siècle.

Si l’on suit les censeurs « antiracistes » :

  • nous autres Juifs, ne devrions-nous pas nous dresser sur nos ergots et exiger la censure de qui nous déplait ou qui à dit du mal des Juifs?
  • mon grand-père n’aurait-il pas dû rapporter, indigné, le somptueux prix remis à son fils ; prix que je conserve pieusement, en dépit des stéréotypes physiques et moraux hostiles aux Juifs, tels  qu’illustrés dans le personnage du Juif Isaac? 

Mon grand-père et mon père ne le virent pas ainsi. Je pense qu’ils eurent raison.

Je refuse de dire, comme j’ai entendu ce matin sur l’antenne de Pascal Praud, que s’il y a des problèmes de survivances racistes, c’est de la faute d’un roman ou d’une statue.

Je considère que cet épurationnisme systémique ressuscite Jdanov et le KGB, légitime les talibans faisant exploser les Bouddhas géants de Bamyan, sous un autre nom, « antiracisme », remplaçant le slogan déprécié d’édification socialiste.

Je veux voir, moi, que même si mon père et mon grand-père avaient les oreilles qui leur sifflaient parfois, qu’ils pouvaient de temps à autres entendre des « youtre» ou des  « youpin », ou d’autres gentillesses du même acabit, ils eurent raison de ne pas jouer les censeurs de Jules Verne.

En France, il fallu le nazisme, il a fallu la débâcle morale de la défaite et de l’effondrement de l’Etat républicain, avec l’exode interne de millions de français sidérés, pour créer des conditions permettant les persécutions et la participation à la déportation. Et même sous le nazisme, quand mon père présenta un extrait de naissance, au nom de Gaston Guichard, (plus jeune que lui de plus de deux ans), fourni par la tante de son ami Jacques (Israël Borensztajn), une membre ou une proche du PCF : le commissariat marseillais prépara, sans sourciller, son dossier ; la préfecture de Marseille établit et lui remis une carte d’identité, avec sa photo, avec de vrais tampons, sous le nom d’une autre personne.

Quand fin janvier 1944 mon père vint prendre possession de sa pièce d’identité établit sous un faux nom, pas dupe, l’officier de police -un membre de la police de Vichy- lui posa une main sur une épaule et lui dit, sur un ton de connivence (selon ce que mon père rapporta à ma mère) : « bonne chance mon gars ».

Bonne chance mon gars.

Revenu à Paris, mon père fut dénoncé, mais pas par la police de Marseille. Il fut déporté le 15 mai 1944, pour ne pas revenir des pays baltes où les 878 jeunes hommes du convoi 73  furent expédiés (27 survivront).

76 années plus tard, je ne veux retenir que cela, que le « bonne chance mon gars ».

Si nous devions, si les autorités devaient céder à l’exigence néo-polpotiste prétendument antiraciste, nous deviendrions un peuple sans mémoire.

La démarche des anti-« autant en emporte le vent » est d’autant plus insupportable qu’elle est fondée sur une hypocrisie « systémique », comme ces là gens aiment à dire : parce que l’esclavage qui est la toile de fond du roman et du film a été aboli après que les blancs américains se soient férocement affrontés les armes à la mains, dans une guerre de quatre années qui dévora plus de jeunes hommes blancs américains que chacun des deux conflits mondiaux.

Pendant que de soit-disant antiracistes déboulonnent des statues, qu’ils exigent la censure et des autodafés, la traite négrière arabomusulmane, dont nos censeurs se gardent bien de parler, n’a pas cessé. Ce commerce de l’homme noir se poursuivait encore à grande échelle au Soudan central, les toutes premières années de ce siècle ; elle continue de faire des victimes noires africaines. Quant au trafic de milliers de Dinkas du Soudan central, il ne provoqua aucune émotion, aucune manifestation des black muslim vers ses responsables, les autorités de Khartoum.

Ce trafic négrier soudanais faisait suite à une traite négrière, commencée au 8ème siècle, qui détruisit l’empire Soninké du Wagadou

Rappelons à ceux qui ne savent pas ou ne veulent pas savoir que : la traite occidentale n’était pas fondée sur la razzia (le rezzou) mais sur l’achat, sur la transaction d’une future main d’œuvre servile. Si l’on devait, de bonne foi, revisiter le passé, il faudrait peut-être aussi déboulonner certaines icônes de la mémoire noire, héros qui furent aussi, bien souvent, des négriers (ainsi le djihadiste Samory, honoré pour avoir militairement et courageusement tenu tête à Faydherbe et aux troupes coloniales françaises).

Ces hommes et ces femmes, vendus aux capitaines des vaisseaux négriers, venaient d’où, qui étaient-ils ? La vérité est : qu’ils étaient devenus des captifs, en attente de transaction.

Je sais ce que répondront les nouveaux Jdanov prétendant censurer, effacer par  les interdictions, le passé du « blanc raciste » : sans l’achat d’esclaves, pas de razzias lancées par des noirs pour se procurer la future marchandise humaine dont la vente au blanc assurerait leur pouvoir.

Je ne répondrai qu’une chose à mes probables objecteurs : les Portugais ont commencé au 15ème siècle la traite négrière, pour peupler Sao-Tome de Igbos, (les Igbos sont un groupe d’hébreux de l’ancien royaume d’Israël mêlés aux autochtones).

Je rajouterai : que la traite négrière n’a pas commencé au 15ème siècle avec des Portugais et moins encore avec des Français.

La traite négrière commencera, à grande échelle, bien plus tôt, en même que les opérations de guerre djihadiques qui détruiront l’empire de Ghana. C’est d’ailleurs en réaction à cette guerre, venue de Damas, que des chasseurs traditionnels, piliers du futur empire mandingue, se constitueront en confrérie initiatique soudée par un serment fondé sur : refus de l’esclavage, accession des femmes aux responsabilités, recherche de la fraternité et des relations pacifiées entre les différents groupes humains.

La charte de Kouroukan fouga, adoptée au tout début du 13ème siècle, s’inspirera du serment de la confrérie des Chasseurs dont était issu Soundjata Keita, le fondateur de l’empire du Mandé (l’empire mandingue s’étendant sur le Mali, la Côte d’ivoire, le Burkina, la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie et une partie du Ghana).

  • Si les blancs devaient se livrer au théâtre grotesque qui leur est enjoint, pour « mettre fin au racisme anti-noir », n’y aurait-il rien à demander, du côté de ceux dont les ancêtres détruisirent l’empire de Ghana et gardent encore en semi-esclavage les Haratines de Mauritanie, plus de huit siècles après que le djihad almoravide les ait dépossédés de leur pays qui s’étendait de la Mauritanie jusqu’à l’actuel Darfour ?
  • N’y aurait-il rien à demander à ceux qui font trafic esclavagiste d’africains victimes des réseaux de trafiquants de l’aventurier Soros, le financeur d’organisations poussant aux manifestations incendiaires aux USA en ce moment ?
  • N’y aurait-il rien à demander aux censeurs et accusateurs des USA, pays dont le gouvernement vient de nommer Charles Brown au plus haut grade de l’US Air force, après avoir nommé, en 2019, une femme militaire noire au grade de général.
  • N’y aurait-il rien à demander ni rien à exiger des autorités indonésiennes, elles qui refusent radicalement, au nom de leur religion, le mode de vie des noirs Papous de l’ouest de Bornéo, les ayant tué par dizaines de mille quand ils voulurent rester eux-mêmes et conserver leurs croyances animistes et leur chamanisme; les spoliant de leurs forêts primaires pour les livrer au trafic des bois précieux et à la mise en culture de palmiers à huile ?

On crie, depuis ces tout derniers jours, haro sur le livre et sur le film autant en emporte le vent, on exige sa censure. Il serait le scandale des scandales ainsi qu’une cause de survivances mentales esclavagistes et racistes…

Mais un livre, un livre qui dit et répète, en se prétendant directe parole de Dieu : que  « l’homme vertueux est celui qui se contente des ses esclaves, de ses captives et de ses épouses », ne paraît guère interpeller, ni nos censeurs de Margaret Mitchell, ni nos pourvoyeurs de nouveaux bûchers et autodafés, ni les gens s’agenouillant et invitant à suivre leur exemple ; curieux, quand même, vous ne trouvez pas ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Alain Rubin pour Dreuz.info.

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