Publié par Gilles William Goldnadel le 13 juillet 2020

Les nominations de Gérald Darmanin et d’Éric Dupond-Moretti au gouvernement ont suscité l’émoi de certaines militantes féministes, mais leurs allégations tiennent davantage du lynchage que de la justice, affirme l’avocat et chroniqueur.

«Un violeur à l’Intérieur, un complice à la Justice». Ainsi scandaient samedi des centaines de néo-féministes dans les rues de Paris. Tout Français informé malgré lui aura compris que le violeur putatif s’appelait Darmanin et que son complice se nommait Dupond-Moretti.

J’écris ces lignes pour dire l’inanité de ces slogans en ma double qualité -ou défaut? – d’avocat et d’homme. Concernant notre nouveau ministre de l’Intérieur, une accusatrice lui reproche, en dépit de ses dénégations, d’avoir exigé des faveurs sexuelles pour intervenir en sa faveur alors qu’à l’époque, le nordiste n’était qu’un cadre politique pas encore élu.

La dame considère en conséquence que son consentement n’était pas libre et croit y voir un viol. Dans cette occurrence, l’avocat y verrait plutôt une manière de trafic d’influence, mais peu importe à ce stade rien moins qu’hypothétique.

M. Darmanin n’a fait l’objet d’aucune mise en examen.

En tout état de cause, M. Darmanin n’a fait l’objet d’aucune mise en examen dans laquelle un esprit rigoureux pourrait voir quelques présomptions exigées pour pareille décision judiciaire, justifiant la jurisprudence Balladur empêchant un ministre de poursuivre sa tâche.

Encore me faut-il ajouter que lorsque je cherche à trouver le sommeil le soir venu, je compte le nombre d’hommes mis en examen en pareille matière, et qui après avoir été médiatiquement salis à jamais se retrouvent blanchis pour toujours.

Pas plus tard que la semaine dernière, le grand musicien Ibrahim Maalouf était relaxé par la Cour d’Appel d’une méchante affaire concernant une mineure. Je gagerais que la veille de cette décision, ces dames patronnesses, ces ligueuses de vertu, auraient considéré que M. Maalouf eut été indigne d’être ministre de la Culture.

Encore qu’il me semble avoir remarqué que ce féminisme mâtiné fortement de gauchisme à la sauce de Haas était plus regardant envers le mâle blanc.

Il est des accusatrices inspirant davantage de crédit pour exposer un homme à la honte publique avant tout procès.

J’observe à ce sujet que ces dames s’affairent plus en spéculant sur la culpabilité des uns que pour cette pauvre Mila menacée de mort de manière certaine par d’autres mâles plus dangereux mais moins détestables.

Je me serais contenté de ces remarques judiciaires de bon sens qui fondent la présomption d’innocence d’évidence, si la lecture du Journal du Dimanche ne commandait pas l’écriture d’un paragraphe supplémentaire concernant l’accusatrice très particulière de M. Darmanin.

Un article du 3 février 2018 signé par Hervé Gattegno et intitulé «le trouble passé de celle qui accuse Darmanin» nous apprend que cette dame qui exerçait la profession de call-girl (plus réprouvée par les féministes que par l’auteur de ces lignes) a été condamnée en 2005 par la Cour d’Appel pour un méchant chantage à l’encontre d’un malheureux amant mis en coupe réglée avec le concours d’un tiers. On conviendra qu’il est des accusatrices inspirant davantage de crédit pour exposer un homme à la honte publique avant tout procès.

Concernant son complice présumé, fraîchement débarqué place Vendôme, il lui est principalement reproché de ne pas s’être prosterné devant l’autel MeToo et d’y avoir vu quelque dangereuse hystérie médiatique . Le simple fait d’user du mot hystérie en pareille matière me condamnant déjà à renoncer d’avance à tout maroquin.

Éric Dupond-Moretti s’est vu reprocher par quelques tricoteuses de s’être désolé que siffler une femme dans la rue était devenue une infraction pénale

Qu’importe, ce billet sera dédié à l’homme Éric Brion nominativement balancé comme premier porc, dans la version française du déferlement médiatique et qui aura vu sa vie civile et professionnelle brisée avant de confondre en justice sa délatrice.

Mon confrère Dupond-Moretti s’est vu également reprocher par quelques tricoteuses de s’être désolé que siffler une femme dans la rue était devenu une infraction pénale, ce qui est une observation davantage constitutive d’un lieu commun juridique que d’un soufflet à la face des sifflées. D’autant que l’on ne reproche finalement à cet homme à la libre parole qu’une poignée de mots libres.

Je conclurai donc cet article en tant qu’homme et citoyen: je refuse de me voir exposer ou de voir exposés mes frères d’infortune au chantage, à la vindicte ou à la folie d’une accusatrice dépourvue de preuves et avant tout jugement.

Et plus encore à l’exploitation éhontée d’une minorité de femmes, artistes, politiques, militantes, animées par des motifs divers et en rien incompatibles, qui vont de l’idéologie simpliste, à l’entreprise commerciale en passant par le goût de la publicité.

Je refuse tout autant de mesurer et de peser mes mots au trébuchet de la sottise qui guette et de la censure qui enquête.

C’est un avocat, mâle blanc de plus de cinquante ans, n’en tirant ni honte ni vanité, qui signe cette chronique, avec tendresse et respect pour le sexe féminin, trop souvent maltraité, trop sottement défendu.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié dans Figaro Vox.

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